Ils sont plusieurs centaines à dévaler toute l’année durant les pentes poudreuses de la planète en quête de précieux points sur le Freeride World Qualifier (FWQ). Cette compétition, qui regroupe une soixantaine d’événements aux quatre coins du globe, est l’antichambre du Freeride World Tour (FWT), circuit mondial et médiatisé du freeride.

En marge de la Verbier Freeride Week, six riders, aux objectifs divers et aux sensibilités différentes, nous content leur trajectoire, pas toujours rectiligne, sur ce circuit Qualifier des plus relevés, avec en point de mire: intégrer le World Tour. 

Troisième et dernier volet avec le Français Ludovic Guillot-Diat, qui a obtenu sa place sur le World Tour l’hiver dernier, et le Fribourgeois Thomas Schlichting qui a participé à son permier événement Qualifier à Verbier.


Ludovic Guillot-Diat (France, Villard-de-Lans)

Particularité: Il était le seul athlète du Freeride World Tour présent à la Verbier Freeride Week.

“Il y a autant de bons riders sur le Qualifier que sur le World Tour”

Ludovic Guillot-Dit (Verbier Freeride Week)

Hiver 2015, Ludovic Guillot-Diat étrenne sa planche pour la quatrième saison consécutive sur le Freeride World Tour. Malheureusement, son hiver s’arrêtera brusquement lors d’une chute aux Etats-Unis alors qu’il faisait partir du top 5 mondial. Résultat: un genou en vrac – il subira trois opérations en une année et demie – et un retour prématuré sur le World Qualifier.

Après une saison difficile pour se remettre de sa blessure, “Ludo” termine 2esur le Qualifier 2017, alors que seul le premier obtient sa place pour le World Tour. “Je me suis fait passé devant pour 100 points sur la dernière compétition”, se rappelle-il sans pour autant remettre en question ce système qui ne récompense que le meilleur. “C’est très élitiste et je l’accepte facilement car je me trouve dans ke haut du panier, parmi les potentiels qualifiables. Mais il est vrai qu’il doit être frustrant de tourner entre les places 5 et 10 sachant que seul le premier passe. Et c’est chaud car il y a autant de bons riders sur le Qualifier que sur le Tour.”

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Preuve en est du niveau sur le Qualifier, Ludovic Guillot-Diat estime que “de nombreux gars auraient le potentiel pour devenir champions du monde.”Il y a des runs qui sont plus spectaculaires que sur le World Tour et j’en veux pour preuve ce qu’il se fait chaque année à la Nendaz Freeride. Je suis totalement impressionné par le niveau sur ce circuit qualificatif et d’ailleurs ceux qui rejoignent le Tour ne sont jamais ridicules.”

Objectif: titre mondial

Ce fameux World Tour, objet de toutes les convoitises par les athlètes, le rider français le retrouve cette saison après avoir remporté le Qualifier l’année dernière. Un privilège obtenu après deux victoires et une 2eplace sur des compétitions 4*. Des performances qui donnent des ambitions au Tricolore. “Je ne vais pas me le cacher, mais je vise le titre mondial. Ce serait la cerise sur le gâteau et je veux faire les choses bien, sachant qu’il y a de grands noms. A 33 ans, avec déjà 16 années d’expérience dans le milieu du snowboard professionnel, Ludovic Guillot-Diat sait qu’il a sa chance. “Je n’ai rien à perdre. Avec la maturité que j’ai acquise en borsercross, puis en freeride, je peux sortir mon épingle du jeu.”

Pour mettre toutes les chances de son côté, il est venu se tester sur les compétitions de la Verbier Freeride Week, histoire de faire les derniers réglages avant les compétitions d’Hakuba la semaine prochaine. Il était d’ailleurs le seul rider du World Tour présent à Bruson le week-end dernier. “Si je n’étais pas venu là, je n’aurais pas été prêt. J’ai besoin de compétition pour mettre en place toutes les petites choses.”

Si Ludovic Guillot-Diat venait à échouer dans sa quête de titre et être rétrogradé à nouveau sur le Qualifier, il n’en ferait pas une fixation, lui qui se voit rider au moins jusqu’à ses 40 ans en compétition. “Le snowboard est l’une des parties les plus importantes de ma vie et j’adore cela. Physiquement, je suis prêt comme jamais et l’envie grandit chaque année. Je m’éclate et j’ai la chance de gagner ma vie. Pourvu que ça dure.


Thomas Schlichting (Suisse, Villars-sur-Glâne)

Particularité: Il a disputé ses premières épreuves sur le Qualifier lors de la Verbier Freeride Week.

“C’est génial d’avoir des courses encadrées même si nous ne sommes pas pros”

Thomas Schlichting. (Facebook)

Dimanche, sur les hauts de Bruson, Thomas Schlichting avait le cœur qui battait davantage avant de s’élancer dans la poudre bagnarde. Pour la première fois, le jeune Fribourgeois de 18 ans participait à une épreuve du Freeride World Qualifier. “C’était spécial cette première dans la cours des grands. C’est réellement un autre niveau, ça ride différemment. C’est vraiment cool”, sourit le snowboardeur de Villars-sur-Glâne qui n’est pas un novice dans la discipline. Pendant quatre années, il a étrenné sa planche sur les faces du Juniors Tour avec plusieurs podiums à la clé et une 7eplace au général l’hiver dernier.

C’est avec les yeux qui brillent que le jeune collégien découvre avec un plaisir non dissimulé le monde du freeride des adultes avec l’ambition de se faire plaisir sur ce circuit Qualifier. “Mon objectif est de voir du pays, découvrir de nouvelles stations, de nouvelles personnes, rencontrer des gens avec qui rider”, lance-t-il sans forcément lorgner sur une place pour le World Tour, celui qui attire toutes les convoitises. “On a toujours le droit de rêver, mais il faut rester réaliste, c’est très difficile de l’atteindre. Personnellement, je trouve génial de pouvoir profiter de compétitions encadrées alors que l’on n’est pas pros.”

Le stress pour se dépasser

C’est à Verbier que le Fribourgois se plaît à rider, d’ailleurs ses parents possèdent désormais un petit appartement au Châble, histoire d’éviter à leur fils des allers-retours  quotidien entre Villars-sur-Glâne et Bagnes pendant les vacances et les week-ends. Pour assouvir sa passion et financer sa saison, Thomas Schlichting fait des petits jobs durant tout l’été. “J’essaie de payer la plupart des choses. J’aime être autonome sans avoir à demander de l’argent.”

Encore au collège, le jeune rider participera aux compétitions qui seront dans le coin. Chamonix, l’Engadine et la Nendaz Freeride figurent dans son calendrier pour autant qu’il possède les points nécessaire et la possibilité de sécher les cours avec chaque fois le même but: “tracer la plus ligne possible”. “Au départ, il y a toujours ce petit stress. Non pas parce que l’on veut être meilleur que les autres, mais pour se dépasser soi-même, réussir ses propres objectifs. C’est ainsi que je perçois mon sport.”  

Johan Tachet, Verbier/Bruson

–> Retrouvez nos deux premiers volets avec
– L’Autrichien de Verbier Mathieu Gschwandtner et l’Ecossais Rob Kingsland
– Le Vaudois et le Genevois de Nendaz, Tibor Sesti et Anthony Camoglu