Janvier 2011, Marco Reymond se trouve dans la raquette d’arrivée d’Adelboden avec sa maman, l’ancienne championne Erika Hess, et applaudit la victoire d’Ivica Kostelic en slalom. Du haut de ses 16 ans, le Vaudois est impressionné par ces gladiateurs des pistes verglacées qui virevoltent entre les piquets de la piste Chuenisbärgli. “Je me disais qu’ils étaient sacrément solides ces gars”, sourit-il. Huit ans plus tard, le skieur chablaisien se présentera ce samedi pour la première fois dans le portillon de départ de la mythique course bernoise, là où tant de ses idoles se sont illustrées.

A quelques heures de faire face à l’immense tribune du stade d’arrivée, Marco Reymond profite du moment, lui qui a passablement galéré pour pouvoir enfin faire ses armes sur la Coupe du monde de ski alpin et vivre son rêve de skieur. “J’ai même pensé plusieurs fois arrêter le ski. Quand tu vois les sélections pour les cadres de Swiss Ski en fin de saison et que tu n’y es pas, tu te demandes si tu es fait pour ce sport”, explique le skieur de Blonay, qui a longtemps trimé sur le circuit FIS avec l’espoir d’atteindre le Cirque blanc.

Trop de pression et des douleurs au dos

Dans un premier temps, Marco Reymond supportait difficilement le lourd héritage de ses parents et surtout celui de sa maman Erika Hess, sextuple championne du monde, sur ses épaules. “Je me mettais beaucoup de pression. J’avais l’impression que je devais faire davantage que les autres skieurs pour me faire respecter. J’ai dû apprendre à relativiser. Skier comme je savais le faire, ne plus penser uniquement à la performance mais également à prendre du plaisir.”

Il connaît également de gros problèmes dorsaux qui freinent sa progression. L’opération d’une hernie discale à l’automne 2016 va lui permettre d’atténuer ces douleurs qui le perturbaient grandement. Progressivement, Marco Reymond retrouve ses sensations et fête des premiers résultats probants sur le front de la Coupe d’Europe l’hiver dernier. Malgré tout, au printemps, il hésite une nouvelle fois à ranger les skis avant un échange constructif avec son préparateur physique Patrick Flaction. “J’étais prêt à tout plaquer. Finalement, il a su trouver les bons mots et me faire comprendre que je pouvais aller plus haut.”

Patrice Morisod et papa Jacques pour progresser sur les skis

Pour mettre toutes les chances de son côté durant l’été, il met les bouchées doubles en salle de fitness et choisit également de s’entourer de Patrice Morisod en complément des entraînements de son papa Jacques. “Il était important pour moi d’avoir un regard externe sur les skis, même si les analyses de Patrice correspondent souvent avec celles de mon père. Mais il sait trouver les deux ou trois petits mots pour mettre dans le bon sens.”

Et Marco Reymond récolte les fruits de ses efforts dès les premières compétitions de l’hiver. Une 2eplace début décembre lors du géant de Coupe d’Europe de Funesdalen (SWE) lui ouvre les portes de la Coupe du monde à Alta Badia. Sa 56eplace est anecdotique pour un garçon qui s’offre un baptême sur le Cirque blanc près de 32 ans après la dernière apparition de sa maman.

Attaquer et ne pas tergiverser

A Adelboden, le Vaudois poursuivra son apprentissage du haut niveau. Ses objectifs? “Acquérir de l’expérience” et surtout “se faire plaisir” devant les 20’000 spectateurs attendus au pied du Chuenisbärgli. “Je ne veux pas réfléchir et tergiverser, mais attaquer.” Avec la perspective de se faire applaudir par ses parents, fiers de la trajectoire du rejeton, et d’Ivica Kostelic au fond de la piste.

Johan Tachet, Adelboden