A quelques heures de la première descente de la saison à Lake Louise, Corinne Suter s’impatiente de pousser le portillon de départ. La championne olympique de la spécialité entame ce nouvel hiver avec des ambitions légitimes après un très bon été. A 28 ans, et après avoir remporté l’or olympique et mondial, ainsi que deux Globes de cristal, le Schwytzoise entend bien étoffer son palmarès. Et elle a déjà prouvé lors des entraînements dans l’Alberta qu’il faudra compter sur elle dès les premières courses ce week-end.

Corinne Suter après plusieurs mois de préparation, enfin le début de la saison de vitesse. On imagine votre impatience.

Je suis contente que ça commence, l’été fut long et la préparation conséquente. Mais je me sens très bien et je suis très positive. J’ai eu passablement de temps pour me préparer, d’autant plus que j’ai effectué quelques changements avec un nouveau sponsor et surtout un nouveau serviceman. J’ai hâte de voir ce que cela donne sur la piste.

Effectivement, vous avez décidé de vous séparer de votre serviceman Andrej Perosvek, avec qui vous avez connu de nombreux succès, et travailler avec Stephan Berthold, qui a collaboré avec Aleksander Aamodt Kilde ou Dominique Gisin par le passé. Pourquoi ce choix?

Je voulais faire un pas de plus en avant, raison pour laquelle j’ai pris cette décision. Si on ne tente pas quelque chose, on ne sait pas si elle peut fonctionner ou non. Nous en sommes qu’au début de notre collaboration, nous apprenons à nous connaître, savoir comment l’autre fonctionne et à avoir confiance. L’été s’est très bien déroulé, et je pense que nous pourrons bien travailler ensemble. Mais il n’y a pas encore eu de course pour montrer que la travail a bien été effectué.

Vous avez gagné tous les titres possibles, hormis le grand Globe de cristal, qu’est-ce qui manque encore à votre palmarès?

C’est vrai que c’est fou de voir tout ce qu’il s’est passé ces quatre ou cinq dernières saisons. Tout est allé extrêmement vite. Mais j’en veux toujours plus. Et c’est passionnant de se maintenir à ce niveau, d’être toujours aussi compétitive lors de chaque course. Mais il ne faut pas oublier que le niveau est très élevé. Et si je veux espérer jouer un nouveau Globe, on ne peut pas non plus se laisser descendre et espérer un podium au petit bonheur la chance. Il faut prendre un minimum de risques, jouer avec la limite.

Et vous êtes la tenant du titre en descente aux Championnats du monde…

Je me réjouis déjà de Courchevel et Meribel, car ce sera l’événement phare de la saison avec une ambiance qui promet. Nous y étions déjà pour les finales la saison dernière, c’était super. Evidemment, ces Mondiaux sont déjà dans un coin de ma tête. Mais je veux déjà montrer ce que je vaux ici à Lake Louise afin d’être performante le moment venu en février.

Après vos titres aux Mondiaux et aux Jeux, votre vie a-t-elle fondamentalement changé?

Personnellement, je n’ai pas changé. Je pense simplement que remporter ces titres était pour moi un rêve d’enfant, mais je suis restée la même (rires). Peut-être que l’on m’interpelle davantage dans la rue. C’est tout simplement fou de voir combien de personnes aiment et suivent notre sport. C’est vraiment agréable.

En Suisse romande, on ne vous connaît trop peu. Qui est Corinne Suter lorsqu’elle ne chausse pas ses skis?

C’est vrai que je suis sur des skis la moitié de l’année, alors le reste du temps, j’essaie de trouver un équilibre. J’ai une vraie passion pour les sports équestres. Je passe beaucoup de temps avec les chevaux, j’aime les animaux. Je fais aussi pas mal de natation, d’athlétisme, j’aime le sport en général, et j’apprécie essayer et découvrir de nouvelles choses.

D’ailleurs, vous n’avez pas hésité à partir en séjour à Paris quelques jours avant que ne débute la saison.

C’était une décision spontanée lorsque les courses de Zermatt/Cervinia ont été annulées. Il y avait un petit créneau et avec mon copain, on s’est dit départ. Il y a trois ans, pour mon anniversaire, il m’avait offert un voyage à Paris que nous n’avions pas encore eu le temps d’effectuer. C’était la bonne occasion et cela m’a permis de m’aérer l’esprit.

Johan Tachet, Lake Louise