Pour une première expérience, elle est bien réussie. Après une 16e place en géant où elle se disait “sous pression”, Camille Rast a skié à son niveau pour prendre une magnifique 7e place lors du slalom olympique qui a sacré Petra Vlhova devant Katharina Liensberger et une Wendy Holdener qui ne s’attendait pas à monter sur le podium.

La Valaisanne a su faire fi de ce stress inhérent à son premier rendez-vous olympique afin de démontrer tout son potentiel sur la neige chinoise. Il y a une once de regrets lorsqu’elle songe qu’elle a réalisé le 3e chrono de la seconde manche à 31 centièmes de la championne olympique Petra Vlhova. Qu’importe, la skieuse de Vétroz s’est montrée à la hauteur de l’événement pour son baptême aux Jeux.

Camille Rast, à chaud comment analysez-vous ce slalom?

C’est beaucoup d’émotion. Déjà avec le résultat d’ensemble de l’équipe et la médaille de Wendy. De mon côté, je peux être fière de ma deuxième manche. Je suis vraiment contente d’avoir réussi à skier comme ça. Malheureusement, sur la première je perds un peu trop pour prétendre à plus, mais je pense que je peux vraiment tirer une conclusion positive.

Dans quel état d’esprit étiez-vous justement avant d’aborder ce slalom après le géant de lundi?

Il y avait un peu de déception après le géant mais après j’ai réussi à me reprendre. J’ai réalisé quelques belles manches d’entraînements ce matin avant la course. Mais ensuite, pour la première manche, j’étais un peu sceptique. Je ne savais pas si j’allais trouver les clés. Puis, je me sentais un peu fatiguée pour la deuxième, mais j’ai pu faire mon ski. Lors de la reconnaissance j’avais trouvé le parcours vraiment chouette. Mauro Pini (ndlr: l’entraîneur tessinois de Petra Vlhova qui a tracé la deuxième manche) nous a vraiment fait un beau truc, avec des changements de rythme, ce n’était pas régulier et ce sont des choses que j’adore.

Êtes-vous parvenue à skier sans pression par rapport au géant?

J’avais envie de me rattraper, de prendre du plaisir et ne pas gâcher une belle piste de slalom en me mettant trop de cette pression. Du coup, j’ai vraiment essayé de relâcher mon ski, essayé de relâcher la pression au départ. J’ai discuté avec les entraîneurs avec lesquels j’étais en haut, je me suis sentie bien comme rarement dans la saison et j’avais un bon feeling.

Vous n’avez pas été épargnée par les pépins physiques ces quatre dernières années. Pour le coup, que représente ce résultat?

Il montre que le travail paie. Parce que je ne serais pas là aujourd’hui sans avoir réalisé autant de sacrifices, sans toutes les personnes qui m’ont aidée à revenir, à me reconstruire. J’espère continuer à grandir et que plein de choses m’attendent devant moi, que cette expérience me donne beaucoup de motivation pour continuer dans cette voie.

Terminer ce slalom olympique sur une belle note vous permet également de relâcher toute la tension accumulée depuis le printemps dernier et même bien avant afin d’être compétitrice à ces Jeux?

Oui, car on parle beaucoup de la saison olympique. On s’y prépare depuis des années et pour moi une qualification était déjà un bel accomplissement. Et là, je rentre avec une 7e place, alors que je recherchais un top 10. Je l’ai obtenu et je peux mettre une gommette positive.

Que représente pour vous la médaille de bronze de Wendy Holdener?

Vous savez, on a passé beaucoup de temps en équipe l’année passée. Une médaille dans une petite équipe de quatre, qui concourt face aux meilleurs athlètes du monde, c’est quand même quelque chose. A l’arrivée, on l’a vue un peu déçue car elle ne pensait pas que cela suffirait. Je l’ai croisée juste après la course, les émotions étaient présentes, les larmes montaient et c’était vraiment beau. Ça fait plaisir de faire du sport pour ces émotions-là. Franchement, c’est vraiment mérité.

Serez-vous au départ du Team Event en clôture des Jeux?

C’est encore ouvert, avec le Covid on ne sait jamais. J’aimerais quand même rester jusqu’à la fin, profiter des belles pistes raides ici pour m’entraîner. Mais je vais prendre quelques jours de repos avant.

Johan Tachet, Yanqing