Wendy Holdener sèche ses larmes dans un éclat de joie. Lena Dürr, dernière skieuse à s’élancer sur l’Ice River de Yanqing, échoue à 8 centièmes de la Schwytzoise. La skieuse d’Unteriberg vient de décrocher le bronze du slalom olympique. « J’ai vécu un tourbillon d’émotions », glisse malicieusement dans un grand sourire celle qui orne son coup d’une quatrième médaille olympique. Quelques instants plus tôt, alors qu’elle se trouvait déjà sur le troisième spot et que quatre athlètes restaient à descente, toutes avec une marge confortable, elle n’osait croire à l’inimaginable. « J’étais sure que j’allais terminer 4e ou 5e, que je n’avais aucune chance de décrocher une médaille. J’étais très déçue en arrivant en bas de la piste, car je pensais avoir bien skié en deuxième manche mais je n’étais pas tout devant. »

La Suissesse vit alors un « rêve éveillé » et a confirmé son excellente forme. « J’ai réussi de très bons entraînements. Je me sentais vraiment bien sur les skis ces derniers temps. » Il faut dire que Wendy Holdener a spécialement préparé ce rendez-vous olympique, n’hésitant pas à faire l’impasse sur le géant de Kronplatz avant les Jeux pour débarquer sur la neige chinoise dans les meilleures dispositions possibles. « J’attendais vraiment ce slalom avec impatience. »

Une force de caractère face à l’adversité

Car la Schwytzoise n’a pas été épargnée non plus dans sa préparation de saison, étant notamment victime d’une double fracture des scaphoïdes début octobre à l’entraînement. Une mois et demi de pause avaient été nécessaires pour revenir juste à temps afin de disputer les premiers slaloms de la saison de Levi où elle était rapidement parvenue à se montrer performante, avant de monter sur le podium à Killington une semaine plus tard. « J’ai eu de la chance j’ai rapidement eu des résultats cette saison. Je suis toujours restée positive dans les épreuves traversées. »

Wendy Holdener a réalisé une belle deuxième manche pour remonter de la 6e place au podium. (Alexis Boichard/Zoom)

La Suissesse est une véritable force de caractère, une battante, qui ne se cache jamais face à l’adversité. « C’est une grosse bosseuse, mais rien n’a été facile pour Wendy ces derniers mois », rappelle Denis Wicki, l’un des entraîneurs de l’équipe de Suisse de slalom. « Elle attendait de gros résultats l’an dernier qui ne sont pas arrivés, elle attend toujours une victoire en slalom. Et lorsque cela ne joue pas, c’est pesant. »

Une femme des grand rendez-vous

Mais Wendy Holdener sait aussi se transcender lors des grand rendez-vous. Sa collection comprend désormais huit médailles olympiques ou mondiales. « Wendy a énormément confiance en elle, elle sait exactement ce qu’elle doit faire », admire Michelle Gisin, qui a terminé au 6e rang. Pour Denis Wicki, la skieuse d’Unteriberg « est toujours à l’attaque dans tout ce qu’elle entreprend. » Le coach valaisan poursuit: « Wendy répond toujours présente le jour-J et elle le fait à fond. On peut toujours compter sur elle, comme lors des parallèles. Elle a le tempérament et l’agressivité. »

Pour l’heureuse bronzée du jour, plus son armoire à trophées se remplit, plus il est facile d’aborder les grandes échéances. « J’ai déjà gagné pas mal de médailles en 2017 (Mondiaux Saint-Moritz), 2018 (JO de PyeongChang), 2019 (Mondiaux d’Åre), cela m’enlève de la pression. » Mais la championne se dit « orgueilleuse », car l’appétit vient en mangeant. « Une fois que tu as gagné des médailles et vécues toutes ces émotions, tu as envie de tout faire pour revivre cela. Franchement, c’est beau de ramener une nouvelle à la maison. »

Et la moisson de Wendy Holdener n’est peut-être pas terminée. Elle figurera la semaine prochaine parmi les favorites au titre olympique du combiné.

Johan Tachet, Yanqing