Sa prise de parole était très attendue ce lundi à Bormio. Beat Feuz s’est d’ailleurs excusé “d’avoir interrompu les vacances de Noël” de ceux qui l’écoutaient depuis l’Italie. Ce n’est pas tous les jours que l’un des plus grands descendeurs de l’histoire annonce sa retraite. Mais la décision de “Kugelblitz”, communiquée mercredi n’était qu’une demi-surprise.

S’il arrêtera après Kitzbühel, le champion olympique de descente doit encore être aligné à Bormio, à Wengen et en Autriche donc. Reste à savoir s’il aura la force de s’élancer sur la Stelvio mercredi, après avoir manqué le premier entraînement, par manque d’énergie justement: “Je ne me sentais pas suffisamment fort après la reconnaissance”. “La priorité va évidemment à Wengen et Kitzbühel, a-t-il prévenu, logiquement. Mais je veux surtout rester en bonne santé.”

Beat Feuz, pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite?

Il y a plusieurs raisons. La première, c’est que j’en ai assez. J’en ai assez du ski de compétition. Je n’ai plus envie de me battre pour chaque centième. En fait, c’était une décision facile à prendre. Mes priorités ont changé, j’ai une famille, je suis devenu père deux fois et j’adore ça. Je ne suis plus prêt à prendre autant de risques. Mon corps aussi, mon genou (ndlr: gauche) me fait souffrir comme tout le monde le sait. Et ça ne va pas en s’améliorant. Ces dernières années, j’ai dû investir beaucoup de temps et faire beaucoup d’efforts pour pouvoir me battre tout devant. Je ne suis plus prêt à le faire, à pousser autant mon corps qu’avant.

Pourquoi avoir choisi d’arrêter après les Classiques et pas après les Championnats du monde?

Je préfère arrêter après Kitzbühel car je ne pense pas forcément avoir la possibilité de gagner des médailles cette fois. Et je ne voulais pas forcément poursuivre au-delà. De toute façon, j’ai toujours adoré ces courses de Wengen et de Kitzbühel. Pour moi, elles ont toujours été sur un pied d’égalité avec les Jeux olympiques et les Championnats du monde. Et c’est cool de pouvoir en profiter une dernière fois.

Maintenant que la pression est loin, vous allez pouvoir skier libéré pour ces dernières courses?

Oui, bien sûr. J’espère pouvoir profiter au maximum en étant compétitif, je me réjouis. Je n’ai pas de pression, c’est sûr.

Cette décision a-t-elle eu le temps de mûrir dans votre tête?

Oui, évidemment, même sans le savoir. Là, j’ai l’occasion de dire au revoir, c’est une belle façon de terminer devant tout les fans, notamment en Suisse.

Quant avez-vous décidé d’arrêter?

J’y pense évidemment depuis plusieurs années. Mais ce n’était pas à l’ordre du jour après ma préparation. Cependant, après la reconnaissance de la première descente de la saison, à Lake Louise, j’ai pris mon téléphone pour appeler ma compagne Katrin (Triendl) et je lui ai dit: “j’arrête”. Elle était surprise mais m’a rapidement soutenu. C’est en revenant en Europe que j’ai réglé les détails.

Avez-vous perdu le plaisir à skier?

Non, j’en prends toujours. Mais il ne s’agit pas que de ça. Le ski de compétition nécessite beaucoup de sacrifices que je ne suis plus prêt à faire. Il faut du temps, se faire mal. Et tu n’as même pas la garantie de briller. Je n’étais plus prêt à investir 100% dans le sport et j’avais donc déjà perdu. J’aurais pu continuer à 90%, mais ce n’était pas une option pour moi.

Votre famille a joué un rôle important dans cette décision?

C’est clair! Ma famille est la priorité numéro un dans ma vie. J’ai de la chance de l’avoir autour de moi. Je veux passer plus de temps avec et je ne suis plus prêt à m’entraîner, à voyager autant.

Que pensez-vous faire dans le futur?

J’ai évidemment des idées, mais rien de concret pour le moment. Ce qui est sûr, c’est que je vais rester actif. J’ai des projets avec Ochsner Sport, je suis aussi impliqué dans le E-bike depuis l’année dernière. Il y a plein de choses passionnantes à suivre. Pour l’instant, je suis encore un skieur professionnel et ensuite, je vais avoir le privilège de prendre trois mois de vacances (sourire).

Avez-vous eu beaucoup de réactions à votre décision?

Oui, bien sûr. Beaucoup de gens, notamment des skieurs de partout dans le monde, m’ont écrit pour me féliciter de ma carrière. J’ai également vu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux. Ça m’a beaucoup touché de voir que j’ai laissé une trace dans le monde de la descente ces dernières années.

LMO