Cette fois, c’est (quasiment) bon. Arnaud Boisset tient sa place fixe en Coupe du monde pour la saison prochaine. Il faudrait un incroyable concours de circonstances pour que le Martignerain de 24 ans se fasse sortir du top 3 du classement de la Coupe d’Europe de super-G, alors qu’il ne reste que l’épreuve des finales à disputer.

À la faveur de sa 2e place mardi et surtout de sa première victoire mercredi lors des super-G de Garmisch-Partenkirchen, le Valaisan a pris le commandement du classement de la spécialité dans l’antichambre de la Coupe du monde. Lui qui n’a encore jamais été au départ d’une course parmi l’élite tient enfin sa chance. Interview sur le retour de la Bavière, où il a pu profiter de bonnes conditions de course malgré des manches assez courtes.

Arnaud Boisset, comment avez-vous vécu ces courses de Garmisch-Partenkirchen?

C’était magique! Hier (ndlr: mardi), ma manche n’était pas parfaite, mais je savais que tout était possible aujourd’hui. Car en même temps, j’étais conscient que les autres allaient aussi monter le curseur, surtout qu’il y avait du beau monde au départ. J’ai réussi à corriger les erreurs de la veille. Ça a suffi.

Comment avez-vous abordé ces épreuves bavaroises?

On a eu la chance de s’entraîner sur la piste de course la semaine passée et on avait ainsi un petit avantage. Mais il fallait saisir notre chance.

Grâce à ces deux courses, vous prenez la tête du classement de la Coupe d’Europe de super-G. Une excellente nouvelle!

C’est sûr! Même si je n’étais pas loin en terme de points, je n’étais “que” 8e avant les deux courses. Il y avait beaucoup de monde à doubler. Me retrouver leader à une course de la fin, c’est vraiment super. Pour moi, c’est vraiment important de finir dans les trois premiers afin de gagner cette place fixe pour la saison prochaine. Ce serait cool d’ailleurs cool d’avoir un autre Suisse avec moi sur le podium (ndlr: Gilles Roulin est actuellement 3e). Cela permettrait d’avoir un maximum de Suisses en Coupe du monde en 2023-2024, surtout que Josua Mettler est actuellement solide leader du classement général (ndlr: et aurait donc la possibilité d’avoir une place fixe dans toutes les disciplines. Jusqu’à 11 Suisses pourraient être alignés en super-G par exemple).

Aller en Coupe du monde, ça représente quoi?

C’est vraiment top d’assurer au minimum sept ou huit départs l’an prochain. C’est une vraie situation de confort. Après, il y a une certaine malédiction de la place fixe. Plusieurs Suisses se sont blessés ou n’ont pas su en profiter pendant l’hiver. Il faudra s’engager et ne pas se reposer sur ses lauriers, car les pistes de Coupe du monde ne sont pas les mêmes que celles de Coupe d’Europe.

Et vous devriez avoir la possibilité de prendre part aux entraînement de descente et ainsi avoir la chance de vous qualifier pour des courses dans la discipline la saison prochaine?

Oui, c’est une très bonne nouvelle.

Cette possibilité d’obtenir une place en Coupe du monde ne vous a pas mis trop de pression?

Aujourd’hui, ce n’était pas forcément évident. Tout le monde me l’a fréquemment rappelé. Mais j’ai réussi à faire le vide.

Cette place fixe, c’était un objectif?

Oui, en quelque sorte, mais je ne l’ai pas vraiment communiqué cette fois. Les deux ou trois dernières saisons, je m’en faisais un peu une fixette et je finissais par oublier un peu comment bien skier. Cet hiver, je mets le plaisir en premier et j’ai quelque peu renoncer à me concentrer sur les classements. Je n’ai pas très bien commencé mais ensuite, à partir de Wengen en janvier, j’ai pu enchaîner les bonnes performances.

Pourriez-vous faire vos débuts en Coupe du monde cet hiver encore?

Non, je n’entre pas en discussion pour Aspen (ndlr: Marco Odermatt, Niels Hintermann, Stefan Rogentin, Justin Murisier, Alexis Monney, Loïc Meillard, Gino Caviezel, Gilles Roulin, Marco Kohler et Franjo von Allmen devraient être du voyage).

À Garmisch-Partenkirchen, d’autres Romands vous ont emboîté le pas.

Complètement! Et c’est génial de voir que les Romands ont aussi bien fonctionné. On se retrouve à cinq (ndlr: avec Christophe Torrent, Gaël Zulauf, Denis Corthay et Rémi Cuche) dans le top 10 mardi et dans le top 12 mercredi. Ça doit être du jamais vu!

Le top 5 de mercredi. (DR)

Il existe une vraie émulation entre vous?

C’est certain. En plus, Yannick (Chabloz), Alexis (Monney) et Justin (Murisier) brillent également en vitesse. Ça fait quand même du monde! Il y a deux saisons, tout le monde demandait où étaient les Romands et là, on peut montrer qu’ont est bien présents. Ça aide aussi à la bonne ambiance, j’avais peut-être sous-estimé ce point-là. Nous avons quand même une mentalité différente des Alémaniques. Et on a la chance d’être une bonne équipe, qui s’entend très bien aussi en dehors du ski. Nos parcours sont différents mais là, on se retrouve tous un petit peu, ça fait plaisir.

Quel va être votre programme pour la fin de la saison?

Les descentes de Coupe d’Europe de Saalbach ont été annulées pour des raison assez obscures. Je me retrouve donc en quelque sorte au chômage technique. Mais je vais aller m’entraîner et participer à des géants FIS aux Diablerets, pour renforcer la base technique. Je vais également être ouvreur pour les courses de Coupe du monde féminine de Crans-Montana. Il y aura encore les Championnats de Suisse juniors à Verbier, avant les finales de Coupe d’Europe à Narvik (NOR) puis les Championnats de Suisse élites à Verbier également.

Laurent Morel