Sur l’une des estrades qui surplombe l’aire d’arrivée de la descente de Courchevel, résonnent les chants à la gloire d’Alexis Monney. Au moment où l’enfant du pays dévale la piste de l’Éclipse, le fan’s club du skieur de Châtel-Saint-Denis donne de la voix. Ils sont 80 supporters à avoir entrepris les quatre heures de route qui séparent la Veveyse et la station de Savoie. Ce n’est pas tous les jours qu’un talentueux skieur fribourgeois participe à des Championnats du monde. “On avait pris le parti de venir quoiqu’il arrive”, confie Pascal Genoud, le président du fan’s club qu’il a créé en septembre 2020, quelques mois après le titre de champion du monde juniors de descente d’Alexis Monney. “Après sa qualification pour la descente vendredi, on a mis un mot pour dire ‘démerdez-vous pour venir’. Et ça a pris”, rigole-t-il.

“Je ne sais pas comment c’est possible de réunir autant de monde”, sourit le papa Louis, évidemment présent sur place. “C’est une chose d’encourager Alexis devant la télé, mais voir autant de gens ici, c’est fantastique.” Ils étaient déjà une centaine de supporters à Wengen. Et avec les performances du prodige, l’engouement grandit. Désormais, le fan’s club regroupe quelque 350 membres. “Au départ, nous étions uniquement une équipe de voisins”, reprend Pascal Genoud. “Maintenant, mon téléphone n’arrête pas de sonner depuis qu’Alexis a été sélectionné vendredi. J’ai même dû l’éteindre, c’est véridique!” D’ici la fin de saison, le groupement devrait dénombrer plus de 500 adhérents.

La fierté des parents

Pour la joyeuse équipe de fans, la 18e place de leur protégé lors de la descente mondiale est finalement anecdotique. “On avait déjà tout gagné avec la qualification”, poursuit Pascal Genoud. Alexis Monney est un réel motif de fierté, plus particulièrement pour sa maman Isabelle. “C’est magnifique de le voir aux Mondiaux, je ne m’attendais pas du tout à cela. Il franchit les étapes les unes après les autres.”

Car oui, le talentueux skieur châtelois est appelé à devenir l’une des stars du ski suisse. À 23 ans, il est le plus jeune skieur appartenant au top 30 mondial en descente. “En début de saison, si on nous avait dit qu’Alexis serait entré une fois dans les 10 en Coupe du monde, on aurait signé tout de suite. Et là, on le retrouve aux Championnats du monde. C’est fabuleux”, savoure le paternel Louis, ancien entraîneur de l’équipe de Suisse de vitesse, devenu ensuite responsable du service course chez Stöckli depuis plus de 20 ans désormais.

Le champ de tous les possibles

Sous la houlette de son papa, qui coachait notamment Didier Cuche au début des années 2000, Alexis Monney était presque destiné à devenir skieur. “Avec mon soeur Marie, on a tout de suite été mis au parfum, car mon père entraînait également au ski-club. Même si je n’avais pas l’âge, je participais quand même aux entraînements. C’est ainsi que j’ai réellement accroché”, nous racontait Alexis Monney en début de saison à Lake Louise.

Jamais ses parents ne l’ont forcé à chausser les lattes, au contraire. “S’il avait voulu faire de la pétanque, on l’aurait aussi soutenu”, plaisante Louis qui se plaît à suivre l’évolution du fiston qui dévale déjà les plus belles pistes de la Coupe du monde tel un routinier. “Alexis est très posé. Il s’est fait mal une fois et il ne prend donc pas des risques inconsidérés. Et là, il est sur la pente montante, tout est possible.”

L’humilité et la bienveillance du jeune champion

Et la progression fulgurante du prodige fribourgeois n’est de loin pas terminée. “Ça monte, et vite”, sourit Pascal Genoud. “Alexis n’a pas de limite, il peut faire de toutes grandes choses.” Sans se prendre la tête, car Alexis Monney partage non seulement les mêmes skis avec Marco Odermatt, mais également l’humilité. Après sa descente, il est venu remercier toutes les personnes venues en nombre l’encourager pour son baptême mondial. “Dès qu’il le peut, quand il est à la maison, Alexis vient nous trouver. Et les gens sont heureux de le voir. Il est très actif au sein du fan’s club.”

Une grande fête est déjà prévue à la fin de saison pour l’enfant prodige de la région, où résonneront toujours plus forts les chants en son honneur.

Johan Tachet/LMO, Courchevel