Le dimanche 12 février restera évidemment dans les annales du ski suisse. Après Walter Prager, David Zogg, Rudolf Rominger dans les années 30 et plus récemment Bernhard Russi, Pirmin Zurbriggen, Peter Müller, Franz Heinzer, Urs Lehmann, Bruno Kernen, Patrick Küng et Beat Feuz, Marco Odermatt est devenu le 12e champion du monde suisse de descente. Une performance de choix réalisée à Courchevel, au terme d’une manche quasiment parfaite, digne des plus belles démonstrations de l’histoire.
Le meilleur skieur du monde aujourd’hui, avant peut-être de devenir un jour le meilleur skieur de tous les temps, avait minutieusement préparé son coup. Après un super-G décevant terminé à la 4e place, il a su réagir, et travailler encore plus fort pour remporter sa première descente au plus haut niveau. « J’ai étudié le parcours encore un petit peu plus afin de corriger certaines trajectoires, de m’améliorer sur certains passages », glissait-il d’ailleurs dans la foulée de son exploit. Un exploit qu’il a également construit en effectuant une reconnaissance parfaite aux côtés de Justin Murisier. Quasiment novice en vitesse, le Valaisan est lui aussi voué à jouer les premiers rôles dans la discipline reine tout prochainement.
Le respect des descendeurs
Après avoir exulté comme jamais en franchissant la ligne d’arrivée dimanche sous le soleil savoyard, Marco Odermatt est allé s’installer sur le « hot seat » réservé au leader. Il n’allait plus le quitter et savait déjà qu’il avait réalisé un numéro, même s’il n’osait pas encore y croire. Mais oui, « Odi » est bien champion du monde de descente. Avant la cérémonie de remise des peluches Toya dans la raquette d’arrivée de l’Éclipse, il a satisfait à quelques obligations médiatiques, devant les télévisions et les radios notamment. Il a également eu l’occasion d’enlacer ses parents Priska et Walti, très fiers de leur descendance. Et dans un tourbillon d’émotions, il a pu commencer à réaliser la portée de sa performance.
Place ensuite à la conférence de presse. Et alors que depuis le début des Championnats du monde en France, les athlètes défilent les uns après les autres, cette fois, les trois médaillés étaient présents ensemble sur l’estrade de l’immense salle qui jouxte le tremplin olympique de Courchevel. De quoi prouver que ces descendeurs-là éprouvent un respect mutuel immense les uns pour les autres. En témoigne d’ailleurs le signe de félicitations adressé au nouveau champion par le grand favori Aleksander Aamodt Kilde dans l’aire d’arrivée.
La Folie Douce, passage obligé
Marco Odermatt a donc répondu sans broncher aux questions des centaines de journalistes présents à Courchevel, en anglais, en Suisse allemand, en français et en allemand. Le tout en restant simple, comme il l’a toujours été. Sans oublier de remercier certains membres de son entourage, qui l’ont soutenu à l’image de Marc Berthod, consultant pour SRF. Le skieur de Hergiswil n’a ensuite pas traîné afin de célébrer comme il se devait son titre. Comme Swiss-Ski en a pris l’habitude aux finales l’an dernier, le premier point de ralliement pour fêter les exploits helvétiques est la Folie Douce. Un célèbre bar d’après-ski sur les pistes de Méribel, qu’un collègue tessinois qualifiait il y a quelques jours de « décadent ». Danseuses en petite tenue malgré le froid, DJs hauts de gamme, VIPs triés sur le volet, bouteilles de champagne dévalant le bar dans une mini-télécabine et feux d’artifice en plein jour participent à l’ambiance de ce lieu hors du commun.
Comme plusieurs autres Suisses avant lui, Marco Odermatt a donc profité de la générosité due à un tel champion. Il était alors temps de redescendre au pied du Roc de Fer de Méribel afin de recevoir sa médaille. Un moment chargé d’émotions, notamment lors de la diffusion de l’hymne national suisse. « Odi » n’a pas réussi à retenir ses larmes, tant sa victoire était belle. Le Nidwaldien, très applaudi sur la scène, s’est ensuite offert un petit bain de foule, avant de rejoindre les studios de télévision d’ORF, SRF et RTS, passage obligé pour les médaillés, où il a même pu déjà goûter à une raclette.
À la Maison Suisse avec Justin Murisier
Il était alors temps de se détendre, à la Maison Suisse, où l’attendait déjà Justin Murisier, toujours en combinaison de ski. Le site, situé dans un restaurant privatisé tout proche du lieu de remise des médailles, est bien gardé par Swiss-Ski, qui l’a mis en place en collaboration avec Valais/Wallis Promotion et Crans-Montana. Marco Odermatt s’est empressé d’y présenté aux invités sa médaille d’or, la première mondiale chez les « grands ». Des embrassades avec sa famille, avec ses proches et notamment Andrea Ellenberger, sa « grande soeur » de Hergiswil ou encore Aline Danioth sont venues ponctuer le moment.
De longues discussions avec les anciennes championnes Tina Weirather et Nadja Jnglin-Kamer ont ensuite égayé la soirée du héros du jour, sans oublier un discours de Walter Reusser, chef alpin de Swiss-Ski, qui a pris le relais d’Urs Lehmann, présent la veille pour les médaillées de la descente féminine. « Odi » a évidemment reçu son package de produits valaisans, vin et raclette compris au son des fidèles accordéonistes nidwaldiens, eux aussi stars de la Maison Suisse.
Selon nos informations, Marco Odermatt avait prévu de ne pas rester plus de cinq minutes à la Maison Suisse. La suite ne dit pas à quelle heure il est rentré. Il semblerait tout de même que Justin Murisier lui soit resté fidèle jusqu’au bout. De là à dire que vos serviteurs ont pu vérifier sur place…
Laurent Morel/JT, Méribel