Depuis l’annonce de sa nomination en tant que directeur général des Championnats du monde de Crans-Montana 2027, Didier Défago a reçu de nombreuses félicitations. C’est également le cas d’Urs Lehmann, qui semble enfin avoir trouvé la bonne personne à placer à la tête du projet, après les déboires de la nomination de Caroline Kuyper, qui avait démissionné après quelques semaines seulement. Les deux hommes se sont exprimés une première fois vendredi, avant que Didier Défago prenne le chemin de la Norvège et des finales de Coupe d’Europe de Narvik, où il a dessiné la piste, et qu’Urs Lehmann se rende pour sa part en Andorre, pour y suivre les finales de la Coupe du monde. Mais avant cela, ils font le point sur les Mondiaux qui auront lieu dans moins de quatre ans sur le Haut-Plateau.

La nomination

“Nous avions déjà des contacts depuis le début de l’année, rappelle Didier Défago. Dans un premier temps, il s’agissait d’un rôle de directeur sportif aux côtés de celle qui m’a précédé. On a aussi parlé d’un rôle pour la piste.” Le champion olympique de descente en 2010 s’était montré intéressé par le projet. “Lorsqu’on a un événement pareil en Valais, c’est évident, souligne-t-il. C’est planétaire, mondial!” Urs Lehmann se réjouit d’avoir pu convaincre le Valaisan, même si sa décision a été légèrement trop lente à son goût: “Mais c’est la bonne personne, le trouver c’est un peu comme trouver la femme de ses rêves. Le plus important, c’est de parler la langue du sport, des athlètes, Didier a ce profil à 100%.” D’ailleurs le président du comité d’organisation a concédé que c’est certainement un aspect qui avait été “sous-estimé”.

La décision

Didier Défago va endosser passablement de responsabilités. “On m’a demandé si j’étais prêt à en faire plus qu’imaginé dans un premier temps, raconte le Morginois. J’ai dû régler quelques questions, mais c’était constructif. Et pour moi, c’était important de peser le pour et le contre. Aujourd’hui, je suis fier d’accepter ce poste avec d’excellents partenaires. C’est quelque chose d’extraordinaire de pouvoir fédérer autour de ce projet, autour du ski.”

Le rôle

En devenant directeur général (CEO) de Crans-Montana 2027, Didier Défago aura un rôle central sur la route de 2027. “C’est certain que directeur, ça englobe le tout, décrit-il. Je me sens très à l’aise avec la partie sportive, j’ai des compétences. Mais il n’y pas que ça, il faudra monter une équipe. J’aurai besoin d’aide.” L’ancien skieur au 402 départs en Coupe du monde est conscient de ses limites et il compte s’entourer judicieusement. “Certaines personnes sont déjà en place, avec des compétences extraordinaires, rappelle-t-il, en évoquant notamment Daniel Bollinger, qui a assuré le rôle ad interim et qui devrait être chargé de passablement de tâches administratives. Sur certains points, je pars un petit peu dans l’inconnue, sur d’autre en connaissance de cause. Et j’ai un certain réseau autour de moi. Au cours des prochains mois, l’organigramme doit se mettre en place.” Urs Lehmann abonde: “Didier sait fait beaucoup de choses mais il aura besoin de s’entourer. Avec Swiss-Ski, on peut aussi le soutenir dans certains domaines. Après, il est très important d’avoir des personnes locales dans le système”.

Le calendrier

À moins de quatre ans de l’événement, l’heure est aux grosses manoeuvres, afin de ne pas prendre de retard dans les préparatifs. “On n’est pas en avance, le temps est compté, confirme Didier Défago. Désormais, on doit aller de l’avant. Il y a énormément de pain sur la planche mais j’aime ça. Il sera toutefois important de bien se structurer au début, de partir sur des bonnes bases.” Le Valaisan ne s’est pas encore plongé dans le dossier sensible du stade d’arrivée, qui doit prochainement être mis à l’enquête publique. Urs Lehmann est plus impliqué. “On n’est pas en retard mais on ne doit pas traîner non plus, martèle l’ancien champion du monde de descente. C’est important de conserver ce qu’on a promis à la FIS dans le dossier de candidature. On doit rester ferme.”

La Coupe du monde

En obtenant les Championnats du monde, l’idée est également de pérenniser la tenue des courses de Coupe du monde à Crans-Montana. “Il y aura un après Mondiaux”, insiste Didier Défago, voué à succéder à Marius Robyr, comme l’explique Urs Lehmann. “On a un accord disant qu’au plus tard dans deux ans, le comité d’organisation des Championnats du monde doit reprendre l’organisation des courses de Coupe du monde.” Le président de Swiss-Ski détaille: “On a un plan de transition. L’année prochaine, c’est encore l’équipe actuelle qui gérera. Didier sera là comme observateur. En revanche, en 2025, la responsabilité reviendra à Didier et au comité des Mondiaux. Ensuite, après 2027, on verra qui est encore là-dedans”. Pour l’Argovien, pas question de casser tout ce qui a été effectué jusqu’à présent sur le Haut-Plateau. “L’héritage est un point majeur, souligne-t-il. Ce qu’ont créé Marius Robyr et Hugo Steinegger, c’est magnifique! S’ils n’avaient pas été là, on ne serait pas ici en ce moment, il faut le rappeler.” Et le quinquagénaire de se réjouir. “On a tout le soutien de Marius, il est à 100% derrière nous!”

Les choix

S’il entrera en fonction pour les Championnats du monde le 1er mai, Didier Défago s’active déjà afin d’être prêt au plus vite. “J’aime les défis et le timing et donc idéal. On m’a rappelé que ce genre de train ne passe qu’une seule fois, c’est un événement unique.” En rejoignant Crans-Montana 2027, le Valaisan va devoir arrêter certaines de ses activités. Il devrait ainsi mettre un terme à sa collaboration avec Rossignol, pour qui il gérait notamment le développement avec des athlètes en Coupe d’Europe. “Par ailleurs, j’ai plusieurs contrats qui arrivent à échéance”, rappelle l’ancien athlète, désormais âgé de 45 ans. Hyperactif, “Def” conserve pour l’heure deux mandats en dehors de celui de directeur général à Crans-Montana, à savoir celui de la construction de pistes, dont celle de Zermatt/Cervinia, qui doit accueillir la Coupe du monde pour la première fois cet automne, et celui de président des remontées mécaniques valaisannes. “Pour l’instant, j’ai le soutien des deux côtés, rassure-t-il. Je vais conserver ce rôle en tout cas jusqu’à l’assemblée générale qui aura lieu en septembre. Normalement, le mandat court jusqu’en 2024 donc pour le moment, je reste sur cette idée.”

Les pistes

De par son métier de constructeur de pistes, Didier Défago aura probablement à coeur d’effectuer des ajustements sur la Mont Lachaux et la Nationale, d’ici à 2027. “C’est quelque chose à étudier”, confirme-t-il, sans s’être pour l’instant pleinement plongé dans le projet. On a déjà planifié une inspection de Hannes Trinkl, directeur des courses de vitesse masculines, afin de voir quels seraient les modifications à effectuer sur les deux pistes.” Pour la piste féminine du Mont Lachaux, il devrait s’agir de minces ajustements. Pour la Nationale, qui n’a plus accueilli de courses de Coupe du monde depuis 2014, c’est plus ouvert.

La situation

Malgré certaines rumeurs à Crans-Montana, la situation semble apaisée entre les différents partenaires amenés à avoir un rôle à jouer dans l’organisation des Championnats du monde. “J’ai senti la volonté de tous de tirer à la même corde”, s’est réjoui Didier Défago. “Il n’y a aucun autre endroit en Valais à ma connaissance capable d’organiser autant de gros événements que Crans-Montana tels que le tournoi de golf ou les courses de ski, insiste Urs Lehmann. Cela prouve qu’il est possible d’y faire de grandes choses et que les parties parviennent à s’entendre.” Enfin, Didier Défago n’a pas voulu trop s’étendre sur la vente potentielle des remontées mécaniques: “C’est quelque chose qui ne nous concerne pas directement mais qu’on doit suivre de près”.

Laurent Morel, Martigny