Ce vendredi, sous la neige de Saalbach, tous les projecteurs seront braqués sur Marco Odermatt et Loïc Meillard, tant les deux hommes ont dominé le géant ces derniers mois. Thomas Tumler aussi a vécu son heure de gloire en s’imposant à Beaver Creek en début de saison. Quatrième Suisse au départ (le cinquième Justin Murisier a préféré renoncer en raison de douleurs à un genou), Luca Aerni espère pourtant bien tirer lui aussi son épingle du jeu.
Alors que cela faisait plusieurs années qu’il tentait de percer dans la discipline, une fantastique remontée jusqu’à la 4e place à Val d’Isère lui a ouvert le champ des possibles. Depuis, le skieur de Crans-Montana enchaîne les performances de choix et, s’il n’est pas encore parmi les tous meilleurs du monde, fait partie de la caste des outsiders pour les Championnats du monde. « C’est une nouvelle aventure, je ne connais pas la piste », rappelle celui qui n’avait pas participé aux finales dans la discipline il y a un an. « Je vois plutôt cela comme un avantage, je ne vais pas trop me poser de questions. »
Du super-G pour aller vite sur le plat
Après sa médaille d’argent remportée lors de l’épreuve par équipes, Luca Aerni a profité de quelques jours aux calmes à Hinterreit pour s’entraîner avec l’équipe de slalom. « Ça m’a fait du bien de pouvoir profiter de ces moments. J’ai d’ailleurs pu faire deux journées de slalom et deux journées de géants. C’est important de varier les plaisirs pour prendre un petit peu dans chaque discipline. » Avant les Mondiaux, le skieur d’origine bernoise s’est même testé en super-G, et il devrait officier dans la spécialité en tant qu’ouvreur pour l’épreuve de Coupe du monde de Crans-Montana la semaine prochaine. Car c’est aussi sur la glisse qu’il peut encore progresser.
« J’aimerais bien que la piste soit un petit peu plus raide ici », rappelle-t-il en évoquant la Schneekristall. « Là, je me dis des fois qu’il faut trop pousser. Mais j’ai beaucoup travaillé là-dessus, à prendre de la vitesse. C’est important d’avoir la patience de rester sur le ski sans remonter la pente. » Suffisant pour réaliser un nouvel exploit pour celui qui était devenu champion du monde de combiné à la surprise générale en 2017? « J’espère, mais plein d’athlètes skient très fort en ce moment. Moi, je veux simplement garder la fraîcheur et skier relâcher, attaquer intelligemment. »
Le grand jour est donc arrivé pour celui qui ne disputera pas le slalom dominical, en raison de ses résultats moyens cette saison. L’ultime place au sein de l’équipe de Suisse lui a été « piquée » par son grand pote Marc Rochat. « Je l’accepte complètement et je le vois aussi comme quelque chose de positif car je peux entièrement me concentrer sur le géant. Et au moins, on est les deux ici et on ne se piquera pas les médailles… »
Laurent Morel, Saalbach-Hinterglemm