Quelle plus belle sortie que de terminer sa carrière avec une médaille autour du cou? Pour son ultime course, Aksel Lund Svindal s’est paré d’argent lors de la descente des Championnats du monde de Are derrière son compatriote Kjetil Jansrud. Une ultime récompense méritée pour un immense champion dont la collection recense 13 médailles mondiales et olympiques. 

Aksel Lund Svindal, comment avez-vous vécu cette dernière journée en compétition?

J’ai attendu ce jour avec impatience depuis deux semaines. Pour tout vous dire, j’étais assez nerveux. Je voulais absolument que la course parte. Les reports n’ont pas aidé, je devais rester concentré. Normalement, je suis plus relaxe, car je me disais que si je passais à côté de ma course, j’aurais une nouvelle possibilité lors de la prochaine. Mais là, c’était la dernière. J’ai brûlé beaucoup d’énergie pour rester dans ma bulle.

Avez-vous profité lors de votre descente?

Non, j’étais complètement dans ma course. Comme c’était la dernière, je voulais tout donner. Du haut en bas, je n’ai pas relâché la pression. Après, j’arrive avec deux centièmes de retard, j’étais 2et j’ai enfin pu profiter avec ce magnifique public. J’ai pu baisser la pression car les deux derniers jours n’étaient pas évidents.

Vous voilà un heureux retraité.

Quand je repense que j’ai fait ma première Coupe du monde en 2001… J’ai passé dix-huit années sur le circuit. Mes premiers Mondiaux, c’était il y a seize ans. J’ai fait un long voyage, mais un beau voyage. Je suis vraiment content, fier et reconnaissant de ce que j’ai accompli.

Cette médaille ne vous motive-t-elle tout de même pas à continuer encore un petit moment?

Avec tous les facteurs, mes problèmes de genou, je suis certain d’avoir fait le bon choix en décidant de prendre ma retraite. Même demain matin lorsque je me réveillerai, je ne changerai pas d’avis. Chaque chose en son temps, maintenant je vais  profiter du ski en tant que spectateur.

Votre frère a lâché une petite larme dans l’aire d’arrivée. Et vous?

Vous savez, je montre peu mes émotions. C’est quelque chose que j’ai appris ici-même lors des Mondiaux en 2007. En tant qu’athlète, être trop émotionnel coûte beaucoup d’énergie. Si tu te trouves sur des montagnes russes, tu ne peux pas être performant. J’ai ainsi toujours essayé de trouver un bon équilibre. Après une mauvaise course, les gens qui m’entourent sont le plus souvent davantage frustrés que moi. Et quand je gagne, je me dis que c’est bien, mais qu’il faut rester concentrer car une nouvelle course arrive. Pour être performant sur la longueur, tu ne peux pas être une “Drama Queen” (rires).

Tous les athlètes ont salué votre carrière mais aussi votre personnalité forte sympatique.

Quand quelqu’un prend sa retraite, on ne dit jamais des choses méchantes sur lui (rires). Non, mais j’ai essayé d’être une bonne personne, un bon athlète. Après dans le sport, il est facile de rester soi-même, d’être juste. J’ai toujours fait en sorte d’être un bon gagnant, mais également un bon perdant.

Johan Tachet, Are