L’émotion était au rendez-vous ce vendredi au bas de l’imposant halfpipe de Zhangjiakou, où se disputait l’une des épreuves les plus attendues des Jeux olympiques. Et si la compétition a été marquée par les exploits d’Ayumu Hirano, Scotty James et autre Jan Scherrer, les adieux de Shaun White ont également attiré une horde de journaliste et de suiveurs sur le site chinois. Car ce n’est pas tous les jours qu’une telle légende se retire. Superstar mondiale ayant dépassé les frontières des sports d’hiver et même du sport tout court depuis bien longtemps, l’Américain ne sera plus jamais au départ d’une compétition.

C’est avec de nombreuses larmes, versées quasiment au passage devant chaque journaliste présent, que Shaun White a effectué sa tournée d’adieu au bas du pipe de Secret Garden. “J’ai gagné trois médailles d’or en cinq participations aux Jeux olympiques, ce n’est pas rien, voulait retenir celui qui était surnommé la “Tomate volante”. J’en voulais plus aujourd’hui, c’est clair. J’aurais espéré pouvoir passer devant Jan (Scherrer), je me disais que je devais le faire, me pousser encore une fois pour monter sur le podium. Mais c’est ainsi, j’ai fait de mon mieux. Je suis fier de ce que j’ai réussi à poser.”

“Je veux partager mon expérience”

A 35 ans, l’homme aux 15 médailles d’or aux X Games en a profité pour revenir sur le long voyage qu’a été son incroyable carrière. “Je me rappelle quand j’ai demandé mon premier snowboard à ma maman, raconte-t-il. Je suis rentré de l’école et il n’était pas là. Ça a duré quatre jours. Et un jour enfin, il était là, à côté de moi. Dès lors, je me suis senti en mission. J’avais quelque chose à prouver, car mon sport était incompris. Je voulais toujours prouver davantage et je suis très fier d’avoir réussi à le faire, à contribuer à l’histoire de ma discipline. J’aime tellement ce sport!”

Désormais à la tête de sa marque de snowboard, Shaun White espère pouvoir continuer à faire progresser la brillante jeune génération: “Je vais sponsoriser des gars pour les aider, pour les aider à progresser dans leur carrière. Je veux partager mon expérience, ce que j’ai appris. Je serais honoré d’avoir des coups de téléphone de tous ceux que je peux aider car j’espère conserver une part de ce sport qui m’a tant donné.”

“Laax, un des plus beaux moments de ma vie”

Avant cette épreuve olympique, l’Américain avait également participé à une ultime compétition en Europe, à Laax. “Le Laax Open cette année, c’était l’un des meilleurs moments de ma vie. C’était trop beau d’être avec tous ces compétiteurs et de ressentir la joie de gagner (ndlr: il a terminé 3e) et de rider comme j’ai pu le faire.” Mais la légende, en couple avec l’actrice Nina Dobrev, va aussi pouvoir profiter d’une pression moindre. “Aujourd’hui, je me sens libéré, oui. Ce sport m’a tant donné, mais il m’a aussi tellement demandé d’efforts et de sacrifices que ce n’est pas simple.”

Et alors qu’il était souvent considéré comme arrogant et inaccessible au début de sa carrière, Shaun White s’est adouci avec le temps, au point de devenir proche des autres riders. Il a ainsi été l’un des premiers à passer du temps avec David Hablützel lorsque celui-ci s’est gravement blessé et n’hésite pas aujourd’hui à échanger avec ses pairs d’égal à égal, sans prise de tête.

Revenir en Suisse pour passer du temps avec Pat Burgener

Ces dernières années, Shaun White a aussi passé passablement de temps en Suisse, notamment à Saas-Fee, lieu d’entraînement privilégié durant l’automne pour le gotha mondial, en raison de la qualité des infrastructures. “C’est vrai que je suis souvent venu et c’est un pays que j’apprécie, a confié à SkiActu le Californien dans la foulée de son podium réussi à Laax il y a quelques semaines. Désormais, j’espère avoir le temps d’y revenir en été! Mais je vais être à la retraite, donc c’est sûr, je vais revenir!”

Shaun White et Pat Burgener s’apprécient beaucoup (Maeva Pellet/SkiActu)

S’il s’est fait “piquer” la médaille de bronze par Jan Scherrer pour son dernier rendez-vous, Shaun White entretient des liens étroits avec un autre Suisse, le Vaudois Pat Burgener: “Il est génial! C’est un collègue musicien et snowboardeur. On a beaucoup de choses en commun. J’aime la manière dont il gère son compte Instagram. Il vit sa meilleure vie et il en profite vraiment. On a cette connexion.” D’ailleurs, il compte bien le revoir à son prochain passage en Suisse. “On va passer du temps ensemble, j’espère qu’on pourra faire de la musique et simplement profiter de bon moments”.

Laurent Morel/JT, de retour de Laax/Zhangjiakou