Sept médailles, c’est l’excellent bilan comptable de la délégation alpine helvétique aux derniers Championnats du monde à Saint-Moritz et aux Jeux olympiques de PyeongChang. A Are, où débuteront mardi les Mondiaux 2019, la récolte n’est pas certaine d’être aussi fructueuse que lors de deux derniers hivers. Toutefois, les athlètes suisses débarquent en Suède avec de réelles ambitions et peuvent légitimement espérer revenir de Scandinavie avec au moins cinq breloques, ce qui constituerait déjà une belle moisson.
Les favoris
Champions du monde en titre, Beat Feuz et Wendy Holdener arrivent à Are avec l’étiquette de favoris aux médailles. Si le Bernois, titré en descente il y a deux ans, et la Schwytzoise, couronnée en combiné alpin et argenté en slalom, ne devait pas rentrer au pays avec l’un des trois métaux, ces Championnats du monde seraient très certainement considérés comme un échec.
Beat Feuz tout d’abord. « Kugelblitz » se présente en Suède avec une grosse confiance après être monté sur cinq podiums en six descentes cette saison avec une victoire à Beaver Creek. Solide leader de la discipline, il sait également parfaitement gérer l’attente des grands rendez-vous comme en témoignent son titre mondial à Saint-Moritz et ses deux médailles olympiques à PyeongChang.
Wendy Holdener ensuite. La Schwytzoise possède deux grandes chances de grimper sur le podium mondial. Avec Mikaela Shiffrin, elle fait office d’épouvantail pour le titre du combiné, en l’absence de la championne olympique Michelle Gisin, blessée. Si l’Américaine, sauf accident, semble intouchable en slalom, la Suissesse peut viser l’une des deux médailles encore en jeu dans les virages courts où ses principale rivales seront la Slovaque Petra Vlhova et les Suédoises Frida Hansdotter et Anna Swen-Larsson.
Les outsiders
Comme à PyeongChang, on attend beaucoup de la délégation romande dans les épreuves techniques masculines. Daniel Yule, Loïc Meillard et Ramon Zenhäusern recensent cinq podiums cet hiver. A l’image du slalom olympique, c’est peut-être Ramon Zenhäusern qui possède le plus de chance d’accrocher la boîte sur une piste peu pentue qui sied aux qualités du longiligne skieur haut-valaisan. Pour autant que le revêtement ne ressemble pas à une patinoire, Daniel Yule aura également sa carte à jouer, alors que Loïc Meillard sera davantage attendu en géant, une disciplines où il dénombre trois top 5 cet hiver.
Mauro Caviezel sera un réel outsider aux médailles dans trois disciplines. Véritable révélation du début de saison, le Grison de 30 ans, longtemps freiné par les blessures, affiche trois podiums au compteur cet hiver. Peut-être moins à l’aise en descente ces dernières semaines, c’est en super-G et en combiné, discipline dans laquelle il avait été bronzé à Saint-Moritz, que ses chances sont les plus importantes.
La vitesse féminine pourrait également nous réserver de belles satisfactions. Lara Gut-Behrami part en quête d’une médaille d’or qui se refuse toujours à elle dans un événement majeur. Elle aura sa carte à jouer lors du super-G d’ouverture des Mondiaux mardi. Et si la chance tournait enfin pour Jasmine Flury et Corinne Suter? Abonnées aux places d’honneur – 6 top 6 cet hiver dont trois 4es places – les deux Suissesses possèdent les atouts pour bousculer la hiérarchie établie.
Les surprises
Qui dit Championnats du monde, dit surprises. Lors de chaque édition, des skieurs que l’on n’attendait pas forcément tout devant se révèlent aux yeux du grand public. Cette année pourrait ainsi être celle de Marco Odermatt. Le prodige du ski suisse de 23 ans, quintuple champion du monde juniors l’hiver dernier, ne demande qu’à éclore chez les grands. En progression constante, il pourrait créer la sensation tant en super-G qu’en géant où il s’est déjà classé dans le top 10 cet hiver.
Et si Luca Aerni nous faisait à nouveau le coup de Saint-Moritz où il est devenu champion du monde du combiné au nez et à la barbe de Marcel Hirscher? Cela ressemblera toutefois à une mission très délicate pour le skieur de Crans-Montana qui ne s’est pas classé dans le moindre top 15 cet hiver. Mais avec son talent et pour autant qu’il parvienne à prendre la mesure de skis dont il peine à trouver les bons réglage, le Valaisan peut skier devant en combiné.
Ils seront là pour apprendre
Ils sont jeunes et talentueux, l’avenir leur appartient. Aline Danioth, Andrea Ellenberger, Elena Stoffel, Tanguy Nef, Niels Hintermann et Sandro Simonet vivront leur baptême dans un rendez-vous mondial. En Suède, ils profiteront avant tout d’emmagasiner un maximum d’expérience avec la perspective de briller dans les prochaines années.
Johan Tachet, Are