“Ce résultat est totalement inattendu!” Camille Rast est la première surprise d’avoir pris la 4e place du slalom de Kranjska Gora. Non pas au regard de son début de saison, mais par rapport à son voyage en Slovénie qui a débuté mercredi dernier à… l’hôpital. En chargeant son matériel dans le bus de l’équipe en Valais, la Vétrozaine a vu le coffre se refermer sur sa tête. Résultat: trois points de suture et de bonnes douleurs à la tête qui l’ont fait craindre de ne pas pouvoir skier ce week-end. “Je ne voulais pas partir négative, mais mon premier objectif était de mettre le casque.”

Sa blessure et ses douleurs l’ont contraint à renoncer à tout entraînement les deux premiers jours. “J’étais très fatiguée, j’ai beaucoup dormi.” Lors du géant samedi, la pression du casque l’a empêché de skier à 100%. “J’ai dû m’adapter, notamment pour l’échauffement. Je ne pouvais pas faire de petits sauts car cela me faisait vite mal au crâne. A la base, mon but ce week-end était ainsi de sauver les meubles”, rigole la Valaisanne, jointe par téléphone.

Deux ans après

Mais dans des conditions extrêmement difficiles ce dimanche, Camille Rast s’est plu à danser entre les piquets, même si elle a commis l’une ou l’autre erreur qui ont coûté cher au final. “C’était mouillé, il y avait des trous partout, on ne voyait pas grand-chose. Ce sont des conditions que j’apprécie.” Onzième sur le premier tracé, elle est remontée jusqu’au 4e rang final. Mais après avoir franchi la ligne, elle ne pensait pas terminer si proche du podium, filant directement au “Team Hospitality”, là où se retrouvent les athlètes lorsqu’ils ne sont pas sur la piste. “Je voulais me changer et, avec le bruit, j’avais un peu mal à la tête. Et petit à petit, je me suis dit que j’allais peut-être devoir revenir en voyant les filles me passer derrière.” Jérôme Krieg, le responsable presse et coordinateur de l’équipe de Suisse, l’a alors enjoint à retourner dans la raquette d’arrivée.

La Valaisanne manquera finalement un premier podium en Coupe du monde pour trois dixièmes, vis-à-vis de l’étonnante Américaine AJ Hurt. “Avec le recul, je me dis qu’il y avait du temps à gommer à gauche et à droite. Mais au final, je suis vraiment satisfaite de cette performance.” Patience est mère de vertu. Camille Rast applique la formule à la lettre au moment de savourer sa 4e place du jour. Après plusieurs mois lors desquels elle a rencontré des difficultés, notamment avec son ancien matériel, la skieuse de Vétroz a retrouvé le haut de l’affiche en égalant son meilleur résultat en carrière, deux ans après Schladming.

De la patience pour trouver la régularité

Entre temps, la talentueuse skieuse a pris les chemins de traverse. Elle avait quitté sa marque de toujours Head pour s’engager chez Salomon. L’idylle, qui n’en était pas vraiment une, n’aura duré qu’une saison avant que Camille Rast ne retourne avec son premier amour. Mais malgré ce retour aux sources, il a fallu à la Vétrozaine à réapprendre à apprivoiser son ancien matériel. Ses trois top 20 lors des slaloms de Levi et Killington l’avaient confirmée dans son (bon) choix. “Je ne suis pas encore au même niveau qu’il y a deux ans”, assure-t-elle. “Il me manque de la régularité, de la confiance pour empiler plusieurs bonnes manches comme celles d’aujourd’hui. Mais ça commence à être vraiment bien.”

Camille Rast peut envisager sereinement les prochaines semaines. En slalom du moins, car en géant il y a encore du travail, comme en témoignent ses résultats en dents de scie dans la discipline. “Je suis encore trop irrégulière, pas dans le rythme. C’est toujours une question d’adaptation par rapport au matériel. On ne retrouve pas tout d’un claquement de doigts.Il faut de la patience.”

Toujours est-il que c’est avec une confiance à la hausse que la Valaisanne va aborder le slalom nocturne de Flachau dans huit jours. “Ça fait du bien, car je ne dois plus regarder forcément mes dossards. Je serai plus libre avec ces quelques points de côté.” Et sur la tête aussi. Mais ceux-ci seront enlevés après le slalom autrichien. Camille Rast a la tête dure et elle est de retour devant.

Johan Tachet