Ça vole haut chez les Autrichiens en saut à ski, mais pas tant en ski alpin. Même sans avoir encore eu de course, on s’inquiète déjà de l’état des descendeurs. Aussi dans cette édition de Servus Österreich: le jetlag des snowboardeurs, l’anniversaire d’une légende et un ambassadeur de marque pour les Championnats du monde 2025.
Les spécialistes de vitesse n’ont pas encore disputé de course cette saison, mais il n’empêche que la prestation des Autrichiens laisse sérieusement à désirer. C’est en tout cas l’avis de Hans Knauss, ancien champion et un des commentateurs favoris à l’ORF.
“Je n’arrive pas à comprendre. C’est la pire qualification qu’on ait jamais faite ici”, a confié le médaillé d’argent des Jeux de Nagano au quotidien Heute après les deux entraînements de Beaver Creek. Alors que 12 Autrichiens ont pris le départ sur la Birds of Prey, seuls deux ont terminé parmi les 20 plus rapides lors du premier entraînement: Daniel Hemetsberger (14e) et Marco Schwarz (18e). Les mêmes deux skieurs se sont glissés dans le top 10 le lendemain, en compagnie de Daniel Danklmaier. Les autres ont atterri en dehors des 30 meilleurs, tandis que Vincent Kriechmayr, double champion du monde et seul skieur autre qu’Aleksander Aamodt Kilde à gagner des descentes l’hiver dernier, a fini à presque 10 secondes du premier après une lourde erreur. La veille, il avait fini 29e.
“On est beaucoup trop loin dans les résultats. De mon temps, on n’a jamais vu ça”, a critiqué Hans Knauss. “Doit-on donner le départ à des skieurs quand on voit qu’il n’accompliront rien? Pourquoi ne pas donner une chance à des plus jeunes?”
Rien de neuf
Les performances décevantes des Autrichiens ont déjà commencé à inquiéter la saison dernière. De nombreux anciens champions, dont Hans Knauss, ont critiqué le manque de gagne dans l’équipe actuelle, en rappelant qu’à leur époque, même des champions comme Hermann Maier, Stefan Eberharter ou Benjamin Raich devaient se battre pour garder leur place.
“Il y en a qui connaissent cette piste comme leur poche et on aurait dit qu’ils faisaient du tourisme lors de l’entraînement. Ce n’est pas suffisant”, a encore noté Hans Knaus depuis le Colorado. À espérer que ces mots encourageront les Autrichiens à mettre un peu plus les gaz.
La force de Kraft
Stefan Kraft vole plus haut que jamais. Ça peut paraître étrange quand on parle d’un triple champion du monde et vainqueur de la Tournée des Quatre Tremplins qui a deux fois remporté le Globe du général. Mais avec quatre victoires de suite en ce début de saison, le sauteur de 30 ans semble imbattable. Dans chaque épreuve, il a terminé avec une longueur d’avance sur ses concurrents. À Ruka (FIN), il a établi un nouveau record en obtenant 363.5 points, tout en remportant son 100e podium. Il en est maintenant à 102. Seul le Finlandais Janne Ahonen (108) a fait mieux chez les messieurs.
Malgré ses exploits, le Salzbourgeois est toujours resté dans l’ombre des stars, telles que Gregor Schlierenzauer ou Thomas Morgenstern à l’époque dorée des “Adlers” autrichiens. Il est toutefois le seul à avoir réussi un podium en Coupe du monde 12 hivers de suite. “Actuellement, je n’ai pas trop besoin de réfléchir pour sauter”, a-t-il avoué au Kurier. “Tout fonctionne, c’est incroyable”.
Sa forme actuelle bluffe même ses entraîneurs. Exceptionnellement, Stefan Kraft a pourtant pris six semaines de vacances cet été pour faire le tour du monde: Bali, Australie, Hawaii et Paris entre autres. Un voyage de noces pour le sauteur qui s’est marié l’an dernier. Voilà peut-être la recette de son succès: Stefan Kraft s’est accordé un break et a pleinement repris des forces. Comment dit-on “force” en allemand? Justement: Kraft.
En vrac…
- Big Air/Bad Air. Il n’y a pas que le ski alpin qui pose un problème pour le climat: la double championne olympique Anna Gasser a aussi critiqué le calendrier du snowboard en ce début de saison. Les athlètes ont dû faire le voyage de Suisse en Chine puis au Canada en l’espace de trois semaines. Et ce n’était que pour le Big Air. En halfpipe et en slopestyle, les snowboardeurs feront des aller-retours entre l’Europe et l’Amérique du Nord après Noël. Si on ajoute les X-Games à Aspen, un athlète couvrira 45,000 kilomètres cet hiver, a estimé la Kronen Zeitung. “On en parle sans cesse pour le ski alpin, mais nous devons aussi couvrir de grandes distances beaucoup trop souvent. C’est loin d’être idéal”, a noté Anna Gasser. Non seulement pour le climat, mais aussi pour la récupération et la santé des athlètes, selon elle. Le voyage en Chine aura tout de même porté ses fruits vu qu’elle y a touché une nouvelle victoire sur le tremplin de Shougang.
- Happy birthday! Franz Klammer, le “Kaiser”, a fêté ses 70 ans dimanche. L’occasion pour l’Autriche toute entière de lui souhaiter un joyeux anniversaire, avec multitude d’interviews, de documentaires et d’émissions spéciales. Le champion olympique de 1976 reste l’un des skieurs autrichiens les plus connus au monde. Depuis presque 40 ans, il détient aussi le record de victoires en descente chez les messieurs (25) et le record de 5 globes dans la discipline. Pour fêter l’occasion, une course de “légendes du ski” sera organisée jeudi à Bad Kleinkirchheim. Des anciens champions tels que Annemarie Moser-Pröll, Bernhard Russi, Gustav Thöni, Fritz Strobl, Stephan Eberharter et Matthias Mayer sont attendus.
- Monsieur L’Ambassadeur. Matthias Mayer se rajoute encore des tâches. En plus d’être conseiller de l’équipe autrichienne masculine de vitesse, l’ancien champion a été recruté comme ambassadeur pour les Championnats du monde de ski alpin à Saalbach en 2025. Pour celui qui a réalisé le doublé descente-super-G dans la station autrichienne en 2015, promouvoir l’évènement ne devrait pas poser trop de problèmes.
- Comeback à Lillehammer. Mario Seidl revient à la compétition à petits pas. Le spécialiste de combiné nordique avait annoncé en avril qu’il ferait une pause pour des raisons de santé. L’Autrichien de 30 ans, multiple médaillé de bronze en équipe, souffre d’hypogammaglobulinémie, un déficit immunitaire, et avait dû renoncer à disputer les Championnats du monde à Planica (SLO). Il s’est depuis entraîné indépendamment du reste de l’équipe mais se lancera de nouveau en compétition ce weekend lors de l’étape de Coupe continentale à Lillehammer (NOR), selon le Salzburger Nachrichten.
Sim Sim Wissgott, Vienne