Tout ça pour ça. La FIS, qui entretenait le suspense depuis de longs mois, n’entame en fait pas vraiment sa révolution. Les calendriers de la Coupe du monde de ski alpin pour la saison prochaine, ou du moins leurs brouillons, ne réservent pas de réelle surprise, si ce n’est celle de ne justement pas en avoir. C’est du mois ce que démontrent les documents qui circulent depuis quelques heures, voire quelques jours, dans le milieu.

Nos prévisions n’étaient pas parfaites mais permettaient de se faire une première vraie idée de ce à quoi va ressembler l’hiver prochain pour le Cirque blanc. Aucune véritable extravagance ne noircit les brouillons de ces calendriers, qui doivent être validés vendredi par les comités techniques de la FIS sont réunis cette semaine à Dubrovnik (CRO). Le Conseil aura le dernier mot fin mai.

Désormais, les différentes équipes vont pouvoir commencer à organiser leur préparation et le déroulement de leur prochaine saison en connaissance de cause. Comme prévu et malgré ce qu’avait annoncé le président de la FIS Johan Eliasch il y a plusieurs mois, il n’y aura pas de FIS Games réunissant toutes les disciplines de l’instance, en 2024. Les géants d’ouverture de Sölden auront eux lieu comme prévu une semaine plus tard qu’habituellement.

Quasiment comme prévu pour les dames

C’est ensuite que les premières surprises apparaissent, même si le calendrier féminin est conforme aux attentes, avec un enchaînement Levi-Zermatt/Cervinia-Killington-Tremblant. La station québécoise accueillera la Coupe du monde pour la première fois depuis 1983. Après les deux géants disputés outre-Atlantique, les skieuses devront se dépêcher de revenir en Europe puisque Saint-Moritz organisera deux super-G et une descente, ce qui veut dire un premier entraînement dès mercredi 6 décembre. Val d’Isère, Courchevel pour une seule course, en nocturne, et Lienz sont ensuite logiquement au programme.

En janvier, on relèvera l’absence de Zagreb. Les tant décriés slaloms croates semblent avoir vécu… Maribor est également évincée au profit de Kransjka Gora, comme attendu. Les étapes de Zauchensee et de Flachau sont en revanche bien maintenues, tandis que Jasna fait son retour au calendrier. Un bloc italien est ensuite prévu, avant un arrêt à Garmisch-Partenkirchen pour de la vitesse, en espérant que les conditions soient suffisamment bonnes en Bavière. La saison devrait s’y prêter.

Il faudra ensuite effectuer le long voyage vers Andorre avant de revenir au coeur de l’Europe pour Crans-Montana puis le Val di Fassa, qui fait son retour dans la danse. Appréciées pour leur première féminine depuis 2003, les épreuves de Kvitfjell sont également reconduites aussi pour les dames, qui s’arrêteront ensuite à Åre avant les finales de Saalbach, prévues sur deux week-ends, avec la technique pour débuter et la vitesse ensuite. À noter encore que les techniciennes devront prendre leur mal en patience entre Soldeu et Åre puisqu’il n’y aura pas d’épreuve durant quasiment un mois.

Un premier slalom en novembre?

Si on veut chercher de l’originalité, c’est plutôt du côté masculin qu’on en trouvera, en partie en tout cas. Après le “Speed opening” de Zermatt/Cervinia, qui a été repoussé d’une semaine après l’annulation de 2022, un premier slalom pourrait avoir lieu à Hochgurgl, une des première stations autrichiennes à ouvrir en novembre. De quoi réjouir les spécialistes des piquets serrés, lassés de devoir débuter leur saison mi-décembre. Reste que le site doit encore être confirmé, surtout qu’il est prévu de disputer l’épreuve le dimanche 19, alors que le week-end suivant sera consacré à la vitesse, à Lake Louise. Les organisateurs canadiens, en proie à des difficultés financières et organisationnelles, doivent encore valider la tenue de ces courses.

Les étapes de Beaver Creek, Val d’Isère, Val Gardena, Alta Badia, Madonna di Campiglio et Bormio sont ensuite prévues, sans surprise. Le mois de janvier sera lui consacré aux classiques, qui attendront 2025 pour être retardées d’une semaine. En plus d’une descente et d’un slalom, Kitzbühel pourrait accueillir le vendredi 19 janvier le premier combiné par équipes de l’histoire de la Coupe du monde. Celui-ci réunit un spécialiste de vitesse et un technicien, dont les temps sont additionnés. Le projet doit encore être avalisé par la FIS, qui espère en faire une épreuve olympique dès 2026.

La deuxième tournée américaine reconduite, pour les techniciens

En février et comme imaginé pour fêter les 100 ans de la tenue des premiers Jeux olympiques d’hiver, Chamonix aura droit à sa première descente depuis 2016. La course sera suivie d’un slalom le dimanche. La Coupe du monde fera également son retour en Bulgarie puisque Bansko est à nouveau au programme, tout comme Kvitfjell, qui accueillera donc les messieurs avant les dames. La station norvégienne compte marquer des points en vue des finales 2025, qu’elle espère se voir attribuer en collaboration avec Hafjell.

C’est pour la suite qu’il règne une certaine incertitude. La FIS propose de retourner aux États-Unis, à Palisades Tahoe et Aspen, comme cette saison. Sauf que cette deuxième tournée américaine avait été très décriée, tant pour son empreinte carbone que pour son succès limité. Pour corriger le tir, seuls les techniciens seraient cette fois conviés, ce qui n’empêcheraient pas les skieurs qui disputent géant et vitesse dont Marco Odermatt d’une seconde traversée de l’Atlantique. Ces dates sont encore “à confirmer”. La FIS veut probablement éteindre l’incendie avant qu’il ne s’allume en s’appuyant sur le soutien des comités techniques.

Enfin, Kranjska Gora devrait sauver sa place au calendrier masculin puisque la station slovène accueillera un géant et un slalom avant les finales de Saalbach sur deux week-ends, avec probablement un combiné par équipes le vendredi 22 mars, juste avant les épreuves de vitesse. Les descendeurs devraient être contents de retrouver la compétition puisque la dernière course de vitesse avant les finales est agendée au 18 février, soit un “trou” de plus d’un mois.

Calendrier équilibré chez les dames, moins chez les messieurs

Alors que pour les dames, 11 épreuves sont prévues par discipline, l’équilibre est plus précaire chez les messieurs, en raison peut-être des demandes des organisateurs d’avoir un maximum de descentes et de slaloms. En résumé, il devrait y avoir 12 descentes, 9 super-G, 11 géants et 13 slaloms. De là à dire que ceux qui disputent les slaloms pourraient être avantagés et ainsi pouvoir plus facilement rivaliser avec le patron Marco Odermatt, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Surtout qu’une sortie de piste est plus vite arrivée dans les disciplines techniques.

Désormais, il ne reste à la FIS qu’à valider le concept, avant peut-être d’entamer les grandes manoeuvres pour la saison 2024-2025. Si les classiques devraient être préservées tout en étant probablement retardées d’une semaine, de nouvelles courses en Amérique du Nord ou en Asie, de nouveaux concepts voire des épreuves dans l’hémisphère sud sont envisagées. Mais tout cela reste de la musique d’avenir et le Cirque blanc a dû apprendre ces dernières années à devoir se contenter de vivre dans le présent.

Le brouillon du calendrier de la Coupe du monde féminine 2023-2024

DateLieuDiscipline
28 octobreSölden (AUT)Géant
11-12 novembreLevi (FIN)2 slaloms
18-19 novembreZermatt/Cervinia (SUI/ITA)2 descentes
25-26 novembreKillington (USA)Géant et slalom
2-3 décembreMont Tremblant (CAN)2 géants
8-10 décembreSaint-Moritz (SUI)2 super-G et descente
16-17 décembreVal d’Isère (FRA)Descente et super-G
21 décembreCourchevel (FRA)Slalom nocturne
28-29 décembreLienz (AUT)Géant et slalom
6-7 janvierKranjska Gora (SLO)Géant et slalom
13-14 janvierZauchensee (AUT)Descente et super-G
16 janvierFlachau (AUT)Slalom nocturne
20-21 janvierJasna (SVK)Géant et slalom
26-28 janvierCortina d’Ampezzo (ITA)2 descentes et super-G
30 janvierKronplatz (ITA)Géant
3-4 févrierGarmisch-Partenkirchen (GER)Descente et super-G
10-11 févrierSoldeu (AND)Géant et slalom
17-18 févrierCrans-Montana (SUI)Descente et super-G
24-25 févrierVal di Fassa (ITA)2 super-G
2-3 marsKvitfjell (NOR)Descente et super-G
9-10 marsÅre (SWE)Géant et slalom
16-24 marsSaalbach (AUT)Finales

Le brouillon du calendrier de la Coupe du monde masculine 2023-2024

DateLieuDiscipline
29 octobreSölden (AUT)Géant
11-12 novembreZermatt/Cervinia (SUI/AUT)2 descentes
19 novembreHochgurgl (AUT)Slalom
25-26 novembreLake Louise (CAN)Descente et super-G
1-3 décembreBeaver Creek (USA)2 descentes et super-G
9-10 décembreVal d’Isère (FRA)Géant et slalom
15-16 décembreVal Gardena (ITA)Descente et super-G
17-18 décembreAlta Badia (ITA)2 géants
22 décembreMadonna di Campiglio (ITA)Slalom
28-29 décembreBormio (ITA)Descente et super-G
6-7 janvierAdelboden (SUI)Géant et slalom
12-14 janvierWengen (SUI)Super-G, descente et slalom
19-21 janvierKitzbühel (AUT)C. par équipes, descente et slalom
23-24 janvierSchladming (AUT)Géant et slalom nocturnes
27-28 févrierGarmisch-Partenkirchen (GER)2 super-G
3-4 févrierChamonix (FRA)Descente et slalom
10-11 févrierBansko (BUL)Géant et slalom
17-18 févrierKvitfjell (NOR)Descente et super-G
24-25 févrierPalisades Tahoe (USA)Géant et slalom
2-3 marsAspen (USA)Géant et slalom
9-10 marsKranjska Gora (SLO)Géant et slalom
16-24 marsSaalbach (AUT)Finales

La Coupe d’Europe à Verbier

Les brouillons des calendriers des courses de Coupe d’Europe font une nouvelle fois la part à la Suisse. Les épreuves d’ouverture devraient avoir lieu à Zinal (deux géants féminins les 4 et 5 ainsi qu’un super-G et un géant masculins les 7 et 8 décembre). Les skieuses passeront ensuite notamment par Saint-Moritz (deux super-G les 12 et 13 décembre) et Crans-Montana (deux descentes les 10 et 11 février).

Côté masculin, après Zinal, la Coupe d’Europe fera halte entre autres à Gstaad (deux slaloms les 8 et 9 février), à Stoos (deux super-G les 29 février et 1er mars) ainsi qu’à Verbier (deux descentes les 6 et 7 mars). Après avoir accueilli les Championnats de Suisse, la station bagnarde confirme qu’elle fait du ski alpin de compétition une priorité. Enfin, les finales auront lieu à Kvitfjell et Hafjell, qui visent donc les finales de Coupe du monde dès 2025.

Laurent Morel