Dans ce quatrième numéro de Servus Österreich: les jeunes skieurs négligés au profit des stars dans l’équipe autrichienne, le Cirque blanc pourrait gagner un nouveau slalom nocturne, et la concurrence entre ski et football continue.

À Beaver Creek ce weekend, l’Autriche misera une fois de plus sur des stars comme Vincent Kriechmayr, Matthias Mayer ou Daniel Hemetsberger. Mais derrière les champions olympiques et champions du monde, il règne un gouffre dans l’équipe masculine de vitesse, déplore l’ancien spécialiste Hannes Reichelt.

“C’est fou, lorsqu’on regarde la liste de départ à Lake Louise, il y avait quatre Autrichiens dans le top 30 en descente, cinq en super-G. Pour une nation du ski comme l’Autriche, c’est une tragédie”, a-t-il critiqué dans un entretien avec la Kronen Zeitung. Il y a quelques années, on comptait facilement sept ou huit Autrichiens parmi les 30 meilleurs skieurs au monde, y compris Hannes Reichelt, qui a fêté 13 victoires en Coupe du monde entre 2005 et 2017 et a été couronné champion du monde en super-G à Beaver Creek en 2015.

La faute des entraîneurs

“On doit vraiment s’interroger sur ce qui s’est passé ces dernières années. C’est quelque chose qui a déjà commencé de mon temps”, a-t-il noté. “Il y avait, et il y a encore, des entraîneurs qui ne s’occupent que de leurs meilleurs coureurs et ne laissent pas monter les jeunes. Ils profitent du succès des meilleurs skieurs, et peu leur importe ce qui vient après.”

Pour Hannes Reichelt, un skieur normalement peu porté à la critique, c’est une grosse perte. “On a accordé trop peu d’attention aux jeunes coureurs chez nous. Ce n’est pas de leur faute, ce sont les entraîneurs qui doivent être tenus responsables de ce qu’ils ont fait ces dernières années. En tant qu’ancien skieur, j’en ai presque les larmes aux yeux.”


Grand Chelem du slalom

La Fédération autrichienne de ski (ÖSV) veut ajouter une nouvelle date au calendrier du Cirque blanc la saison prochaine en organisant un slalom nocturne pour les messieurs à Bad Kleinkirchheim. La station autrichienne a déjà souvent accueilli des épreuves de Coupe du monde, mais la dernière en date était une descente dames en 2018. La dernière compétition masculine, un slalom, remonte à 2007.

La proposition a été approuvée par la Conférence des présidents de l’ÖSV, le financement est déjà assuré et les droits de diffusion ont été convenus. Ne reste que le feu vert de la FIS, a expliqué le président de la Fédération de ski de Carinthie, Dieter Mörtl, à la Kronen Zeitung. Prévue pour janvier 2024, la course s’installerait parmi les grands classiques de Wengen, Kitzbühel et Schladming pour créer une sorte de “Grand Chelem du slalom”, selon le quotidien.


En vrac…

  • Gros soulagement dans le camp autrichien après trois podiums en Amérique du Nord: la 3e place en slalom de Katharina Truppe à Killington, ainsi que la 2e place en descente de Daniel Hemetsberger et la 3e place en super-G de Matthias Mayer à Lake Louise, “font oublier l’échec de Levi”, s’est réjoui l’ORF. Le weekend précédent, les médias autrichiens avaient qualifié les résultats jusque là de “ratage historique.”
  • Comeback chez les dames: Nina Ortlieb, double championne du monde junior, revient à la compétition à Lake Louise après 23 mois d’absence et sept opérations au genou. Déjà à l’entrainement mardi, elle a montré sa forme en finissant première. Pour Nicole Schmidhofer, la station canadienne marque aussi un retour après une longue absence. Et elle pourrait lui porter chance: c’est ici que l’Autrichienne a remporté trois de ses quatre victoires en Coupe du monde.
  • Le ski plus fort que Messi: le taux d’audience en Autriche pour la descente de Lake Louise samedi dernier a surpassé celui du match Argentine-Mexique à la Coupe du monde de football dans lequel jouait la star. Les deux événements étaient diffusés en même temps. Par contre, la programmation de l’ORF pour le weekend prochain a attiré les critiques: alors que la descente des messieurs à Beaver Creek sera diffusée en live entre deux matchs de football, celle des dames n’aura droit qu’à un résumé en différé tard dans la soirée. Et cela malgré deux chaînes principales et une chaîne sportive. Une décision qui ne plait évidemment pas aux skieuses.

Sim Sim Wissgott, Vienne