Même avec un brin de déception, Michelle Gisin avait retrouvé le sourire qui la caractérise dans l’aire d’arrivée de Sölden. Si elle n’a pas réussi à jouer les premiers rôles dans une discipline où elle était pourtant montée sur ses premiers podiums en janvier dernier, l’Obwaldienne s’est surtout rassurée, après n’avoir quasiment pas connu de préparation. La mononucléose qui l’a touchée cet été a en effet complètement perturbé sa routine. Restée en retrait depuis plusieurs semaines, elle s’est confiée pour la première fois aux médias, à l’issue de sa course.

Michelle Gisin, quelles ont été vos sensations aujourd’hui?

C’est vraiment cool d’être ici déjà maintenant. Je suis trop contente. C’était une belle première manche, malgré le temps perdu en tout début de manche, mais avec un mur très solide. Satisfaisant avec le peu d’entraînement que j’ai fait jusqu’à maintenant. La 2e, j’avais plus d’énergie qu’avant la première où je me sentais très bizarre. Je voulais donc pousser un peu plus, mais je n’ai pas du tout trouvé le rythme. C’est dommage, j’ai fait pas mal d’erreurs. Finalement, j’aurais mieux fait de réussir une manche propre, comme la première. Mais c’est comme ça, c’était important de revenir. Le choix d’être au départ était vraiment important pour moi.

C’était la bonne décision, donc, de participer à cette course?

Oui. Il y a des moments où je me disais que je n’allais plus jamais être au départ parce que j’avais vraiment l’impression que ça n’allait jamais passer (ndlr: la mononucléose). C’était très difficile. Mais là, c’est trop cool d’être ici. Maintenant, j’ai un mois pour retrouver mes sensations. Je vais faire un pas après l’autre. Mais c’est bien, comme ça la première course est derrière. J’apprends beaucoup pour les prochains jours, à quel point je vais pouvoir m’entraîner, parce que c’est encore l’inconnue. J’espère que ça va aller assez bien.

La mononucléose, elle est derrière maintenant, ou elle vous perturbe encore?

Non, elle n’est pas encore derrière, mais ça s’améliore de semaine en semaine. A l’entraînement, j’ai déjà pu pousser vraiment sur une ou deux manches. Là, je n’ai pas encore réussi à le faire en course, mais c’est comme ça. Je fais un pas après l’autre. J’espère que ça va continuer sur cette voie.

Ne pas savoir à quoi s’attendre avec cette maladie, c’est compliqué?

C’est dur à gérer, oui. Parfois, je ne me sens pas du tout bien, mais ensuite ça va mieux sur les skis. D’autres jours, je me lève en étant mieux mais sur les skis, ça ne va pas du tout. C’est vachement bizarre et difficile à gérer. Mais l’équipe que j’ai autour de moi est fantastique. Tout le monde fait un sacré travail.

Cette saison est une saison olympique. Ça permet aussi de modifier un peu les priorités?

En tout cas, j’essaie déjà de revenir, de faire un pas après l’autre. Les Jeux, c’est encore très très loin. Je pense simplement à la récupération là, ensuite à l’entraînement de slalom, et ainsi de suite.

Le classement général de la Coupe du monde, c’est oublié?

Bien sûr que je veux revenir le plus vite possible, mais là, c’est vraiment compliqué. Je me dis que c’est presque impossible. Je n’ai même pas fait un sixième de l’entraînement sur skis des autres. J’ai commencé il y a seulement deux semaines. En plus, les trois devant aujourd’hui (ndlr: Mikaela Shiffrin, Lara Gut-Behrami et Petra Vlhova) sont super fortes. Il faut être au top dans toutes les disciplines et je pense donc que ça va être très difficile cette année.

Camille Rast avait également souffert de la mononucléose il y a quelques années. Avez-vous échangé avec elle?

Oui, au début elle m’a beaucoup aidé. Mais la pauvre… Je m’imagine comment elle a dû faire pour avaler ça, mentalement. Moi j’ai 27 ans et j’ai déjà eu beaucoup de succès. Mais à 18 ans, ça devait être horrible.

Et le fait d’avoir une équipe de Suisse forte autour, ça aide dans ces moments?

Bien sûr! Le podium de Lara aujourd’hui, c’est génial, elle est déjà en forme, c’est fantastique. Moi, je peux être un peu plus tranquille, c’est vrai. C’est tout de même dommage que les quatre meilleures femmes soyons blessées ou amoindries. Ca va être une saison beaucoup plus difficiles que ces dernières années mais d’un autre côté, c’est beau de voir qu’il y a Andrea (Ellenberger), Aline (Danioth) et Elena (Stoffel) qui reviennent de blessure.

Laurent Morel/JT, Sölden