Mille vingt-six. 1026, c’est le nombre de jours qui se sont écoulés entre la dernière fois que Mélanie Meillard a pris un départ de course avec des ambitions et ce samedi, lors duquel la Valaisanne va se présenter libérée dans le portillon de départ du slalom de Levi (FIN). On pourrait presque parler d’une vie pour la skieuse de 22 ans, freinée dans sa folle ascension juste avant les Jeux olympiques de PyeongChang, et qui est passée par tous les états d’âme depuis ce fameux 8 février 2018. Plus mature, remise de ses (nombreuses) blessures, elle espère surtout retrouver du plaisir sur les skis.

“Je vais bien, rassure-t-elle d’emblée à quelques jours de (re)faire ses débuts en Coupe du monde. Je suis vraiment sur le bon chemin. J’ai tout connu ou presque mais ça donne le tour, oui.” Touchée au genou gauche en 2018 donc, son opération n’avait pas fonctionné comme espéré. Mélanie Meillard avait alors dû repasser sur le billard, tirant un trait sur la saison suivante avant de retrouver enfin la neige. Et l’hiver dernier, après avoir été touchée à une cheville durant l’été, elle n’était pas prête. La soeur de Loïc a certes pris part à quatre courses, mais sans jamais parvenir à accrocher la deuxième manche. “J’avais besoin de me retrouver au départ, explique-t-elle sans le moindre regret. Mais par rapport à ma forme actuelle, c’est incomparable! L’hiver dernier, c’était plutôt comme une sorte de thérapie.”

“Je skiais sur la retenue”

Et alors qu’elle espérait enfin revenir en forme à Sölden, pour l’entame de cette saison, elle a encore dû patienter, nouveau pépin oblige. “C’est dommage bien sûr, mais ce n’est pas grave. Je suis tombée mi-août, raconte-t-elle. J’avais mal à mon genou donc je suis partie en vacances. En rentrant, ça allait mieux sauf que lorsque je suis revenue sur les skis, ce n’était pas ça. J’ai donc passé une IRM, qui a confirmé une contusion au ménisque.” La technicienne d’Hérémence a alors dû se reposer durant trois nouvelles semaines. “A mon retour, j’avais toujours un petit peu mal et je skiais sur la retenue, ajoute-t-elle. J’avais peur sur les skis.” Plutôt embêtant… Cette fois, c’est une infiltration qui a dû l’aider. Après une pause de dix jours, elle a pu rechausser les lattes. “J’ai commencé à effectuer des entraînements corrects, adaptés, progressifs, précise-t-elle. Je devais reconstruire ma confiance.”

Aujourd’hui, Mélanie Meillard a franchi un cap: “Franchement, je vais vraiment beaucoup mieux et je suis passée par dessus cette chute de 2018. Je ne suis pas encore à mon niveau d’avant-blessure, mais j’ose lâcher mes skis. Je retrouve petit à petit mes sensations et mes qualités. Depuis trois ou quatre semaines, je suis étonnée en bien.” De quoi se rapprocher des meilleures slalomeuses de la planète dès ce week-end? “Non, je dois être patiente, reconnaît-elle. Mais je ne suis plus du tout larguée par les autres à l’entraînement.” La soeur de Loïc ne peut pas encore espérer bousculer une Wendy Holdener ou une Michelle Gisin et ne se fixe pas d’autre objectif que “de réintégrer les 30”. Car aujourd’hui, la “rookie” de la saison 2017/2018 ne veut surtout pas “se mettre de pression”. Les Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo en février semblent encore très lointains. “Honnêtement, je n’y pense pas du tout, affirme-t-elle, convaincante. C’est sûr que j’aimerais bien y aller, mais ça ne m’occupe pas l’esprit actuellement.”

“On est chanceux”

Et si Mélanie Meillard est de retour parmi l’élite en slalom, elle devra attendre encore un peu pour retrouver son niveau en géant. “J’ai envie de revenir aussi, mais c’est un petit peu plus compliqué mentalement”, explique-t-elle. Difficile donc d’établir un programme pour cette saison qui s’annonce de toute façon bien particulière: “Ça va surtout dépendre de mes résultats, lance-t-elle. Et je n’exclue pas de passer aussi par la Coupe d’Europe. La seule chose que je sais, c’est que je vais devoir gérer mon emploi du temps pour ne pas trop en faire.”

Heureusement aujourd’hui, même le Covid-19 et les nombreuses mesures sanitaires mises en place autour de la Coupe du monde de ski alpin, ne semble plus pouvoir l’arrêter. Le charter mis en place par la FIS ce mercredi a permis à la skieuse aux origines neuchâteloises de rejoindre la Laponie avec l’ensemble du Cirque blanc. “C’est sûr que cette situation devient un peu pénible surtout lorsqu’on se fait tester et qu’on doit attendre le résultat, c’est pesant, admet-elle. Mais tant qu’on peut faire des courses, on est chanceux. Et en plus, notre préparation estivale n’a pas été perturbée.”

Les bons souvenirs de Levi

L’important pour Mélanie Meillard, c’était aussi de retrouver une place dans cette solide équipe de Suisse de technique. “Il y a eu des changements depuis le temps, mais désormais, je suis à nouveau pleinement intégrée, se réjouit-elle. C’est agréable de retrouver cet esprit de groupe. En plus, à Levi, je suis avec Camille (ndlr: Rast). On se connaît depuis toutes petites et on n’est encore ensemble, c’est sympa.”

Et quoi de mieux donc que de recommencer avec deux slaloms sur la Levi Black, une piste qu’elle affectionne particulièrement. “J’ai la chance d’avoir deux courses et c’est sûr que je garde d’excellents souvenirs ici, j’adore, sourit-elle. Je vais aborder ce week-end comme si c’était la première fois que je m’y rendais.” C’était en 2016 et ça lui avait plutôt bien réussi, puisqu’elle avait pris la 6e place avec le dossard 40, pour ce qui était seulement sa 4e course de Coupe du monde. L’année suivante, elle avait confirmé en terminant 5e.

Laurent Morel