En s’imposant à Laax ce dimanche en slopestyle, Mathilde Gremaud s’est offert une victoire de prestige, tant le plateau était relevé dans la station grisonne puisque l’ensemble des meilleurs rideuses du monde étaient présentes. Surtout, la Gruérienne a prouvé s’il le fallait encore qu’elle était bien la skieuse la plus forte cet hiver, signant même une 4e victoire en cinq épreuves et faisant un nouveau pas en direction du Globe de cristal du Park&Pipe, qui serait son premier et qui viendrait compléter un palmarès déjà immense.

“Il y avait tout pour bien faire, a expliqué la championne de 23 ans, dans la foulée de sa victoire dans le park de Crap Sogn Gion. Les conditions météo étaient superbes et on peut être créative dans ce park.. Déjà au départ, je me sentais bien. Je ne me disais pas qu’il y avait des risques de choper une rafale ou je ne sais quoi d’autre qui aurait pu perturber mon run.” La skieuse de La Berra a pourtant chuté à l’entraînement, avant la finale. “Heureusement, je n’ai pas tapé la tête, décrit-elle. Je me suis relevée de cette cabriole et je me suis dit: ‘ah tiens, ça va’. Des fois, ça peut faire du bien de tomber et de ne pas se faire mal. Ça peut aussi donner de la confiance.”

Un run splendide

De la confiance, Mathilde Gremaud en déborde presque en ce moment. Dans les Grisons, elle a réussi un premier run extrêmement solide. Très propre sur les rails, non sans avoir mis un certain degré de difficulté dans ses passages, elle a réussi les figures les plus impressionnantes de la journée côté féminin, avec notamment deux double cork et un bio 900. De quoi lui permettre de s’offrir avec la manière un 11e succès en Coupe du monde. Eileen Gu, qui disputait son premier slopestyle depuis que Mathilde Gremaud l’avait empêché de signer un triplé historique aux Jeux olympiques de Pékin il y a près de deux ans, n’a pu qu’apprécier et se contenter de la 2e place. La Chinoise était d’ailleurs consciente que son niveau était inférieur à celui de la Fribourgeoise.

“C’est hyper agréable de me sentir comme je suis en ce moment, s’est réjoui Mathilde Gremaud, tout en tempérant. Je ne pense que que je sois beaucoup au-dessus de la concurrence. C’est peut-être mentalement que se fait la différence. Au niveau des figures, les autres filles sont quand même super solides aussi. Je ne les oublie pas!” Confiante oui, mais sans excès donc. Reste qu’en ce moment, on a l’impression que rien ne peut venir enrayer la marche en avant de “MG”. “Il faut rester super vigilante quand même, rappelle-t-elle. Et ça, je pense que j’essaie vraiment de le faire. Dans le 2e run, par exemple, j’aurais pu continuer mais je n’avais pas fait ce que je voulais sur le haut et il n’était pas nécessaire pour moi de prendre des risques. Je m’écoute bien au niveau de mon énergie et de mon ressenti sur la neige. Je sais que quand il y a une compétition et que j’enfile un dossard, en général, tout est prêt. C’est juste à moi de faire le nécessaire. Je fais méga attention à ce que je ressens, histoire de ne pas blesser.”

Grâce à son expérience, la Rochoise s’approche de plus en plus d’un premier Globe puisqu’elle compte désormais une marge confortable sur sa principale rivale, Tess Ledeux. La Française n’a pu faire mieux que 7e dans la station grisonne. “Ça se profile bien, c’est vrai…”, sourit Mathilde Gremaud, qui a fait de cette récompense l’un de ses principaux objectifs de cette saison sans grand rendez-vous à l’exception des X Games, lors desquels elle disputera le slopestyle et le Big Air.

Place aux X Games

Les X Games justement, c’est demain déjà! Les riders helvétiques invités, à savoir Mathilde Gremaud, Sarah Höfflin, Giulia Tanno et Andri Ragettli s’envolent lundi pour Londres puis Denver, avant de rejoindre Aspen par la route. Avant cela, ils passeront une courte nuit de dimanche à lundi dans les capsules de l’aéroport de Zurich. Puis ils découvriront le set up de Buttermilk Mountain. Contrairement à d’habitude, les organisateurs ne leur ont pas fourni d’informations sur ce à quoi ils auront droit dans le Colorado. “Ça ne sert à rien de faire des plans, de se stresser et de perdre de l’énergie avec ça. On va arriver sur place et on pourra mieux comprendre tout ça.”

En fait Mathilde Gremaud semble plus forte que jamais, aussi mentalement. “En fait, ce qui est cool, c’est que je crois que je ne me suis jamais dit ‘je veux gagner’. J’ai plus tendance à me dire ‘je veux faire ce run’, précise-t-elle Et aujourd’hui, pour la première fois, j’ai connu un mélange entre les deux. C’est super, parce que je n’ai pas l’impression que je m’étais dit un jour que je voulais la victoire et que ça s’est réalisé. C’est nouveau! J’en avais envie. En fait, je profite simplement de me sentir bien car on ne sait jamais ce qui peut arriver, à quoi ça tient.” Alors, la Gruérienne est-elle plus forte que jamais? “Je pense, sinon ça ne marcherait pas aussi bien que ça.”

Le sourire de Sarah Höfflin

Sarah Höfflin avait elle aussi le sourire dans l’aire d’arrivée, même si la Genevoise a manqué le podium pour des miettes ce dimanche. “C’était important pour moi de plaquer un run après tout ce qui m’est arrivé ces derniers mois (ndlr: lire ici), a-t-elle confié. Je me réjouis de pouvoir continuer sur ma lancée.” La championne olympique de slopestyle en 2018, qui a malgré tout été perturbée par des maux de tête avant le départ, aura l’occasion de confirmer son retour en forme à Aspen, puisqu’elle pourrait disputer jusqu’à trois épreuves, avec en plus du slopestyle et du Big Air, le Knuckle Huck, qui fait son apparition pour la première fois aussi pour les skieuses. Andri Ragettli sera lui uniquement aligné en slopestyle, tandis qu’il est remplaçant en Big Air.

Laurent Morel, Laax