Le moins que l’on puisse dire, c’est que les débuts en compétition de Mathilde Gremaud sur sa nouvelle marque de skis se sont bien passés. Même si elle n’a pas eu à passer par la finale – à son plus grand regret -, la Fribourgeoise a entamé sa collaboration avec Fischer et sa saison par un succès en Big Air à Coire. « C’était très agréable de pouvoir montrer que mes nouveaux skis fonctionnent », confiait dans la foulée la championne olympique de slopestyle, qui s’entraîne actuellement en Autriche et a profité de sa situation géographique pour venir soutenir sa pote Camille Rast lors du géant de Sölden samedi dernier.

« C’était maintenant ou jamais »

Après de nombreuses années chez la marque suisse Faction, Mathilde Gremaud a donc décidé de franchir le pas, et de s’en aller jouer les têtes d’affiche au sein d’une autre structure, autrichienne cette fois. « Tout s’est toujours bien passé avec Faction, mais j’avais envie d’un changement, décrit la skieuse de 23 ans au palmarès majuscule. Je pense que c’était maintenant ou jamais. J’ai eu une opportunité et je l’ai saisie. C’est rafraîchissant pour l’esprit. Ça change un peu la manière d’aborder le ski. Ça me motive différemment. »

Chez Fischer, elle aura un rôle important, puisque l’entreprise qui fêtera ses 100 ans en 2024 n’est pas beaucoup présente dans le freeski pour le moment. « C’est vrai, mais je trouve intéressant de savoir que c’est une marque qui a beaucoup d’expérience dans de nombreux domaines, du ski alpin au ski nordique. Leur gamme est hyper large et leurs connaissances hyper pointues. » Des arguments suffisants pour convaincre la skieuse de La Berra. « Il y avait un intérêt des deux côtés car j’apprécie leur philosophie et j’ai eu de très bons contacts. » Ceux-ci ont déjà été noués l’hiver dernier.

« J’avais hyper peur »

Reste qu’il s’agit tout de même d’un certain risque, lorsqu’on voit que certains skieurs alpin notamment peinent à trouver leur marque sur un nouveau matériel. « Comme dans l’alpin, dans le freeski, certains personnes vont être complètement perturbées alors que d’autres vont s’adapter très rapidement. Mais oui, c’est un challenge personnel, poursuit la Gruérienne, qui semble plutôt faire partie de la deuxième catégorie. Le processus est long pour s’adapter dans toutes les conditions, pour connaître le ski comme je connaissais mon ski d’avant. »

De quoi rendre la tâche compliquée d’une rideuse qui skiait depuis plusieurs années sur le même matériel, sans vouloir profiter des nouveautés proposées par son équipementier. « Personnellement, j’avais hyper peur de changer de skis, avoue-t-elle. C’est d’ailleurs pour ça que je restais sur un vieux ski Faction. En changeant de marque, je savais que le changement serait net, énorme mais que je n’aurais pas le choix. Je n’ai finalement pas eu de peine à le faire car j’avais l’envie de m’adapter à quelque chose de nouveau. L’un dans l’autre, j’ai abordé ça d’une manière hyper ouverte et positive. »

« La différence est énorme »

Mais concrètement, qu’est-ce qui change d’une marque à l’autre? « La différence est énorme, s’exclame Mathilde Gremaud. Les réglages ne sont pas aussi pointus que pour un ski alpin de Coupe du monde mais il y a quand même plusieurs éléments qu’on peut modifier. À commencer par la longueur du ski, son « flex » et la façon dont il est construit. Le poids du ski a aussi une grosse influence. » La Fribourgeoise évoque notamment la réception, particulièrement lors des City Big Air. « Si tu réceptionnes en switch et que la neige est super agressive, si tes skis sont trop durs ou trop mous, ton corps doit être super prêt au risque de se faire mal. Ça peut te jouer des tours. » La championne du monde de slopestyle ajoute encore que les chaussures ont évidemment leur importance également.

Consciente de l’importance de réussir sa transition, Mathilde Gremaud n’a « pas du tout cherché à reproduire le même ski qu’avant » chez Fischer. « J’ai eu mon mot à dire sur plusieurs choses dont la dureté, le cambre et le rocker notamment, précise-t-elle. C’était quelque chose d’important pour moi. » Reste que la Rochoise n’a pour l’heure pas eu la possibilité d’influencer la structure du ski. « Je suis arrivée sur la marque alors que le processus de développement était déjà avancé », rappelle-t-elle.

Laurent Morel, de retour de Coire