Dans la tribune VIP des Championnats du monde de Saalbach, la tension est à son comble. Lorsque le speaker demande s’il y a des Suisses dans la place, les seules mains de Mathilde Gremaud se lèvent vers le ciel bleu autrichien. Une vrai différence avec l’appel aux Autrichiens, lorsque les gradins se mettent à trembler. Pourtant, c’est bien la Suisse qui va sortir plus que victorieuse du slalom féminin mondial, grâce à l’impressionnante victoire de Camille Rast devant Wendy Holdener.

Alors qu’elle fait une pause de la compétition jusqu’au mois de mars, la championne olympique de slopestyle a trouvé l’occasion de venir encourager sa compatriote et grande amie pour un jour historique. « C’est la première fois que je peux venir la voir en slalom », a expliqué la freeskieuse, dont la copine, la triple championne du monde de VTT de descente Vali Höll, vient de Saalbach et qui a donc partagé le moment avec sa belle-famille. Depuis plusieurs jours, elle profite de la folie des Mondiaux autrichiens. Déjà une fois, Mathilde Gremaud avait eu l’occasion de venir encourager Camille Rast. C’était à Sölden en 2023. Mais cette fois, l’enjeu était autrement plus grand.

La tension à son comble

Plus le passage de Camille Rast s’approchait en deuxième manche, plus la tension de Mathilde Gremaud montait en flèche. Déjà lors de la descente de Mélanie Meillard puis de celle de Wendy Holdener, la freeskieuse de 25 ans se tordait les mains dans tous les sens. Puis dès que Camille Rast est apparue sur l’écran géant dans le portillon de départ, elle a sautillé, se prenant la tête dans les mains tout au long de la manche de sa pote. Mais le passage proche de la perfection de la Valaisanne l’a rapidement rassuré. À la fin, dans une ambiance de feu (plus de 16’000 spectateurs ce samedi), le moment est venu d’exploser dans de grands cris.

Un court instant, Mathilde Gremaud a même hésité à faire « une Alexis Monney » en sautant sur les barrière pour rejoindre l’héroïne du jour. Finalement, la Fribourgeoise a pris son mal en patience dans le froid de l’aire d’arrivée de la piste Ulli Maier et a longtemps attendu Camille Rast avec les journalistes de la presse écrite présents. Jusqu’à enfin la retrouver qu’elles puissent se prendre dans les bras. « On a toujours été les deux Romandes avec un esprit un peu « extrême », rigole celle qui a remporté le Globe de cristal de sa discipline la saison dernière. « On pratique également toutes les deux beaucoup de vélo. »

« J’avais un bon sentiment »

Logiquement, avec les temps, les deux skieuses de 25 ans se sont rapprochées, passant passablement de temps ensemble hors saison, même si elles n’ont jamais vraiment eu l’occasion de skier ensemble ou de suivre les mêmes écoles (Mathilde Gremaud effectuant son sport-étude à Engelberg et Camille Rast à Brigue). « Mais on est le même style de personne », rappelle la Gruérienne, qui a également participé à la fête organisée pour le 25e anniversaire de sa compatriote.

Si Mathilde Gremaud a rapidement eu l’occasion de se retrouver sur le toit du monde, montant sur ses premiers podiums de Coupe du monde à 16 ans, Camille Rast a elle dû attendre cette saison pour enfin atteindre les sommets. « On s’est toujours suivies et il est vrai que j’ai toujours eu le sentiment que c’était enfin pour elle ici. Je savais qu’elle allait percer. Aujourd’hui, c’est pas vraiment surprenant en fait, mais il faut le faire. C’est juste trop bien. J’étais ‘monstre’ tendue mais j’avais un bon sentiment. »

Désormais, Mathilde Gremaud espère imiter sa compère en montant elle aussi sur la plus haute marche du podium lors des prochains Championnats du monde de freestyle, en Engadine au mois de mars, réitérant ainsi sa victoire de 2023 en slopestyle. Mais d’ici-là, il y a fort à parier que les deux skieuses vont continuer à s’envoyer des clips sur les réseaux sociaux. « C’est drôle car on se partage toujours des vidéos sur le caractère de chacune d’entre-nous. Ça permet de décompresser entre nos compétitions », rappelle la Fribourgeoise, qui était bien consciente d’avoir vécu un moment d’histoire ce samedi dans le Land de Salzbourg.

Laurent Morel, Saalbach-Hinterglemm