Sans attente, sans pression et avec du nouveau matériel sur une piste pas vraiment à son goût, Camille Rast a livré les deux meilleures manches de sa vie pour aller décrocher un extraordinaire titre mondial en slalom à Saalbach. Réaction.

Il y a quelques jours, Camille Rast nous disait qu’après son titre chez les juniors en 2017 à Åre, ce serait une belle histoire d’aller chercher une médaille en slalom à Saalbach. Eh bien, elle l’a fait! Pleine de confiance sur la piste Ulli Maier, la Vétrozaine a livré deux manches magiques samedi pour remporter la médaille d’or « chez les grands », huit ans après son titre chez les juniors.

Une démonstration de force non seulement physique mais mentale pour la skieuse de 25 ans. Jamais encore elle n’avait mené après la première manche. Malgré cela, elle a gardé son cool devant les 16’700 fans dans le stade – et plusieurs milliers encore en bord de piste – pour convertir sa grande avance en une belle victoire. Elle offre ainsi à la Suisse son premier titre mondial en slalom depuis Vreni Schneider en 1991, justement à Saalbach.

« Ce n’était pas dans les plans »

« Je pense que ce n’est pas loin d’être le plus beau jour de ma vie, » a confié la nouvelle championne du monde après sa course, émue mais détendue, le sourire aux lèvres. « Ce n’était pas dans les plans, je ne l’avais pas imaginé. Mais peut-être ne pas avoir d’attente m’a permis de skier librement et d’aller chercher cette médaille. »

Avant cette saison, la Valaisanne n’avait jamais signé un podium en Coupe du monde. Et là, en trois mois, elle a bondi d’un succès à l’autre: premier podium, première victoire, tête du classement du slalom et maintenant championne du monde. Le résultat d’un déclic, mais surtout de beaucoup de travail, de résilience, de patience, et le soutien d’une équipe soudée autour d’elle.

« Je voulais m’amuser »

De nombreuses skieuses ont peiné lors du slalom samedi, la piste Ulli Maier ayant beaucoup marqué en première manche avant de se retrouver de plus en plus à l’ombre en seconde. Mais alors que des favorites ont perdu des secondes entières, quand elles ne sont pas carrément sorties en milieu de course, Camille Rast a assuré sur une piste dont le profil n’était pourtant pas vraiment à son goût.

« J’ai tout donné. Je voulais m’amuser, c’était l’essentiel, et j’ai donné le meilleur. Mon skiman m’a dit dans l’oreille: ‘Send it’ (envoie). C’était à fond les gaz », a-t-elle déclaré. « Aujourd’hui, c’est l’une des fois où j’ai le mieux géré ma journée de course et réussir à passer deux manches comme ça, je suis vraiment satisfaite. » En début de semaine, la Valaisanne avait confié que sa tête n’était pas vraiment aux Championnats du monde, le globe de cristal restant son objectif premier cette saison. « J’avais l’impression d’avoir moins de pression qu’en Coupe du monde », a-t-elle encore noté samedi.

Du nouveau matériel

L’histoire est d’autant plus folle que Camille Rast a skié à Saalbach avec du nouveau matériel. Elle l’avait auparavant testé en pensant l’utiliser sur la prochaine épreuve du Cirque blanc à Sestrières. « Elle met le ski et je me dis ‘wouah, il y a quelque chose de nouveau que l’on n’a jamais vu chez Camille!’ C’est plus vite au chrono, ça confirme ce que tu vois et sens », a réagi son coach Denis Wicki, qui ne retenait plus sa joie samedi. Même lui ne s’était pas attendu à voir sa protégée évoluer aussi vite cet hiver.

Après sa course, Camille Rast ne réalisait pas non plus ce qu’elle avait réussi. Mais les émotions viendront lors de la cérémonie des médailles dans la soirée, a promis la Vétrozaine. Sa famille a bien évidemment assisté à son triomphe samedi, tout comme sa pote Mathilde Gremaud, qui lui ai tombée dans les bras, une championne félicitant une autre. « J’espère que l’on va fêter » était la seule requête de Camille Rast sur la suite du programme. Un nouveau plongeon tout habillé dans la piscine, comme elle l’avait fait après sa victoire à Killington en décembre, est en tout cas prévu. En entraînant aussi ses coachs idéalement, a-t-elle ajouté, un brin espiègle.

Sim Sim Wissgott/LMO, Saalbach-Hinterglemm