Quelques heures à peine après avoir levé les bras dans l’aire d’arrivée et fait le spectacle à Bardonecchia, Loïc Chable est toujours sur son petit nuage. Le skieur de Villars, qui évolue sous les couleurs de son université de Denver (USA), a de quoi jubiler. Alors qu’il ne pensait pas forcément jouer une médaille en combiné, il s’est imposé, avec la manière. De quoi lancer à la perfection sa semaine italienne. Il a répondu à nos questions, depuis le village olympique de la station italienne, le même qui avait servi aux athlètes des Jeux olympiques en 2006. Interview.

Loïc Chable, vous profitez un petit peu de votre victoire?

Oui, c’est vraiment cool! Mais je n’ai pas encore eu le temps de me poser. J’ai dû passer au contrôle antidopage et là, je viens d’arriver dans ma chambre après une séance de physio. Je vais me préparer pour la cérémonie des médaille et ensuite, je vais quand même essayer d’aller boire une bière.

Le programme des prochains jours est chargé avec encore le super-G demain vendredi, le géant dimanche et le slalom mercredi…

En effet. Mais ma semaine est déjà largement réussie au niveau des émotions. Je voulais une médaille et j’ai déjà coché cette case. Je n’ai plus de pression. Après, j’espère encore gagner une médaille demain, je me réjouis vraiment du géant et pourquoi pas finir en beauté lors du slalom. Je me réjouis.

Cette médaille en combiné et donc assez inattendue?

Complètement. Surtout mon résultat en super-G (il a signé le meilleur temps) car je n’en fais plus trop. Mais j’ai vu que les « para » skiaient sur le même parcours que nous, quelques minutes plus tôt. Je me suis dit qu’il fallait y aller, je ne pouvais qu’attaquer. Ça m’a motivé. Du coup, je suis allé à fond et ça a payé, sur une piste qui convenait parfaitement à mes qualités.

Et vous avez tenu le coup en slalom.

Après le super-G, les gens me demandaient si je faisais encore du slalom, alors que c’est une des mes disciplines principales (rires). Au départ de ce slalom, je ne voulais pas rétrograder, surtout que le tracé était hyper facile, comme un slalom de combiné. J’avais juste envie d’envoyer et de ne pas avoir de regrets. Ça ne m’intéressait de rétrograder, je voulais gagner et capitaliser sur mon super-G.

Et vous avez plutôt bien fêté à l’arrivée, notamment en reproduisant le fameux geste de Cristiano Ronaldo.

(Rires) C’est vrai. Hier, lorsque j’ai tiré le dossard 7, j’ai dit aux autres Suisses que si je voyais du vert à l’arrivée, je devais le faire (le 7 est le numéro du footballeur portugais). Après le super-G, ils m’ont fait remarqué que je ne l’avais pas fait. Mais c’était trop compliqué avec les longs skis… Alors lorsque j’ai vu que j’étais devant après le slalom, j’y suis évidemment allé!

C’était également l’occasion de vous comparer au niveau européen?

Le combiné, on n’en fait pas souvent, mais ceste vrai j’avais envie de me comparer à ce qui se fait en Europe. Ça faisait trois ans que je n’avais pas skié en Europe. 

Et vous avez apprécié?

Je remarque maintenant que la neige européenne, bien dure et compacte, me manque. Ça fait du bien de la retrouver. Avec mon style de ski, c’est mieux.

Et vous avez eu l’occasion de revoir des proches.

En effet, j’ai pu passer deux jours à la maison avant de venir ici. Je n’étais pas rentré depuis août, alors ça fait du bien. Je kiffe, là. Ça me change de mes habitudes depuis trois ans et c’est cool de revoir des têtes connues.

Cette événement, auquel vous aviez pris part il y a deux ans à Lake Placid, vous aimez?

Oui, c’est une sacré organisation. On n’est pas du tout habitués à ça, encore moins aux États-Unis. Là, il y a des gens à l’arrivée qui nous soutiennent, tout un engouement. Ça met aussi un peu de crédit à ce qu’on fait outre-Atlantique. D’ailleurs, ça représente aussi mon équipe actuelle et c’est bien de montrer que notre niveau est bon.

Et ça vous motive pour la suite?

Oui, bien sûr, même s’il faut garder les pieds sur terre. Je me dis que je peux aussi réussir à faire des résultats aux États-Unis. C’est peut-être le déclic pour ma saison. Depuis le début de l’hiver, je skie bien mais je ne parviens pas à concrétiser au niveau des résultats. Mais désormais, je me sens bien sur mes skis, j’ai trouvé des clés.

Étudier aux États-Unis vous plaît toujours autant?

Oui, c’est cool. Mentalement, le fait d’avoir l’esprit d’équipe nous tire vers le haut. Et il y a des très bons skieurs avec moi à Denver. C’était déjà le cas à Westminster (Salt Lake City) auparavant, mais ici, les infrastructures sont encore plus professionnelles.

Laurent Morel