Dans l’aire d’arrivée de la Birds of Prey samedi, Loïc Chable discute longuement avec son ami Alexis Monney. Sous le soleil du Colorado, les deux skieurs se remémorent les bons souvenirs de leur passé commun au NLZ de Brigue. Ce week-end à Beaver Creek est une parenthèse spéciale pour le Vaudois, désormais installé à Denver pour concilier ski et études. C’est l’occasion parfaite d’entretenir le contact avec ses amis du milieu, mais surtout de retrouver sa soeur Charlotte, coordinatrice média pour la FIS, et plus particulièrement pour le circuit masculin de la Coupe du monde depuis trois hivers.

«C’est certainement le seul week-end où l’on peut se voir durant la saison d’hiver, donc c’est cool de se revoir», sourit Loïc. Les deux frangins ne s’étaient plus croisés depuis l’été dernier lorsque Loïc est retourné en Amérique du Nord. «On a envoyé une photo à la maison. Ils étaient heureux de nous savoir ensemble», poursuit le skieurs de Villars qui, chaque année depuis qu’il étudie de l’autre côté de l’Atlantique, profite des compétitions dans le Colorado pour rejoindre sa sœur.

Une nouvelle école, une nouvelle expérience

Car les Chable, c’est avant tout une famille unie autour d’une passion: le ski. Si on ajoute encore Pauline, leur sœur, tous ont goûté à la compétition. «On a cette flamme de skieurs dans la famille», confie Loïc. Une flamme que Charlotte a allumée en premier lorsqu’elle a fait ses débuts en Coupe du monde il y a dix ans à Flachau. «Charlotte a toujours été un exemple pour moi. Quand elle a commencé, j’étais un gamin avec des étoiles dans les yeux en la voyant skier», se marre le jeune athlète qui poursuit son rêve américain. « Ce que Loïc a fait, d’oser partir, est vraiment cool, même si je ne l’aurais jamais fait », rigole l’aînée.

Voilà plus de trois ans désormais que le benjamin de la fratrie est installé aux États-Unis. Il a d’abord terminé un Bachelor en économie au Westminster College, à Salt Lake City, avant de rejoindre la Denver University à la dernière rentrée académique. Il y effectue un certificat en immobilier, tout en continuant le ski en compétition naturellement. «C’est une école qui offre un plus gros budget pour le ski », assure-t-il. « Financièrement, j’ai une bourse qui couvre les frais scolaires, les courses universitaires, une partie des compétitions Nor-Am et les camps d’entraînement. On a eu dix jours à Aspen, tout était pris en charge.» À côté, il doit cependant s’occuper lui-même de son matériel et il prend également du temps pour coacher des jeunes athlètes. « Pour me faire des petits sous afin de payer l’école », explique-t-il. « Mais c’est très enrichissant et intéressant car on en apprend beaucoup sur le ski et sur soi-même. »

Voyages et aventures: un mode de vie

Si Loïc et Charlotte Chable n’ont pas eu la même trajectoire sportive, les deux ont cet amour de l’aventure, guidé bien évidemment par le ski. «J’adore partir, voir différents levers de soleil sur les pistes, c’était magique. Même si c’est contraignant de vivre dans des valises, je me dis que c’est maintenant ou jamais. Alors je profite», savoure la grande soeur qui a été obligée de ranger ses skis en 2021 après de trop nombreuses blessures. « Depuis que j’ai arrêté, il n’y a pas un moment où j’ai regretté ma décision, où je ne me suis pas sentie heureuse. Et j’adore mon nouveau métier, car il y a toujours les émotions qui sont présentes. »

Loïc Chable certifie avoir eu « peur » avant de tenter l’aventure américaine avant de traverser l’Atlantique. Mais quelle soit sportive ou scolaire, c’est une expérience hors du commun que vit le skieur de Villars «J’ai eu la chance de skier dans des endroits incroyables comme en Alaska ou au Canada. Peu ont cette opportunité, et je suis conscient de ma chance.» Le Vaudois de 24 ans vit sa dernière année de skieur en Amérique du Nord, car il ne sera plus éligible pour le circuit universitaire. « Même si j’essaie de ne pas trop me le dire, c’est peut-être « ‘The Last Dance’ cette saison », avoue-t-t-il.

Une saison nord-américaine décisive

L’objectif pour l’hiver est simple sur le papier: collecter les bons résultats et, ainsi, de bons points FIS sur le circuit Nor-Am, l’équivalent de la Coupe d’Europe, qui débute jeudi à Panorama au Canada. « Entrer dans le top 80 mondial est désormais mon objectif principal. Cela me permettrait de réintégrer les cadres de Swiss-Ski et de participer à des courses de Coupe d’Europe l’hiver prochain. » C’est en géant que le Villardou assure avoir le plus de chance d’y parvenir. « Physiquement, je me sens bien, j’ai fait une grosse préparation physique, même s’il me reste encore un peu de travail. »

Quand il voit le chemin accompli jusqu’ici, Loïc Chable sait que ses objectifs sont à portée de spatules. « Ce petit pas qui reste à faire est le plus dur à réaliser. Je suis convaincu que sur une manche, je peux être fort. Mais il me manque encore de la constance et quelques petits ajustements techniques. » À ses côtés, Charlotte l’enjoint « à continuer à croire en ses rêves ». « Du moment que tu as la flamme, vas-y, fonce. Ce sport est trop beau et quand tu as cela en toi, il faut y aller jusqu’au bout. » Le petit frère se sait soutenu. « Je sens que ma famille est derrière moi. Je trouve cool de me battre pour elle et de faire de bons résultats. Tous me donnent de l’énergie et de la confiance. »

La flamme est toujours allumée, il ne reste à Loïc Chable plus qu’à embraser la piste.

Johan Tachet, Beaver Creek