Ils ont dû patienter longtemps. Près de trois mois après les skieurs alpins ou les freeskieurs, les spécialistes de télémark vont enfin lancer leur saison mercredi à Carezza. Au programme, six étapes de Coupe du monde qui emenera tout ce beau monde jusqu’aux Championnats du monde à Mürren fin mars.

Et naturellement les Suisses romands se veulent ambitieux. Double tenant du grand Globe de cristal, Bastien Dayer pourrait terminer sa carrière sur un magnifique triplé. Il sera concurrencé par Nicolas Michel. Le skieur de Vex, vainqueur du général en 2018 et 2e en 2020, est de retour aux affaires après une blessure au genou qui l’a tenu éloigné loin des pistes durant plus d’une année. Chez les dames, la reine de la discipline Amélie Wenger-Reymond, avec ses 158 succès en Coupe du monde – un record toutes compétitions FIS confondues -, tentera de reprendre son graal à sa compatriote Martina Wyss après une année sabbatique faisant suite à sa seconde grossesse.

Amélie Wenger-Reymond (35 ans): « Etre capable de revenir au sommet »

2021-2022: Absente pour cause de maternité

« Ça va faire bientôt deux ans que je n’ai plus skié en compétition. Je me réjouis de retrouver le départ, les sensations de course, l’adrénaline. Après la naissance de mon premier enfant, j’étais parvenue à revenir devant (ndlr: elle avait manqué la saison 2017-2018 déjà). C’est une nouvelle fois un challenge de montrer que je peux être capable de revenir au sommet. Mais je ne mets pas de pression. Je vais prendre les courses les unes après les autres, skier le plus proprement possible et prendre le moins de pénalités.

Je ne skie pas après les records, les chiffres, mon but est de prendre du plaisir et c’est ainsi que les résultats suivront. Car quand on est au départ, on a envie de jouer aux avant-postes. Est-ce que ce sera ma dernière saison? Je n’arrive pas encore à le dire. Je n’ai jamais voulu commencer un hiver en me disant que c’était le dernier. On parle de FIS Games dans un futur plus ou moins proche, cela pourrait être encore un événement cool à vivre. »

Bastien Dayer (35 ans): « Etre tout devant est une source de motivation pour ce dernier hiver »

2021-2022: Vainqueur pour la seconde saison de suite du grand Globe de cristal

 » Je suis serein pour ma dernière saison sur le circuit. La Coupe du monde me tient à coeur, il y a de belles choses à réaliser. J’ai réalisé une bonne préparation. Tout s’est bien déroulé jusqu’ici. Nous avons eu des conditions fantastiques tant sur nos glaciers, qu’en Autriche ou en Italie. Je suis en grande forme, mais il faut maintenant se mettre en mode course.

Cela fait une année et demie que j’ai pris la décision d’arrêter cette saison après les Championnats du monde de Mürren. Je ne claque pas la porte au télémark mais j’aimerais aussi me concentrer sur ma famille. Ma première fille vient d’ailleurs de commencer l’école.

Je n’ai pas plus de pression que d’habitude, ce sera une tournée « full plaisir », même si je ne suis pas au départ pour terminer 2e. Je suis à un point de ma carrière où je n’ai jamais été aussi en forme. C’est un privilège lorsque l’on voit également tous les athlètes qui arrêtent maintenant. Ce serait magnifique de terminer au sommet, car il est clair que la saison de trop peut vite arriver. Je vais voir désormais comment j’arrive à traduire ma forme sur les skis. Etre tout devant est une source de motivation pour ce dernier hiver. »

Nicolas Michel (27 ans): « Skier pour le plaisir et sans appréhension »

2021-2022: Victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou dès la première course de l’hiver

« Il y a un double sentiment: je suis impatient de recommencer, mais de l’autre, même si mon genou est remis, il y a l’appréhension car il n’y a pas zéro risque. Il faut encore faire attention, écouter son corps. Je vais prendre les courses les unes après les autres, me faire plaisir et éviter de me blesser à nouveau. Je préfère y aller tranquillement, même si je donne toujours le meilleur au départ.

Je ne me suis pas mis de pression d’ailleurs durant la préparation cet automne sur les glaciers. Je ne me suis pas dit que j’étais obligé d’y aller, alors j’ai choisi mes entraînements, lorsque je m’y rendais. Le but était de ne pas forcer, de retrouver mes sensations. Dans les grandes lignes, ça devrait jouer. J’ai pu faire deux courses FIS le week-end dernier. C’était un essai grandeur nature et cela s’est très bien passé. Le capital confiance a fait un déclic, je sais que je peux désormais pousser un petit peu plus. Il y a en tout cas du potentiel à exploiter, car je n’ai plus de douleur. »

Gaëtan Procureur (27 ans): « Remonter sur un podium de Coupe du monde »

2021-2022: premier podium en Coupe du monde et 8e du classement général

« Je me sens plutôt bien, même si avec mon stage de journalisme, j’ai moins pu skier que les années précédentes jusqu’à maintenant. Je ne sais pas trop encore à quoi m’attendre, il est difficile de se situer par rapport aux autres. Je dois également faire avec un genou droit récalcitrant (ndlr: il s’est déchiré à deux reprises le ligament croisé antérieur et deux fois le ménisque). J’ai de l’arthrose et du coup, il y a des jours où ça va très bien et d’autres beaucoup moins. Je suis donc plus à l’écoute de mon corps.

Mais j’ai envie d’être performant. Après mon premier podium en Coupe du monde l’hiver dernier (ndlr: 3e à Krvavec), j’ai envie de monter à nouveau sur la boîte. Mais comme je manque de repères, j’attends de voir les premières courses pour me fixer des objectifs concrets. Il est clair que la perspective des Championnats du monde en Suisse est une motivation. La dernière fois, à la maison, je n’y avais pas vraiment brillé. J’espère être performant et pourquoi pas ramener une médaille. »

Des jeunes qui ont les dents longues

Dans le sillage des quatre expérimentés Romands de l’équipe de Suisse, plusieurs jeunes pointent le bout de leurs spatules. A commencer par les frère Maxime (24 ans) et Alexi Mosset (21 ans). Les deux Valaisans sont en pleine progression et ont terminé aux portes du top 10 l’hiver dernier. Alexi est même monté sur le premier podium de sa jeune carrière en terminant 2e du sprint de Mürren. Chez les filles, Marie-Julie Huber (20 ans) voudra également confirmer son potentiel entrevu les deux derniers hivers avec quatre top 10.

Johan Tachet