Si Justin Murisier, grippé ces derniers jours, espère tout de même réussir un résultat samedi lors du fameux géant d’Adelboden, ce sont surtout les slalomeurs qui chercheront à décrocher la lune dimanche dans l’Oberland bernois. Daniel Yule, qui sort d’un succès à Madonna di Campiglio, Ramon Zenhäusern, déjà deux podiums cet hiver et Tanguy Nef, 6e en Italie, sont très en forme. Extraits des confidences des Suisses à la veille des épreuves.
Daniel Yule:
“Toutes les courses de Coupe du monde ont la même importance mais j’ai peut-être un petit peu plus de confiance après ma victoire. Il n’y a que du positif à prendre. Je pense que c’est important de pouvoir entrer dans un rythme en cette période chargée. Ce n’est pas toujours simple de pouvoir gérer la récupération.
Je commence à devenir un routinier ici. En Suisse, bien sûr qu’il y a un petit peu plus de demandes. C’est important de bien se gérer pour arriver avec le plein d’énergie dimanche mais c’est toujours une émotion particulière à la maison. Je ne pense pas que les attentes ont changé avec les années. Auparavant, tout le monde attendait un premier podium. Aujourd’hui, les plus grosses attentes, c’est moi qui les ai.
Cette année, il y a une place de plus sur le podium. Ca a donné les crocs à tout le monde. Tout le monde prend des risques énormes. C’est obligatoire.
Dans cette équipe, on a la chance d’avoir grandi ensemble. C’est ce qui fait notre force. On se pousse depuis longtemps. C’est grâce à cela qu’on obtient des résultats pareils.
J’ai pas peur de le dire, dimanche j’ai envie de battre Ramon. J’étais très content à Zagreb pour lui, mais sa deuxième me fait en quelque sorte une belle jambe. Il n’y a aucun problème à ce niveau-là.
Ramon Zenhäusern
“Madonna, c’est oublié depuis que je suis arrivé ici à Adelboden. Je n’ai pas le temps de rester là-dessus cette semaine. Enfourcher, ça fait partie de notre sport. C’est arrivé à tous les meilleurs, même à Marcel Hirscher. Pour le podium, on doit prendre des risques, c’est normal. Je préfère gagner une fois et sortir cinq fois que terminer cinq fois huitième. Le niveau est tel qu’on ne peut pas calculer. Je me sens bien, je n’ai pas de douleurs. Ca va tourner dans le bon sens, je le sais.
Arriver ici avec la possibilité de gagner, c’est un bon sentiment. J’étais venu il y a 20 ans en tant que gamin alors revenir avec ce niveau, c’est cool. J’ai marqué mes premiers points en Coupe du monde ici, réussi aussi mon premier top 10 (en 2016), reçu ma première cloche l’an passé. J’ai également eu un déclic il y a deux ans ici en arrachant ma qualification pour les Jeux olympiques de PyeongChang. Ça m’avait enlevé une pression folle, de ne plus rester dans cette zone chiante autour de la 20e place. C’est un endroit spécial. Si je vais gagner ici maintenant? C’est possible, mais. ça se joue à rien, c’est impossible à prévoir.
Qui de Daniel ou moi est meilleur? Pour l’instant, Daniel est meilleur que moi, il a plus de points en Coupe du monde. C’est ça le plus important.”
Tanguy Nef
“Qu’est ce que je dois faire de mieux désormais? Quelqu’un m’a suggéré de passer la ligne d’arrivée à l’envers donc il y a de tout. Je ne pense pas que je vais faire ça à Adelboden dimanche, sauf si j’ai suffisamment de marges (rires). J’ai mis le pied sur l’accélérateur. Il peut aller encore un peu plus loin, mais c’est du slalom et ici, ce sera une autre paire de manches par rapport à Madonna.
Les Croates tracent la première manche, on risque d’avoir quelques surprises. Je vais y aller à fond, tenter de profiter de ma confiance. Les gens pensent que ça ajoute de l’attente mais en fait, ça enlève de la pression. Je suis de toute façon content d’être ici. Comme l’année passée, beaucoup de membres de mon fanclub, de ma famille seront présents, c’est déjà une victoire. Il va falloir tout donner, sans calculer de toute façon, t’as pas le choix. La meilleure défense, c’est l’attaque.
Monter sur le podium, c’est pas impossible, non. Je devais me convaincre qu’être 6e était possible avant d’y arriver. Quand ça a été le cas, j’étais déjà convaincu. Au final, il n’y a pas de surprise. Le podium, c’est pareil. Avec ce que je montre à l’entraînement, c’est envisageable. Après, il faut que les planètes s’alignent.
J’ai surtout le regard tourné vers Wengen. C’est une piste que j’aime beaucoup sur une neige qui me plaît avec une ambiance qui me plaît même si je n’étais pas présent l’an passé. Je me suis souvent entraîné là-bas et j’ai fait ouvreur là-bas quand j’avais 16 ou 17 ans. Je me rappelle encore avoir eu Ted Ligety juste derrière moi. C’est des beaux souvenirs.”
Justin Murisier
“J’étais vraiment mal ces derniers jours. Ces prochaines heures, je vais gérer au mieux. Prendre ce que j’ai le droit de prendre. On essaie toujours d’éviter de tomber malade, mais c’est arrivé. J’essaie de rester positif. On fera le bilan après la course.
Il n’y a pas une course comme le géant d’Adelboden. Physiquement, c’est une piste difficile. Je suis prêt à ce niveau, il faudra voir si ça tient. Je sais où je veux aller. Je vise un résultat. C’est les mêmes attentes que si je n’avais pas été malade. Tous les points sont bons à prendre.”
Pierre Bugnard
“Il y a peu de places en Coupe du monde. Il faut s’accrocher. Je compte bien saisir ma chance. J’ai fait un bon début de saison en Coupe d’Europe. Je dois être régulier, c’est important.
J’espère être performant samedi. Adelboden, ça motive plus que d’autres courses, c’est clair. Depuis le mois d’avril, je m’entraîne comme un fou et je suis fier d’être au départ. Le gros objectif, c’est de prendre les 30. C’est très serré, tout est possible.”
Laurent Morel, Adelboden