Cette fois, ça y est. La Coupe du monde féminine va enfin pouvoir débuter ce week-end à Levi, où deux slaloms sont au programme. Pour l’occasion, six Suissesses se sont prêtées au jeu de questions originales afin de se projeter sur leur saison. Wendy Holdener, Michelle Gisin, Camille Rast, Mélanie Meillard, Aline Danioth et Elena Stoffel ont le sourire et plein d’espoir à l’aube de cet hiver.
À quel pourcentage évaluez-vous votre niveau de préparation en ce moment?
Wendy Holdener: Peut-être 90%. Tout s’est bien passé lors de la préparation, j’ai pu faire ce que je voulais à l’entraînement. Je suis en forme.
Michelle Gisin: Entre 80 et 90%. J’ai encore de la marge, nous ne sommes qu’en novembre. Mais après, je sais que je suis capable de me transcender en course.
Camille Rast: J’ai de la peine à le dire mais j’ai besoin de savoir où j’en suis. On me dit toujours qu’on m’attend ici et là mais au final, je reste une des rookies de l’équipe alors je vais simplement faire du mieux que je peux. On verra ensuite ce que je peux améliorer. Après ces deux week-ends de course, on aura une petite pause avant de pouvoir se projeter sur la suite.
Mélanie Meillard: Je ne peux pas le dire précisément. Mais je me sens vraiment bien et j’ai eu une très bonne préparation, la meilleure depuis longtemps.
Aline Danioth: Je dois dire que j’ai fait tout ce que je pouvais. J’ai donné 100% ou même encore plus chaque jour. Je me sens à 100%, après, on ne sait jamais ce qui se passe en course.
Elena Stoffel: À 200%. Je me sens bien et je me réjouis de véritablement commencer la saison et de pouvoir montrer ce qu’on a travaillé à l’entraînement.
Quelle sera votre meilleure place en slalom cet hiver?
Wendy Holdener: Je vise une victoire, enfin. C’est toujours l’objectif.
Michelle Gisin: Allez, un petit mieux que la saison dernière, 2e.
Camille Rast: On espère le mieux possible. Je n’ai pas vraiment d’attente chiffrée. Certes, j’étais toute proche l’hiver passé du podium, mais en début de saison, des top 15 m’auraient déjà satisfaite. Je ne veux pas non plus brûler les étapes. Mais je progresse, j’ai beaucoup appris cet été avec le changement de matériel. Il me faut encore un petit peu de temps pour me calibrer et pouvoir donner le meilleur de moi-même. En janvier, j’espère pouvoir développer mon plein potentiel et m’approcher de mes meilleurs résultats en Coupe du monde.
Mélanie Meillard: Avec un top 5, je serais contente.
Aline Danioth: La saison dernière, je n’ai participé qu’à trois courses et j’ai à chaque fois terminé dans les points. Je dois dire que c’est fou d’avoir réussi cela avec si peu de préparation. Alors c’est certain que mes attentes sont encore plus hautes car je suis mieux préparée. Mais je vais prendre les choses les unes après les autres et il faudra aussi que je parvienne à retrouver ce relâchement que j’avais la saison passée.
Elena Stoffel: Une 7e place.
Quelle sera votre position en Coupe du monde de slalom à la fin de la saison?
Wendy Holdener: L’objectif est toujours de finir parmi les trois meilleures (ndlr: elle l’a été entre 2016 et 2019). J’aimerais bien y arriver à nouveau.
Michelle Gisin: Je vois le potentiel pour être top 5 mais ça peut aller dans tous les sens, je ne sais pas encore si ça va fonctionner sur tous les styles de neige. Le temps nous permettra d’en savoir plus.
Camille Rast: Le top 15, c’est quelque chose qui est dans un coin de ma tête. L’année passée, j’en ai réussi pas mal finalement, surtout après avoir raté les qualifications pour la deuxième manche lors de deux courses. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Après, la saison dernière, j’ai fait des gros progrès mentaux. Cette année, c’est plutôt physique et j’espère réussir à trouver le curseur entre les deux au bon endroit au bon moment.
Mélanie Meillard: Dans le top 15.
Aline Danioth: Si tout va super bien et que je peux confirmer en course mes sensations de l’entraînement, un top 15 est un objectif réaliste. Mais il y a beaucoup de facteurs qui doivent fonctionner pour en arriver là.
Elena Stoffel: Être dans les 30 à la fin de saison, c’est vraiment le but. Si je skie comme je sais skier et que je garde mes nerfs, c’est faisable.
Si vous gagnez un renne à Levi, quel nom lui donnerez-vous?
Wendy Holdener: Je ne sais pas encore mais je demanderais à mon équipe. Ça ne serait pas un problème (sourire).
Michelle Gisin: Ils sont tellement chou! Bien sûr, j’ai une idée, mais on verra le jour où cela arrive, si c’est le cas. Je garde le secret. C’est sûr que si j’en gagne un, j’irais ensuite le voir chaque année.
Camille Rast: Je ne me suis pas encore posée la question. J’espère pouvoir répondre du tac au tac l’année prochaine. Je pense que je choisirais une super connerie finlandaise que je trouverais super drôle. On en reparle dans un an.
Mélanie Meillard: Je n’ai pas réfléchi à un nom je dois dire…
Aline Danioth: C’est vrai que j’ai déjà quelques idées… Mais je crois que je vais les garder pour moi, c’est encore un peu loin tout ça (rires). Cependant, je ne vais pas oublier ces idées, c’est sûr.
Elena Stoffel: Je ne me suis jamais posé la question mais si le cas se présente, je vais vite trouver un nom. Peut-être Luna ou Yuna, comme mon chien, dans ce genre-là.
Il fait très froid en ce moment en Laponie. À quel moment avez-vous eu le plus froid durant votre carrière?
Wendy Holdener: Je pense que PyeongChang était vraiment très froid, avec le vent en plus. Le géant, surtout, il faisait -20°C. Ici, il y a moins de vent et c’est plus sec. C’est moins violent.
Michelle Gisin: Plusieurs fois. Mais le plus extrême, c’était lors d’un entraînement de descente à Copper Mountain. Il faisait -25°C je pense. T’as vraiment l’impression que ta tête gèle complètement. C’est horrible. Tu ne peux plus bouger à l’arrivée. C’était le pire. Après, Pékin et PyeongChang étaient vraiment très froids aussi.
Camille Rast: C’était lors d’une course OJ à Nendaz, sur la piste de la Dent, qui est 100% à l’ombre. Ils ont hésité à l’annuler car nous, pauvres gamins entre 10 et 15 ans, on devait courir à -26°C. Par chance j’ai un chalet sur les pistes. J’ai donc filé au chaud devant le feu au chalet dès que j’ai fini la course sans attendre mon papa qui portait ma veste. Et ici à Levi, on n’en est pas loin, c’est vrai.
Mélanie Meillard: Ce n’est pas un souvenir de froid pur mais un souvenir de famille. J’étais en vacances au chaud avec mes parents et mon frère et le lendemain, on s’est retrouvés à Zermatt et il faisait extrêmement froid. Je pense qu’il y avait 30 ou 40 degrés de différence. Mais sinon, j’ai rarement froid. Je suis plutôt en train de transpirer en général.
Aline Danioth: J’ai dû pas mal affronter le froid quand j’étais petite. Sur le Gemsstock, où je skie sur mes pistes préférées, il n’y a pas beaucoup de soleil. C’est un petit peu toujours la nuit. Et je me souviens y avoir skié longtemps, du matin tôt au soir. À la fin, j’étais complètement congelée. Il faut quand même que je dise que je n’aime pas trop le froid. Peut-être que je n’ai pas vraiment choisi le bon sport. Mais bon, j’aime skier alors… je dois m’adapter. Par contre, je ne serais pas contre un peu plus de chaleur ici (rires).
Elena Stoffel: Je pense que c’est aujourd’hui (ndlr: jeudi). On a déjà skié par -20°C, par exemple en Amérique, il a fait très froid aussi. Mais là, avec les canons à neige qui nous crachaient dessus, c’était un froid insupportable.
Avez-vous un objectif un petit peu particulier que vous mettez en avant pour cette saison?
Wendy Holdener: La recherche de la première victoire en slalom est toujours très présente. Mais avoir terminé en tête après la première manche l’an passé à Kranjska Gora et avoir son destin en mains, pour la première fois depuis trois ans, c’est vraiment intéressant. Je crois que c’est un vrai objectif pour ma saison. Je m’en réjouirais. En géant aussi, ce serait top de me rapprocher de la tête.
Michelle Gisin: Je dirais avoir le choix, comme l’année passée, de faire ce que je veux. Je suis tellement reconnaissante d’avoir cette liberté de faire toutes les courses, dans toutes les disciplines.
Camille Rast: J’espère que je vais pouvoir continuer à me libérer et à retrouver de la légèreté sur les skis.
Mélanie Meillard: Je veux prendre du plaisir et pouvoir donner tout ce que je peux à toutes les courses.
Aline Danioth: C’est surtout de rester en bonne santé. Je veux aussi pouvoir profiter des courses, qui sont la belle partie de notre sport. Je reste ambitieuse, mais c’est important de ne pas oublier de s’éclater en course.
Elena Stoffel: Le but, c’est vraiment de garder le plaisir de courir, que j’ai perdu l’année passée en me mettant trop de pression. Il faut que j’arrive à garder ce “fun”. En Nouvelle-Zélande cet été, j’ai couru pour le fun et c’était complètement différent.
Laurent Morel, Levi