Deux mois après être revenue à la compétition suivant une suspension par l’agence antidopage des États-Unis, l’Américaine est allée décrocher le titre mondial en descente à Saalbach samedi. Une médaille d’or qui a une petite saveur helvétique.
N’ayant encore jamais remporté une course en Coupe du monde, Breezy Johnson a explosé lors des Championnats du monde à Saalbach samedi pour décrocher le titre mondial en descente. Une médaille d’or qui suit une période difficile pour la skieuse américaine, suspendue pendant 14 mois pour avoir manqué des tests antidopage et revenue à la compétition il y a juste deux mois.
C’est donc avec une pensée pour tous les gens qui l’ont entourée pendant son absence de l’équipe américaine, et avant cela lors de ses nombreuses blessures, qu’elle a fêté son exploit samedi. « C’est incroyable pour moi, mais aussi pour tous les gens qui m’ont aidée sur mon chemin, les médecins, les physiothérapeutes, les coachs, mes parents. C’est en pensant à eux que je suis émue. »
La toute première victoire
La native de Jackson Hole n’avait que sept podiums en Coupe du monde avant samedi, le dernier datant de Val d’Isère en 2021, avant une grosse blessure au genou droit. Mais depuis son retour à la compétition à Beaver Creek en décembre, elle a réalisé des résultats solides, finissant même 4e à Garmisch-Partenkirchen. À Saalbach, elle a aligné des temps excellents à l’entraînement sur la piste Ulli Maier.
« Tout le monde m’a dit cet hiver que j’allais être bonne à Saalbach et que les Autrichiens me craignaient », a noté la skieuse de 29 ans. Son surnom « Breezy » (son vrai nom est Breanna Noble Johnson) était approprié samedi, la skieuse livrant une prestation à la fois rapide et d’apparence facile. « Aujourd’hui j’ai réalisé mon meilleur ski, alors je vais en profiter parce qu’il y a eu beaucoup de fois où j’ai tout donné et je n’ai pas gagné. J’aime toutes les pistes que je skie mais peut-être que cette piste m’a aimée en retour », s’est réjouie la nouvelle championne du monde.
Une suspension de 14 mois
En décembre 2023, la native du Wyoming a annoncé qu’elle était sous le coup d’une enquête de l’USADA, l’agence antidopage de son pays. Elle a finalement été interdite de courses pendant 14 mois pour avoir manqué trois tests antidopage en un an. La skieuse n’a eu de cesse de rappeler toutefois qu’elle n’avait pas été accusée de dopage et n’avait échoué à aucun test. Chaque skieur et skieuse de haut niveau doit informer quotidiennement l’agence antidopage du lieu où il ou elle se trouve pour permettre des contrôles à l’improviste.
Dans le cas de Breezy Johnson, le premier test manqué était de sa propre faute (« J’ai été trop complaisante »), a reconnu la skieuse samedi. Les deux suivants étaient le résultat d’une confusion concernant le numéro de téléphone à utiliser et un problème avec l’application pour localiser des athlètes, a-t-elle ajouté. « J’ai toujours essayé d’être disponible pour des tests, j’étais prête à me déplacer pour rencontrer les contrôleurs, mais il y en a qui sont prêts à rencontrer les athlètes et d’autres qui ne le sont pas. »
« Ça ne m’a jamais dérangée de me soumettre à des contrôles à n’importe quel moment mais le système est compliqué. J’admets que j’aurais pu faire mieux », a-t-elle conclu, insistant qu’elle voulait mettre tout cela derrière elle. « L’agence antidopage a décidé que je méritais 14 mois et je les ai servis. Je me suis battue pour revenir, partant en dehors du top 30 et avec tout ce que cela entraîne. Maintenant je veux regarder vers l’avant. »
Une médaille un petit peu suisse
Joli détail: sa médaille d’or a une certaine saveur helvétique. En effet, pendant les longs mois où Breezy Johnson n’a pu disputer de courses ou s’entraîner avec l’équipe des États-Unis, elle a embauché le coach suisse et expert à la SRF Stefan Abplanalp, qui a déjà entraîné Lindsey Vonn et Ilka Štuhec. « Il a été incroyable, il a monté toute une équipe à Saas Fee et ils m’ont vraiment aidée à mettre des choses en place et à trouver des opportunités pour m’entraîner », a expliqué l’Américaine.
Outre le Bernois, son équipe était composée d’un second coach et d’un service man, tous Suisses. « Ils m’ont énormément aidée. C’était un peu solitaire, bien sûr, mais ça a agrandi mon cercle familial. Cette médaille est aussi pour eux et pour mon équipe avec qui je m’entraîne maintenant et qui a toujours été là en pensée. Cela veut dire beaucoup. »
Pour Stefan Abplanalp, qui a accompagné Breezy Johnson de mai à décembre, d’abord en Valais puis à Copper Mountain, le triomphe de l’Américaine n’était pas une grande surprise. « J’étais convaincu qu’elle pourrait faire une médaille. Que ce soit une médaille d’or, c’est encore plus beau », nous a-t-il confié. « Elle le mérite, c’est une battante. Je suis fier d’elle. »
Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm