La pièce est exigüe. Sa surface est de 25 mètres carrés, pour être précis. Une douche, un canapé-lit, un bureau et juste la place pour installer un vélo d’appartement (home trainer) face à une grande vitre qui offre une vue guère plaisante sur les quartiers nords de Pékin. C’est ici, dans cette petite chambre d’hôtel à une demi-heure de l’aéroport de Daxing, que Patrizia Kummer prend son mal en patience. La Valaisanne, qui a fait le choix de ne pas se faire vacciner, y respecte une quarantaine de 21 jours, obligatoire afin de pouvoir participer le 8 février prochain au géant parallèle des Jeux olympiques.

La chambre de Patrizia Kummer à Pékin. (Patrizia Kummer)

“Jusqu’ici tout se passe bien”, rassure la snowboardeuse de la vallée de Conches qui a pris ses quartiers chinois jeudi dernier, avant même sa sélection officielle pour les joutes, tombée mardi. “J’ai fait ce choix en toute connaissance de cause. J’ai pris la décision de ne pas me faire vacciner pour des raisons qui me sont propres. Et comme je ne suis pas contre la vaccination, je respecte le fait de devoir faire une quarantaine.” Voilà déjà plusieurs semaines que la Valaisanne de 34 ans était au fait de l’obligation de se mettre en isolement à son arrivée sur sol chinois dans l’espoir de poursuivre son rêve olympique. Même les obstacles, comme son interdiction de prendre part aux épreuves de Coupe du monde de Carezza et de Cortina d’Ampezzo de par son statut vaccinal, n’ont pas entamé la motivation de la rideuse. “C’est ainsi et j’ai la chance que Swiss-Ski et Swiss Olympic m’ont toujours soutenue dans mon choix et m’ont beaucoup aidée.”

Entraînement physique, yoga et paperasses personnelles, les journées sont bien remplies

Dans le Holiday Inn pékinois, Patrizia Kummer travaille sa zen attitude. “Je suis une personne positive”, rigole-t-elle en visioconférence. Enfermée dans sa chambre, la championne olympique de Sotchi ne perd pas sa bonne humeur. En une semaine, elle s’est déjà appropriée une petite routine. Après le petit-déjeuner déposé devant la porte, elle parfait sa condition physique le matin. Et le reste de la journée est tout aussi bien rempli. “L’après-midi, je réalise des exercices de yoga et de coordination. Le reste du temps, je le consacre à bosser mes cours, mon site internet ou des projets personnels. Et j’ai de la chance, j’aime beaucoup la nourriture chinoise.”

Patrizia Kummer se maintient en forme tous les matins. (Patrizia Kummer)

Selon les informations obtenues, elle serait la seule athlète participant aux Jeux olympiques dans l’obligation à respecter une quarantaine. “Cela m’importe peu ce que pensent ou font les autres. Et je n’estime pas que cette situation soit particulièrement difficile. J’aurais très bien pu être blessée.”

Cinq jours pour s’acclimater à la neige

Logiquement, Patrizia Kummer pourra sortir de sa quarantaine le 3 février prochain, date à laquelle atterrira l’équipe de Suisse de snowboard alpin, pour entrer dans la bulle olympique qui se veut hermétique au maximum. “J’irai immédiatement au village olympique basé en montagne.” La triple lauréate de la Coupe du monde aura alors cinq jours pour apprivoiser la neige asiatique, bien différente de l’or blanc alpin. “Cela sera nécessaire compte tenu que je n’ai pas véritablement l’occasion de monter sur ma planche dans la chambre.”

Patrizia Kummer n’a pas perdu son sens de l’humour. En espérant qu’elle n’ait pas perdu non plus son feeling sur la neige pour tenter de décrocher une seconde médaille olympique.

Johan Tachet