Jeudi matin, les meilleures descendeuses de la planète ont enfin pu tester la Gran Becca. En position de recherche de vitesse, elles ont glissé sur un peu plus d’une minute et trente-cinq secondes en Italie, sur une piste de Zermatt/Cervinia que beaucoup jugent facile. Voire trop facile. Et ce malgré des pointes de vitesse à plus de 125 km/h – même si les relevés officiels (145 km/h) fournis par le chronométreur étaient erronés -, de quoi rendre jalouses les rafales de vent prévues ce week-end.
« Cela reste une piste plaisante », confie Corinne Suter qui s’est toujours sentie à l’aise sur les tracés où la glisse est une composante importante de la performance comme à Lake Louise ou à Val d’Isère. « On ne peut pas comparer les pistes. La Gran Becca possède son caractère. Il faut être capable de prendre de la vitesse et le tempo de haut en bas, d’être compacte et ne pas faire de faute », poursuit la championne olympique de descente qui reconnaît que la piste finalement 100% italienne n’est « pas la plus exigeante » du circuit. « Je l’ai découverte aujourd’hui (jeudi), car jusqu’ici, je ne l’avais vue qu’en vidéo. J’étais étonnée car c’est assez plat, je ne savais pas si j’allais décoller ou non sur les sauts. »
« On décolle sur les sauts, mais c’est plat »
« La vitesse, c’est cool, il y a des beaux sauts où on décolle bien, mais c’est plat », acquiesce Noémie Kolly qui ne va certainement pas mettre la Gran Becca au sommet de sa liste des pistes préférées. « Après le départ, il y a quatre portes techniques dans un mur, mais ce n’est pas très difficile, car nous ne sommes pas très rapides à cet endroit. Je préfère les pistes techniques. Ici, il n’y a pas de passage-clé où il faut vraiment être sur le ski extérieur. »
Reste que la Gruérienne, de retour de blessure après une saison presque blanche et en concurrence avec les soeurs Jasmina et Juliana Suter pour le dernier ticket suisse, a tenu le choc lors du premier entraînement sur un tracé qui ne correspond pas forcément à ses qualités. La Fribourgeoise a signé le 8e temps helvétique à quelques poussières de seconde de Lara Gut-Behrami et de la championne du monde Jasmine Flury. « Je ne suis pas aussi larguée que je le pensais. En plus j’ai fait des fautes et je sais que je peux encore être plus rapide. »
La technique ne fait pas la différence
Pour Lara Gut-Behrmi, il était « important de skier une fois sur cette piste après toutes les discussions qu’il y a eu autour » durant plusieurs semaines. Mais la skieuse aux 38 victoires en Coupe du monde s’accorde à dire que ce n’est pas la piste la plus spectaculaire sur laquelle elle ait skiée. « Sur les pistes simples, il est difficile de skier et très compliqué d’être la plus rapide. Il n’y a ici aucun endroit où on peut accélérer et aucun endroit où on peut se permettre de faire des fautes, car tu dois faire la différence sur chaque centimètre. Il n’y a pas 150 choix de lignes que tu peux aborder en t’appuyant sur ta technique. Il faut être groupée, se laisser glisser et ce n’est pas là où j’excelle. »
Et les conditions météorologiques des derniers jours, ainsi que le revêtement – la partie sommitale de la Gran Becca emprunte le glacier du Théodule -, ne donnent aucune uniformité au tracé. « Après trois semaines de neige et de vent, même la meilleure piste du monde ne deviendrait pas super », poursuit la dauphine de Mikaela Shiffrin au classement général l’hiver dernier. « Ici, la glace ressort sur le haut et, sur la partie en-dessous, c’est mou car il a neigé. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour s’exprimer. » Et les chutes de neige annoncées ces prochaines heures ne vont pas rassurer davantage la Tessinoise.
Johan Tachet, Breuil-Cervinia