Il fallait avoir le coeur bien accroché pour suivre l’exploit d’Arnaud Boisset ce vendredi sur la Streif de Kitzbühel. Aligné pour la première fois en course lors des épreuves du Hahnenkamm à 25 ans, le Martignerain est passé par toutes les émotions avant d’exploser de joie dans l’aire d’arrivée.

D’abord, Arnaud Boisset a dû prendre son mal en patience. Comme tous les concurrents, il a subi le premier report de la course d’une heure, en raison de conditions météo plutôt compliquées dans la station autrichienne. Finalement, avec le dossard 53, il a pu s’élancer pour ce qui n’était que son 7e départ en Coupe du monde, moins d’une semaine après avoir dû interrompre sa course à Wengen puisque son airbag s’était déclenché de façon inopportune.

Un lisseur en cause

Très rapide sur le haut du parcours, dans le coup pour réussir un gros résultat, Arnaud Boisset a toutefois été contraint de s’arrêter sur le chemin (Gschöss) qui suit le Steilhang, puisque les responsables de la piste lui ont tendu un drapeau jaune. En effet, plus loin sur le parcours, un lisseur du ski club de Kitzbühel avait perdu le contrôle de ses skis pour s’envoyer dans la bâche de l’un des sponsors de la course, une célèbre boisson énergisante. Impossible dès lors de laisser le Valaisan poursuivre dans des conditions de sécurité suffisantes puisqu’il a fallu réinstaller la bannière.

Frustré mais pas découragé, Arnaud Boisset a été dirigé au plus vite vers un hélicoptère, afin de se faire ramener au départ pour avoir une nouvelle chance de conquérir la Streif, comme il en a la possibilité s’il le souhaite (on se souvient d’une situation similaire pour Franjo von Allmen la semaine dernière à Wengen). C’est le protocole. Petit détail toutefois, un coureur dans cette situation peut s’élancer quand il le désire (pour autant qu’il soit prêt au départ) mais doit le faire avant l’ultime concurrent. Et ce vendredi, ils étaient… 57 sur la liste de départ. Il n’en restait donc que quatre derrière le vice-champion de Suisse de descente. Équipé d’une veste de l’organisation, le vainqueur de la dernière Coupe d’Europe de super-G a (très) rapidement été transporté au départ en hélicoptère.

Une manche extraordinaire

Finalement, il a pu s’élancer juste avant l’Autrichien Raphael Haaser, qui refermait le portillon. C’est là que la magie a opéré. Remonté comme jamais, Arnaud Boisset a mis toute sa rage dans sa course, notamment sur le haut. Profitant peut-être d’avoir déjà pu skier les premières portes et d’une visibilité correcte, il a trouvé des trajectoires magistrales et occupait tout simplement la première place au troisième temps intermédiaire devant l’ensemble des favoris. Excusez du peu!

Peut-être quelque peu éprouvé physiquement par sa mésaventure, il a ensuite logiquement perdu du temps, dans des zones qui convenaient probablement moins à ses qualités techniques également. Mais même s’il devra patienter avant de bousculer Marco Odermatt du podium pour y monter une première fois, il a malgré tout réussi la course de sa vie pour prendre une plus qu’inattendue 9e place, de loin son meilleur résultat en carrière.

Le tout dans la Mecque de la descente qu’est Kitzbühel, sur la piste la plus spectaculaire de la planète, non sans avoir vécu la journée la plus folle depuis ses débuts sur les skis à n’en pas douter. On en redemande!

LMO