On s’attendait à un duel entre Marco Odermatt et Cyprien Sarrazin sur la Streif, on n’a pas été déçus lors de la première descente de Kitzbühel. Le Nidwaldien et le Français ont répondu présents, imités par le surprenant Italien Florian Schieder, venu se mêler à la lutte pour la victoire. Mais encore une fois, il fallait se montrer fort, très fort pour devancer les deux meilleurs spécialistes de vitesse de la planète. “Et encore, ce n’est depuis la semaine dernière à Wengen que Dominik Paris m’a dit que j’étais désormais un vrai descendeur”, se marre Cyprien Sarrazin qui a remporté la compétition sur la mythique piste du Tyrol.

Le Français, hilare dans l’aire d’arrivée, ne saisit pas encore la portée de son exploit. “Quand j’ai vu le numéro 1… C’est dingue”, peine à trouver les mots l’ancien géantiste qui s’est orienté vers les courses de vitesse la saison dernière uniquement. Pour son baptême du feu sur la Streif il y a une année, il avait terminé dans les filets de sécurité. Douze mois plus tard, le voici titré sur le plus beau tracé du circuit. “Je suis passé par toutes les émotions, les plus dures de toute ma vie et les plus incroyables. C’est pour cela que j’en suis très fier. C’est mon plus beau cadeau, car je n’ai jamais lâché.”

Marco Odermatt se contente de la troisième place

Cyprien Sarrazin réalise un exploit historique pour le ski français, puisqu’il n’est que le troisième athlète tricolore à s’imposer sur la descente de Kitzbühel après Jean-Claude Killy (1967) et Luc Alphand (1995 et 1997) en version Coupe du monde. Ce dernier, qui lui est tombé dans les bras une fois la ligne d’arrivée franchie, ne tarit pas d’éloges son successeur et répète qu’il est un grand fan de Cyprien Sarrazin. Avec ses potes de l’équipe de France, “Cyp” a réussi à profiter de son exploit même s’il a dû enchaîner les interviews. “C’est presque plus intense que ma course”, a-t-il continué en rigolant et savourant son second succès en descente après sa démonstration de Bormio le mois dernier. “Émotionnellement, c’est encore plus fort qu’à Bormio”, a-t-il assuré. “En Italie, je partais devant. Ici, je me suis élancé derrière tous les favoris. Quand j’ai vu le 1, j’ai explosé, j’ai gueulé. Je n’ai d’ailleurs presque plus de voix.”

Quelques instants avant de faire la tournée des micros, Cyprien Sarrazin a longuement discuté avec Marco Odermatt. Les deux hommes ont compté, en souriant, les points qui les séparent désormais au classement de la descente. Vingt-six en l’occurence. Un léger matelas en faveur du Nidwaldien qui se contente volontiers de la troisième place aujourd’hui. “Franchement, c’est cool d’être sur le podium, car ce n’était pas la descente parfaite”, analyse le leader du général.

“Je n’ai pas de limite”

À l’entraînement déjà, le prodige de Hergiswil ne s’était pas senti des plus à l’aise. “Je n’avais pas les bonnes sensations. Aujourd’hui, cela allait déjà beaucoup mieux. Mais il reste des fautes à gommer.” De quoi aller chercher samedi un doublé Wengen-Kitzbühel qui n’a plus été réalisé par un Suisse depuis Didier Défago en 2009? “Pour cela, je dois m’améliorer de haut en bas.”

Et il ne sera pas le seul à briguer la victoire, car son rival français est en pleine bourre. “Je vais essayer de bien récupérer”, reprend Cyprien Sarrazin. “Je n’ai pas de limite.”

SSW, Kitzbühel/Johan Tachet