Killian Peier aborde à seulement 23 ans ses quatrièmes Mondiaux avec le sourire. Il faut dire qu’il aura un vrai rôle d’outsider sur le Bergiselschanze d’Innsbruck pour le concours au grand tremplin et sur le “Toni Seelos” de Seefeld pour l’épreuve au petit tremplin. Dixième de la dernière Tournée des 4 Tremplins après avoir notamment brillé à… Innsbruck (7e, son premier top 10 en Coupe du monde) au mois de janvier, le sauteur de la Vallée de Joux est en pleine confiance.

Les résultats de ses deux premiers sauts d’entraînement dans la capitale du Tyrol en sont la preuve. Premier (!) grâce à un bond à 131 mètres en étant parti d’une plateforme supérieure aux favoris puis 2e (129 m) lors de sa seconde tentative, le résident d’Einsideln a prouvé qu’il allait falloir compter avec lui. Et dire qu’il y a un an, il regardait ses pairs aux Jeux olympiques à la télévision après avoir manqué la sélection pour PyeongChang…

Régulièrement dans le top 10 depuis le mois de janvier, le meilleur sauteur helvétique du moment reste sur une 8e et une 11e place à Willingen. Il tentera de faire mieux en Autriche, lors d’un rendez-vous qui lui a déjà souri, à l’image de Lahti en 2010 (18e sur le petit tremplin). Trois épreuves seront à son programme. Le concours au grand tremplin (samedi), par équipes (dimanche) et au petit tremplin vendredi prochain. Entretien.

Killian Peier, dans quel état d’esprit abordez-vous ces Championnats du monde?

Je me sens bien, détendu. Ça s’est bien passé à Willingen dernièrement, j’ai pu trouver le rythme rapidement. Ce qui m’a aidé, c’est que j’ai réussi à être prêt mentalement en arrivant. Après, c’était un long week-end (ndlr: il y avait également un concours par équipes) et je sais que j’ai le potentiel pour améliorer encore la stabilité de mes sauts. Il me reste une marge de progression. Cependant, je sais aussi que mes adversaires vont être à 110% ici. Mon but est premièrement de trouver le plus vite possible mes marques.

Le Bergisel, c’est un endroit que vous connaissez bien, et un tremplin sur lequel vous avez de bons souvenir.

En effet! C’est une très bonne nouvelle de savoir que les Mondiaux ont lieu ici. Tout les voyants sont au vert. Il ne faut toutefois pas oublier que cette fois, c’est un événement différent de la Tournée. Les attentes sont différentes, la pression également. Mais je suis content de pouvoir sauter ici.

Idem pour Seefeld?

Oui, c’est un tremplin que je connais également très bien. On s’y est souvent entraîné et j’y ai de bons souvenirs. Mais je ne suis pas le seul.

L’Autriche, vous appréciez?

Oui, c’est agréable. Notamment car c’est proche de la Suisse. Mes parents vont pouvoir venir assister à mes concours, c’est cool.

A quelles conditions vous attendez-vous?

Il va faire chaud, mais ça ne change pas grand chose pour nous si ce n’est qu’on porte une veste plus légère avant le saut. Il risque par contre d’y avoir un petit peu de vent. Sinon, j’imagine qu’il devrait y avoir passablement d’ambiance, c’est vraiment bien. L’objectif est d’être prêt à affronter toutes les conditions.

Depuis le mois de janvier, vous enchaînez les bonnes performances, avec quelques petits coups d’arrêts. Que vous manque-t-il encore pour être constamment tout devant?

Je ne suis encore pas tout à fait à l’aise sur les tremplins de vol à ski. J’ai encore un petit peu à apprendre sur le plan mental. Je dois avoir confiance en ma façon de voler car je suis maintenant capable de voler très loin. Ça n’a pas marché comme je l’espérais à Oberstdorf, mais j’en retire beaucoup de positif. Et je suis déjà très heureux d’avoir pu me prouver que je peux faire de très bons sauts sur n’importe quel type de tremplin.

Aux Mondiaux, quel sera votre objectif?

Déjà, je ne me fixe pas d’objectif chiffré. J’espère surtout pouvoir montrer ce dont je suis capable. Je vais rester calme et si une porte s’ouvre, j’essayerai de m’y engouffrer.

Vous disputez déjà vos 4e Mondiaux. Un avantage?

C’est clair que c’est important de pouvoir profiter de mon expérience. J’aborde ce rendez-vous très calme.

Vous êtes le leader de l’équipe de Suisse pour la première fois. Une pression supplémentaire?

C’est vrai, c’est une première pour moi. Le but sera de faire la même chose qu’en Coupe du monde. Il y a certes un petit peu plus d’engouement médiatique, mais ça ne change pas la donne.

Par équipes, que peut-on espérer de la Suisse?

Si tout le monde est en forme, on peut espérer entrer dans le top 6. Ce serait chouette. C’est sûr que notre réservoir est limité et ne nous permet pas de viser les médailles, mais ça permet à des jeunes de venir en Coupe du monde par exemple. C’est l’avantage.

Ce nouveau statut, ça change quelque chose pour vous?

Disons que je deviens un petit peu plus sévère avoir moi-même. Désormais, j’arrive à savoir ce qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas. Ça m’aide pour m’améliorer. En ce moment, je fais peut-être un bon saut sur 4, deux sauts sur 4 bons et un sur quatre n’est que moyen. Je sais que je peux faire mieux. Après, je dois aussi rester réaliste et il me reste encore du travail pour être tout devant.

Maintenant que Simon Ammann se rapproche de son meilleur niveau, ça doit vous donner envie de rester devant lui.

C’est clair. Il saute bien mieux qu’en début de saison. Mais ça me donne de l’énergie et du challenge, j’ai toujours envie de faire mieux.

Laurent Morel