Le sport de haut de niveau peut parfois changer rapidement de visage. Il y a une année, Killian Peier se posait au pied du podium du tremplin du Tiltis. Deux fois quatrième, il ne lui avait manqué que quelques centimètre pour grimper sur le podium des concours d’Engelberg. Une année plus tard, la réalité n’est plus la même pour le sauteur de la Sarraz (42e) qui n’est pas parvenu à se qualifier pour la seconde manche de l’épreuve du jour disputée dans le canton d’Obwald et remportée par le Slovène Anze Lanisek.

Aujourd’hui, le Vaudois se bat pour retrouver ses sensations. Cela ne fait que trois semaines que le meilleur sauteur du pays a repris le chemin des tremplins. Victime d’une micro déchirure du tendon rotulien au genou gauche durant l’été, Killian Peier a dû prendre son mal en patience lors de la préparation automnale, renonçant notamment aux premières épreuves de la saison. Ce n’est que le week-end dernier qu’il a fait son retour sur la Coupe du monde à Titisee Neustadt. Pas après pas, bond après bond, le sauteur romand progresse. “Ça vient gentiment. A chaque saut, c’est toujours mieux”, rassure-t-il même s’il ressent encore des douleurs de temps à autre.

Une petite trentaine de sauts uniquement

Après avoir manqué plusieurs semaines de préparation, Killian Peier fait face un “processus qui prend son temps”. “Il est difficile de dire où je me trouve aujourd’hui honnêtement.” Ronny Hornschuh, l’entraîneur en chef de l’équipe de Suisse, rappelle que son protégé n’a sauté “qu’une trentaine de fois”. “Ce n’est rien lorsque l’on considère que l’élite mondiale ne s’arrête jamais de travailler.” Et l’Allemand se montre content des progrès affichés quotidiennement par son sauteur. “Il s’améliore lors de chaque saut, on l’a encore remarqué ici à Engelberg.” D’ailleurs, et contrairement aux deux premières compétitions auxquelles il a pris part la semaine dernière en Allemagne, le Sarrazin a passé à Engelberg l’écueil des qualifications.

Dans son cheminement vers le retour parmi les meilleurs sauteurs du monde, la patience est la mère de toutes les vertus. “Le challenge est de rester positif même si les résultats ne suivent pas”, reprend Killian Peier. La résilience est un précepte que ne connaît que trop bien le Vaudois qui s’était déchiré le ligament antérieur de son autre genou, le droit, il y a deux ans. “Dans le sport, il y a toujours des hauts et des bas. On apprend de chaque expérience qui nous permette de devenir plus fort”, philosophe Ronny Hornschuh qui est certain que son poulain retrouvera rapidement son niveau qui était le sien.

Killian Peier, lui, entend avancer sans se mettre une pression inutile à travers des objectifs chiffrés. Seule la répétition des efforts l’importe et, avec, les sensations reviendront. “Il est important de prendre les sauts les uns après les autres. La technique vient en sautant encore et toujours, et la distance suivra.” Dimanche après-midi, il aura l’occasion de se rapprocher du top 30, groupe dans lequel se trouve légitimement sa place, lors du second concours d’Engelberg.

Johan Tachet, Engelberg