Dans la nuit finlandaise de Ruka, Gregor Deschwanden et Dominik Peter prendront leur envol pour l’équipe de Suisse sous les étoiles pour le véritable coup d’envoi de la saison de Coupe du monde de saut à ski. Blessé depuis l’été, Killian Peier n’a pas eu le choix de faire une nouvelle fois l’impasse, après avoir manqué le prologue à Wisla (POL) voici trois semaines. Mais le Vaudois, qui va reprendre l’entraînement sur tremplin ces prochains jours, assure qu’il va mieux. Il espère être de retour à la compétition dans deux semaines à Tilsee. A la veille de ce début de saison, le sauteur romand revient sur cette nouvelle blessure, son probable retour à la compétition dans deux semaines, ses ambitions pour l’hiver à venir et la création de son propre podcast. Interview.

Killian Peier, vous avez renoncé à prendre part aux épreuves de Coupe du monde de Ruka ce week-end. Toutefois comment vous portez-vous?

De mieux en mieux. J’ai pu sauter ce mercredi à Einsiedeln pour la première fois et tout s’est bien passé.

Quelles sont les causes de votre blessure au genou gauche qui vous ont tenu éloigner des tremplins depuis l’été?

Tout a commencé par une inflammation au tendon rotulien. Puis lors d’un entraînement mi-août, ça s’est empiré. J’ai été victime d’une micro déchirure du tendon. Et désormais ça prend du temps à s’en remettre. J’ai complètement dû stopper. Pendant un petit moment, je pensais savoir ce que c’était, mais après un mois, j’avais toujours mal et je suis donc allé voir un spécialiste qui a pu poser un diagnostic de déchirure.

Par rapport à votre déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit il y a deux ans, comment avez-vous géré cette blessure?

Plus difficilement, car la blessure n’était pas claire. A l’époque, je ne pouvais pas marcher, mais je savais ce qu’il en était, ce que je devais faire et j’avais un point de mire qui m’assurait de pouvoir sauter une année après. Cette année, je ne savais pas quoi faire. J’ai vu deux docteurs qui ne pouvaient prédire exactement la durée de la blessure. Cela pouvait durer entre cinq semaines ou cinq mois.

Avez-vous tout de même pu continuer à vous entraîner physiquement?

Je pouvais faire tout ce que je désirais pour mon entraînement physique pour autant que la douleur ne dépassait pas 3 sur une échelle de 1 à 10. C’est très subjectif et difficile mentalement à gérer. Surtout que je ne savais pas quand et comment j’allais revenir. J’ai fait du mieux que je pouvais.

Vous vous êtes fixé comme objectif d’être de retour en Coupe du monde dans deux semaines et demie à Titisee Neustadt en Allemagne voisine.

C’est réaliste, même s’il réside toujours une part d’imprévu. La douleur a bien diminué, même si je sais que j’ai des chances que je sente encore mon genou durant quelque temps. Je pense que je suis à 95% de mon processus de guérison.

Le but est clairement de pouvoir sauter lors de l’épreuve d’Engelberg les 17 et 18 décembre.

Effectivement, j’ai vraiment envie d’être présent, de pouvoir concourir à la maison, devant mes proches, même si ce n’est pas un avantage de sauter pour nous, Suisses, à Engelberg, car nous nous y entraînons jamais (ndlr: l’équipe s’entraîne principalement à Einsiedeln où réside Killian Peier).

Malgré une préparation tronquée, parvenez-vous à placer des objectifs chiffrés pour l’hiver si on songe que vous sortez de votre saison la plus aboutie sur le front de la Coupe du monde (ndlr: 17e du général avec 13 top 15)?

Les résultats du dernier hiver m’ont boosté, mais il est difficile de se fixer des objectifs concrets compte tenu qu’il me manque trois mois de préparation. Ça peut aller dans une direction comme dans l’autre, mais l’importance et de prendre du plaisir et de continuer à grandir en tant qu’athlète.

La première étape de la Coupe du monde de l’hiver à Wisla, que vous avez donc également manquée, s’est disputée pour la première fois sur un format hybride où le tremplin était enneigé alors que la réception se faisait sur un revêtement artificiel comme en été. Qu’en pensez-vous?

Wisla est une étape spéciale. Car si l’ambiance est superbe, ce n’est jamais une bonne idée d’y organiser une Coupe du monde en début de saison car il n’y a jamais beaucoup de neige. Mais je ne pense pas que ce format hybride soit le futur de notre sport, peut-être dans 50 ans lorsqu’il n’y aura vraiment plus de neige. L’hiver doit rester l’hiver, et commençons par aller où se trouve cette neige.

Le Polonais Dawid Kubacki a remporté d’ailleurs les deux premiers concours devant son public. Est-il déjà le favori au grand Globe de cristal?

Si je ne me trompe pas, celui qui gagne la première étape de Coupe du monde n’a jamais remporté le général (rires). Je mise sur une surprise toutefois cette saison, mais je ne saurais encore dire qui.

Hors de la compétition, vous avez lancé votre propre podcast intitulé «The Headwind Podcast». Comment vous est venue l’idée?

D’un point de vue général, c’est de pouvoir faire autre chose à côté de la pratique sportive. Je voulais me challenger, me découvrir et faire quelque chose qui me plaisait. Et je l’ai trouvé en créant un podcast. J’en écoutais moi-même et j’avais remarqué qu’il n’y en avait aucun qui traitait du saut à ski en anglais. Il y en avait un ou deux en allemand, un en norvégien. C’était une opportunité. Je voulais le faire en anglais pour toucher le plus grand nombre également.

Quels sujets abordez-vous ?

Évidemment, je parle de saut à ski, car j’ai la réelle envie de faire découvrir mon sport d’une autre manière, de partager des détails à travers mon expérience au rythme d’un épisode par semaine tous les mardis entre dix et quinze minutes, mais également en réalisant des interviews un peu plus longues. J’aimerais jongler entre les deux styles. D’ailleurs, la semaine prochaine, Simon Ammann sera mon premier invité.

Johan Tachet

A retrouver: «The Headwind podcast» de Killian Peier disponible sur Apple, Spotify et Soundcloud