L’aire d’arrivée du géant de Schladming s’est parée de rouge et de blanc. C’est tout le clan suisse qui savoure un doublé helvétique en terre autrichienne presque inattendu, compte tenu de l’absence du patron de la discipline Marco Odermatt, qui a ménagé son genou gauche, en vue d’être prêt pour les Championnats du monde dans une dizaine de jours.
Alors la victoire de Loïc Meillard devant Gino Caviezel est encore plus retentissante. Pour le Valaisan, naturellement, qui a remporté son premier succès de prestige sur le front de la Coupe du monde. Et pour son entourage ensuite, à commencer par Julien Vuignier. L’entraîneur valaisan, avec Matteo Joris, a personnellement accompagné le skieur d’Hérémence ces derniers mois. Il raconte la victoire de son protégé.
Julien Vuignier, c’est l’euphorie après ce premier succès de Loïc Meillard en géant.
Tout le monde courrait derrière cette victoire, tout le monde y pensait. C’est exceptionnel. On connaissait les capacités de Loïc. On savait que sur la glace, comme ça en géant, il pouvait être dangereux. Là, c’est la satisfaction du travail qu’il a surtout accompli lui et avec toute l’équipe derrière, c’est magnifique.
Pourtant, cette victoire a pris du temps pour le Valaisan qui a si souvent tourné autour de celle-ci ?
Le temps, il faut le provoquer. On savait que ça pouvait venir. La question, c’était toujours quand, quand, quand… Et là, maintenant, on peut dérouler et enchaîner je pense. Ça va être bien la suite.
L’attente de cette première victoire, perturbait-elle Loïc Meillard?
Il ne pensait pas trop à ça. Il était surtout parfois déçu de louper des manches, de louper des victoires car il avait mal skié lors de la deuxième. Mais je ne crois pas qu’il ne se focalisait que sur cette victoire. Il voulait simplement skier et puis c’est arrivé.
Lors de ce géant de Schladming, Loïc Meillard a découpé la première manche la remportant avec une avance confortable. Quel a été le mot d’ordre avant d’aborder la seconde?
Il fallait rester sur le même mode que lors de la première. Rester léger, se faire plaisir. Il a fait une traverse un peu moyenne, on a eu un peu des soucis. Mais il bien réagi sur la fin, c’est là qu’il a regagné du temps. Et voilà, c’est fait, on l’a dans la poche.
Sur le bord de la piste, comment avez-vous vécu cette deuxième manche?
Dans des moments comme ça, on prend des coups de vieux. Surtout quand on le voit faire des fautes, qu’il se crispe un peu. On se dit qu’il faut qu’il continue à lâcher. Mais voilà, maintenant c’est fait, on va profiter.
C’est la récompense d’un travail effectué en amont, avec notamment la mise en place d’un programme adapté que vous supervisez.
Oui et Loïc skiait déjà tout l’été très fort. Il a toujours été devant à tous les entraînements. C’est surtout son travail à lui, d’aller chercher quelque chose de plus, d’être perfectionniste. Aujourd’hui, on a fait un pari aussi. On a pris un ski qu’on n’a plus skié depuis Alta Badia. Il a eu le culot de le faire et ça a fonctionné.
C’est son côté travailleur et perfectionniste qui permet à Loïc Meillard de figurer désormais parmi les meilleurs skieurs de la planète?
Il n’est pas plus perfectionniste que les autres. Mais il est plus joueur. Il a plus de plaisir à toujours bien skier et surtout à ne rien lâcher.
Et, par rapport à peu d’athlètes, il est capable de briller dans au moins trois disciplines.
Cette polyvalence, ça aide. Dans tous les sports qu’il touche, il est assez vite bon. C’est aussi pour ça qu’il fait toutes ces disciplines. Il ne s’ennuie jamais. S’il ne faisait que du slalom, je pense qu’il ne serait pas bon car il s’ennuierait. Le fait de toucher à tout lui laisse toujours une certaine liberté et le plaisir de skier.
Johan Tachez, de retour de Schladming/LMO