Son cri de joie transperce le vacarme ambiant du stade de la piste de la Planai. Loïc Meillard jubile. Il vient de s’adjuger le premier géant de sa carrière à Schladming (AUT). Un succès de prestige que le skieur d’Hérémence aura longtemps attendu, après être passé souvent si près d’une victoire qui le fuyait, parfois d’un rien. Cette fois, ça y est, le Valaisan tient son triomphe de référence sur le front de la Coupe du monde, trois ans après un succès en parallèle à Chamonix qu’il a longtemps souhaité échanger contre une victoire dans une discipline, dite “traditionnelle”.
Sous les étoiles de Styrie, Loïc Meillard a brillé pour devancer avec la manière son compatriote et ami Gino Caviezel de 0″59. Un bonheur partagé qui ravit l’Hérensard. Mais le prodige d’origine neuchâteloise garde les pieds sur terre.
Loïc Meillard, que représente pour vous ce magnifique succès, le premier de votre carrière en géant, après avoir souvent tourné autour?
C’était le moment, enfin! Ça a pris le temps qu’il faut, mais je suis heureux d’avoir pu gagner et surtout de partager ce succès avec Gino Caviezel. Réaliser une telle performance, à deux, c’est fantastique, ça fait chaud au coeur. J’avais déjà réussi l’un ou l’autre doublé avec Marco (Odermatt), mais avec Gino c’est différent, car on travaille souvent ensemble durant l’été. C’est un gros bosseur et il mérite également cette récompense.
C’est la sixième fois que vous refermiez le portillon de départ. Existe-t-il de la nervosité, sachant que par le passé, la victoire vous a souvent échappé?
Lorsque j’étais en tête, je suis presque à chaque fois monté sur le podium (ndlr: à quatre reprises sur les cinq fois où il avait signé le meilleur chrono sur le premier tracé). Je savais donc que le ski était là, je ne me suis jamais affolé. Je ne me suis pas dit entre les deux manches, cette fois, je dois la gagner. J’ai simplement pensé à réaliser le même ski que sur la première, sans faire de faute. Il y a toujours une différence entre y croire et parvenir à le faire. Ça n’a pas pas voulu jusqu’à maintenant, et ça fait plaisir de finalement conclure.
Vous avez notamment réalisé une première manche de feu lors de laquelle vous avez construit votre victoire. Ressentiez-vous sur la piste que vous étiez performant?
Oui et non. Je sentais que c’était correct. J’arrivais à travailler, mais après, on ne sait pas ce que les autres ont réalisé. C’est toujours difficile de mettre en perspective, d’autant plus qu’il n’y avait pas beaucoup de vitesse sur le tracé et nous n’avions pas les meilleures sensations du monde.
Participer au slalom mardi soir, sur cette même piste, était-ce un avantage?
Oui, on peut le dire, car nous sommes deux sur le podium (ndlr: l’Autrichien Marco Schwarz a pris la 3e place). J’avais de la confiance, je savais comment le ski allait réagir et ce sont plusieurs petites choses auxquelles je n’avais pas besoin de penser.
L’absence de Marco Odermatt, qui restait sur quatre succès en cinq courses cette saison dans la discipline, a ouvert une brèche. Vous vous y êtes engouffré. Avez-vous pensé avant la course que c’était maintenant ou jamais?
Pas du tout, car de nombreux skieurs vont très vite également. On a l’obligation de tout donner. Et c’est alors plus une bagarre contre soi-même.
Vous allez enchaîner avec les super-G de Cortina d’Ampezzo. Avec une victoire, on récupère plus facilement?
La fatigue s’oublie plus rapidement, c’est clair. Mais disputer deux courses en nocturne est pesant pour le système, les nuits de sommeil sont différentes et donc pas top top. C’est clair qu’il faudra veiller à bien récupérer.
Votre entraîneur Julien Vuignier a dit que désormais, après ce premier succès, vous allez dérouler et en gagner d’autres. C’est également votre sentiment?
Si seulement je pouvais enchaîner… (rires). Je dois continuer dans la même direction, continuer à travailler et on verra bien quand la deuxième arrivera.
Johan Tachet, Schladming