Il y a trois mois, Henrik Kristoffersen chaussait pour la première fois ses nouveaux skis Van Deer – Red Bull pour prendre la 3e place du géant d’ouverture de Sölden. Depuis, l’intrépide norvégien au caractère bien trempé a aligné sept podiums pour deux victoires en slalom lors des 11 courses auxquelles il a participé cet hiver. Un exploit lorsque l’on songe que le Scandinave skie sur une marque nouvellement créée par la légende autrichienne Marcel Hirscher.

Alors évidemment, les performances du Norvégien suscitent le débat sur ses skis. Certains estiment que ce sont des Atomic ou des Rossignol, ancien équipementier de Kristoffersen, déguisés. Un scotch noir présent sur les skis de la marque n’ont fait qu’attiser les curiosités. Mais reste que la marque Van Deer, par son naming associé à une boisson énergétique, ne peut être reconnue à cause d’un point du règlement de la FIS en la matière.

Qu’importe. Pour Jörg Roten, l’entraîneur valaisan d’Henrik Kristoffersen, les résultats de son protégé sont la conséquence d’un gros investissement et d’un immense travail dans l’ombre de la part de toute l’équipe qui entoure le champion du monde de géant de 2019. Interview.

Jörg Roten, vous attendiez-vous à ce qu’Henrik Kristoffersen connaisse déjà autant de réussite lors de cette première moitié de saison avec ses nouveaux skis?

On ne s’y attendait pas du tout par le simple fait que cela ne fait que 16 mois que la marque Van Deer a été créée. C’est incroyable. On est surpris que cela ait pris aussi peu de temps pour nous retrouver devant. Non seulement le matériel fonctionne bien, mais Henrik skie très très bien aussi.

Comment expliquez-vous que ces skis soient déjà performants?

Beaucoup de personnes fortes et compétentes travaillent pour cette marque. Et il y a surtout beaucoup de boulot. Chaque jour, nous faisons des tests de matériel, des changements. C’est un peu la folie. C’est vraiment intense, mais cela paie.

Le Valaisan Jörg Roten se plaît à travailler aux côtés d’Henrik Kristoffersen. (JT/SkiActu)

Au moment où Henrik Kristoffersen vous a fait part de sa volonté de signer chez Van Deer, quel conseil lui avez-vous donné?

En fait, j’étais moi-même directement impliqué dans tout le processus. J’étais à 100% derrière cette décision. Alors oui, on ne savait pas ce que cela allait donner, mais nous avons décidé de prendre ce chemin ensemble.

C’était semble-t-il la bonne décision…

Oui, tout fonctionne pour le moment… Mais on a encore beaucoup de travail. Nous ne sommes pas encore là où nous souhaiterions être. Nous sommes bien dans les conditions molles, mais lorsqu’il y a de le glace ou sur les skis de géant, il est encore nécessaire de réaliser de nettes améliorations. Cela ne s’arrête jamais.

Van Deer ne possède que trois athlètes dans ses rangs avec encore Timon Haugan et Charlie Raposo. Ne souhaiteriez-vous pas un agrandissement du team pour pouvoir bénéficier de plus de points de comparaison?

Pas forcément. Vous savez Henrik (Kristoffersen) a son propre style, il est particulier. Ce qui fonctionne pour un Marcel Hirscher, ne fonctionnera pas chez Henrik, simplement car ils ne font pas la même taille et ils n’ont pas la même façon de skier. Il n’est pas possible de prendre quelque chose d’un athlète pour un autre. Mais nous savons de quoi nous avons besoin.

Dans votre team, vous travaillez avec Ferdinand Hirscher, le papa de Marcel. Comment se déroule le partage des rôles?

Ferdinand est là pour tout ce qui concerne les skis. Moi, je suis là pour la technique. Les lignes sont claires Evidemment, cela a pris du temps pour que l’on se trouve. Mais désormais tout fonctionne très bien, chacun fait son job et se donne à 100%.

Cela fait désormais une année et demie que vous être l’entraîneur attitré d’Henrik Kristoffersen. Comme se passe votre collaboration?

C’est très intense. Nous sommes rarement à la maison, car nous sommes tout le temps à l’entraînement. Mais c’est super intéressant. Le feu et le coeur sont présents et les résultats en course sont la récompense pour tout le travail et tous les sacrifices.

Comment est Henrik Kristoffersen au quotidien?

Il est continuellement concentré à 100% sur ce qu’il doit faire. Il nous demande beaucoup, mais nous lui demandons également énormément. Mais c’est un plaisir de travailler avec lui car il est toujours à l’écoute, il est toujours très motivé.

Le prochain objectif est d’aller décrocher une première victoire en géant avec ses nouveaux skis et concurrencer Marco Odermatt?

On a encore beaucoup de progrès à faire sur les skis de géant. On aimerait jouer la victoire, mais Marco (Odermatt) est tellement fort (ndlr: l’entretien a été réalisé avant le week-end de Kitzbühel). Il faut bosser, encore bosser, mais on le promet, nous ne lâchons rien (rires),

Johan Tachet, Schladming