Les drapeaux suisses s’agitent frénétiquement dans l’aire d’arrivée de Crans-Montana. Les descendeuses helvétiques étaient en feu ce samedi sur la piste du Mont Lachaux inondée par le soleil. Quatre skieuses dans le top 10 et deux sur le podium, les 13’000 fans présents dans l’aire d’arrivée n’auraient pu rêver meilleur scénario.

Si Lara Gut-Behrami, qui a pris la 3eplace, faisait office d’outsider, la belle surprise arrive de Joana Hählen. La Bernoise a réussi la course de sa vie pour monter sur le tout premier podium de sa carrière à 27 ans. “Je n’arrive pas à réaliser. C’est un rêve qui devient réalité”, savourait la skieuse de la Lenk dont le meilleur résultat en 67 départs de Coupe du monde était une 5eplace lors du super-G de val d’Isère en décembre 2017.

Skier sans ligament croisé

Si elle a naturellement pu profiter de son petit numéro de dossard (6), Joana Hählen a su lâcher les skis, prendre des risques et tailler la courbe comme rarement elle l’a fait. “Je n’avais pas de bonnes sensations à l’entraînement. J’ai simplement essayé de repousser mes limites”, poursuit la Bernoise qui avait eu un bon pressentiment avant de s’élancer sur cette piste “spéciale” du Mont Lachaux où elle avait gagné sa première médaille mondiale juniors (bronze du combiné en 2011). “Lorsque j’ai vu le soleil s’est levé ce matin, je me suis sentie sereine, je savais que c’était mon jour.”

Ce podium est aussi une petite revanche sur la malchance qui l’a poursuivie toute sa carrière. La Suissesse ne recense plus le nombre de blessures subies, elle qui skie avec deux genoux bousillés dont l’un qui n’a plus de ligament croisé. “J’ai cassé mon ligament en mars dernier. J’ai souhaité ne pas me faire opérer. J’ai pris un énorme risque et je ne savais pas si j’allais pouvoir skier cet hiver.” Mais face à l’adversité, Joana Hählen n’a jamais basté, faisant profil bas et continuant à se battre, contre les douleurs, contre elle, contre le chrono. “Je n’ai jamais arrêté d’y croire et je suis aujourd’hui récompensée.”

Et l’Oberlandaise n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. “Je skiais bien jusqu’ici, mais je n’avais jamais réussi à le montrer réellement en course. Je peux encore faire de belle choses et mon prochain objectif sera de gagner une course.”

Deux ans après, Lara Gut-Behrami de retour sur le podium de la descente

Si Joana Hählen a pu rapidement fêter son podium, ce n’est pas le cas de Lara Gut-Behrami qui a dû patienter près d’une heure après la course pour que sa troisième place soit entérinée après avoir été classée dans un premier temps 4e. “Je n’avais jamais vu cela de toute ma carrière”, sourit la Tessinoise dont le chronomètre, comme celui de ses compatriotes Joana Hählen, Jasmine Flury et Priska Nufer, ne s’est pas arrêté au moment de franchir la ligne d’arrivée. “C’est un peu bizarre, tu es à l’arrivée et tu ne sais pas ton temps. C’est tendu, car tu sais que tu étais devant au dernier temps intermédiaire.”

Lara Gut-Behrami retrouve le podium en descente pour la première fois depuis deux ans. (Maeva Pellet / SkiActu)

Au final, Lara Gut-Behrami termine à 45 centièmes de Sofia Goggia, qui a remporté la descente. Une belle performance pour la skieuse de Comano qui n’avait plus été à pareille fête dans cette discipline depuis deux ans et une victoire à Cortina. Depuis sa blessure contractée quelques semaines plus tard aux Mondiaux de Saint-Moritz, la Tessinoise peinait à retrouver le niveau qui était le sien dans la discipline reine. “C’est cool d’être sur le podium, je retrouve progressivement mes marques. Cela prouve que le travail paie toujours”, lance-t-elle.

Toujours est-il que Lara Gut-Behrami n’a pas retrouvé son top niveau. “Je suis contente de pouvoir tailler à nouveau des courbes comme je le souhaite, mais j’ai encore certains problèmes”, avoue-t-elle. “Je suis contente de ma course à 80% aujourd’hui. Il me manque quelques virages où je ne suis pas complètement propre, je perds ainsi de la vitesse et des dixièmes. Et même si j’étais première, je tiendrais le même discours.”

Johan Tachet, Crans-Montana