“Je pensais qu’elles pouvaient être dans le top 15, mais pas forcément jouer le podium” Après les 4e et 5e places de Wendy Holdener et Michelle Gisin lors du second slalom de Levi, Denis Wicki est un entraîneur heureux. Ses protégées ont montré tout leur talent malgré un certain manque d’entraînement après avoir connu des pépins physiques ces dernières semaines. “Elles ont l’expérience car elles ont un très bon niveau depuis plusieurs saisons”, poursuit le coach valaisan des slalomeuses helvétiques. “C’est très positif de les voir skier ainsi, car elles ont skié sur dur pour la première fois vendredi, alors que d’autres équipes s’entraînent ici à Levi depuis plusieurs jours. Et surtout, malgré le peu de jours d’entraînement dans les jambes, elles parviennent à être dans le coup.”

Denis Wicki était ravi des performances de ses protégées (JT/SkiActu)

Wendy Holdener n’a rechaussé les skis que depuis une petite semaine après sa double fracture des poignets début octobre. Elle rentre de Laponie avec une 7e et une 4e place, mais surtout des certitudes. “Je suis définitivement sur le bon chemin. Je n’avais pas encore enchaîné autant de manches et je suis ravie que mes mains ne m’aient pas gênée”, savoure la Schwytzoise après sa double performance. “Même avec des jours d’entraînement en moins, la confiance est là. L’instinct aussi”, continue la skieuse d’Unteriberg qui prend en exemple la seconde manche du slalom dominical lors duquel elle a réalisé le 3e meilleur chrono à 0″13 de la Slovaque Petra Vlhova. “Je retiens mon envie d’attaquer. Je dois garder cet état d’esprit pour me battre tout devant.”

Wendy Holdener peut savourer sa 4e place. (Millo Moravski/Zoom)

Michelle Gisin a failli ne pas prendre le départ dimanche

Pour Michelle Gisin, l’analyse des ses performances du week-end est encore plus surprenante lorsque l’on songe que l’Obwaldienne a été victime cet été d’une mononucléose, dont elle ressent encore les effets, et qu’elle n’a remis les skis que début octobre. “Michelle n’a passé que 1200 portes cette année contre 8000 normalement”, mentionne Denis Wicki qui explique que la skieuse d’Engelberg n’a pu effectuer que 8 jours d’entraînement en slalom. “Et ce sont des courtes journées, car après trois ou quatre manches, elle fatigue rapidement.”

Michelle Gisin, 8e et 5e lors des slaloms de Levi, est d’ailleurs la première étonnée à être parvenue à être aussi constante et en forme sur l’ensemble du week-end finlandais. “C’est vraiment fantastique, car le chemin a été très difficile cet été et être à ce niveau déjà maintenant, c’est complètement fou. Toutes ces années de travail avec Denis (Wicki) paient. C’est grâce à lui si le ski est toujours là. Il me disait en septembre quand je n’allais pas bien de ne pas m’inquiéter, qu’on allait y arriver.” En Laponie, l’Obwaldienne a notamment réalisé une performance de choix en signant le 3e chrono sur le premier parcours dimanche, alors que quelques heures auparavant elle avait hésité à prendre le départ. “Je ne sais pas comment j’ai pu sortir une telle manche”, sourit-elle. “Je me sentais horriblement mal ce matin. Quand j’ai pris l’air, cela allait un peu mieux.”

Michelle Gisin s’est battue lors du slalom de Levi. (Millo Moravski/Zoom)

Un futur programme aménagé pour les deux skieuses

Pour Michelle Gisin, il s’agira de gérer ses plages de repos désormais. “C’est souvent après la course que je me retrouve par terre. Ca risque d’être drôle de me voir ce soir à l’aéroport” se marre-t-elle. “Mais je sais que je vais chaque jour un peu mieux et que je m’habitue.” De retour en Suisse demain matin, la championne olympique du combiné embarquera mardi pour les Etats-Unis et Killington, mais ne se rendra pas la semaine suivant à Lake Louise pour les épreuves de vitesse. “Elle doit se ménager et les avions prennent beaucoup d’énergie”, reprend Denis Wicki. “Jusqu’ici, Michelle a très bien géré ses phases de récupération. Elle doit faire attention et va s’entraîner pour les courses de Saint-Moritz (11-12 décembre).” Par conséquent, Michelle Gisin manquera deux descentes, un super-G en Amérique du Nord.

Qu’importe, il était acquis qu’elle ne jouerait pas le classement général cette saison. Tout comme pour Wendy Holdener, qui fera également l’impasse sur les épreuves de vitesse de Lake Louise, le but est de monter en puissance ces prochaines semaines. “On va désormais travailler pour avoir de bonne qualité de manches, de mettre de l’intensité. Je pense que d’ici février, Wendy et Michelle seront bien prêtes”, sourit Denis Wicki, le regard déjà porté sur les Jeux olympiques de Pékin.


Camille Rast (26e): “Je suis un peu un diesel”

“Le point positif est la qualification pour la deuxième manche car ce n’était pas gagné d’avance de pouvoir skier libérée. Je suis contente de mon premier parcours, d’être parvenue à passer le cut. Sur le second, il manquait cette prise de risque sur un parcours très différent de ce que l’on a eu ce week-end. Il n’y avait pas de rythme et les distances changeaient beaucoup.

En début de saison, c’est toujours un peu difficile de me remettre dans le rythme de course. J’ai toujours besoin de plusieurs compétitions pour trouver mes marques, pour trouver mes routines et arriver détendue et sereine au départ. Il existe toujours un questionnement et des doutes. Je suis un peu un diesel. Cela fait plusieurs années que je remarque avoir de la peine à me mettre dans le rythme et je peux le confirmer une nouvelle fois cette année. Ca fait partie de l’apprentissage. Mais quand je regarde la liste de départ, je fais partie des plus jeunes skieuses du top 30. C’est sympa de voir qu’il y a eu du travail fait, mais il y en a encore beaucoup à faire.”

Johan Tachet, Levi