C’est un Justin Murisier très ému qui est monté ce dimanche sur la troisième marche du podium lors du mythique géant d’Alta Badia (ITA). Grâce à une première manche parfaitement maîtrisée et terminée au 11e rang malgré son dossard 25 puis un deuxième parcours de feu, le skieur du val de Bagnes a réalisé l’objectif d’une vie: grimper enfin sur cette boîte qui s’était jusqu’alors refusée à lui. Miné par les blessures depuis de nombreuses années, le Valaisan a enfin fait tourner le sort. Et sous son masque tapageur au sourire pour le moins… ravageur, voire ravagé, le grand pote de Daniel Yule s’est largement expliqué en conférence de presse.

« Je t’explique pas comment elle fait du bien celle-là, avait-il auparavant confié à notre confrère du Nouvelliste présent dans l’aire d’arrivée de la Gran Risa. Ce résultat, c’est fou, j’en ai chié, vraiment. Je me suis battu et y arriver, ça fait du bien. »

Justin Murisier, que ressentez-vous?

Je suis incapable de trouver les mots pour expliquer mon sentiment en ce moment. Je suis passé par tellement d’états pour en arriver là… Tout revient lorsque je parle lors des interviews. Sur la course, j’ai fait mon travail. Je n’ai pas les frissons en pensant à l’échauffement de ce matin mais ce résultat, c’est fou. Je me suis pété trois fois le genou droit, j’ai eu quatre opérations et j’ai toujours des douleurs. J’ai dû faire tellement de rééducation! Je remercie tous ceux qui m’ont aidé, qui ont continué de croire en moi comme je l’ai fait. Il y a les physios, les docteurs et ma famille, ma petite amie aussi. Et il y a mon skiman, pour qui c’est aussi un peu sa récompense aujourd’hui.

La Gran Risa, c’est une piste particulière pour vous, et c’était spécial aujourd’hui.

J’y suis venu pour la première fois en Coupe du monde en 2010 et ensuite j’ai connu tellement de soucis physiques. Mais c’est ici que j’ai réussi une 4e place (ndlr: en 2017). Sur la piste, je me parle en permanence pour me motiver, pour repousser mes limites. Aujourd’hui, il fallait pousser énormément, mais conserver ce sentiment de maîtriser la piste, de ne pas être trop dur sur ce genre de neige. Je pense que la piste m’aime et je l’aime aussi. Je sais comment skier lorsqu’il y a de la pente mais aussi sur la partie plate. C’était la clé aujourd’hui. J’ai réussi deux bonnes manches sur les deux parties. 

Avez-vous eu le sentiment que votre incroyable course allait suffire pour le podium?

J’ai commis plusieurs erreurs, je n’ai pas tout réussi à contrôler lorsqu’il y avait de la pente. J’étais satisfait mais sans plus. Je n’avais que 0″17 d’avance à la fin de la deuxième manche. Du coup, je me suis dit que j’allais peut-être remonter quelques places mais pas jusqu’au podium.

Ce masque que vous portez depuis le début de la saison, c’est pourquoi?

Je veux juste amener des sourires et de la joie sur les visages dans cette période difficile. Si je peux aider, tant mieux.

Et la réussite de l’équipe de Suisse est insolente en ce moment…

C’est intéressant ce qui se passe pour nous. L’équipe est vraiment très très forte. Marco et Loïc poussent énormément à l’entraînement, je n’ai aucune chance contre eux. Mais dans un sens, ils m’obligent à être encore meilleur. C’est aussi grâce à eux si je suis là aujourd’hui, je dois les remercier. Je pense que Thomas Stauffer a mis en place une bonne organisation, qui roule parfaitement. L’esprit d’équipe m’aide vraiment.

LMO