Son visage fermé depuis plusieurs jours s’est à nouveau éclairé. Trois semaines après sa grosse chute lors de la descente de Cortina d’Ampezzo, Corinne Suter a orné son cou d’une médaille de bronze lors de la descente des Championnats du monde remportée par sa copine Jasmine Flury. Une récompense qui lui permet d’oublier les doutes et qui couronne l’abnégation de la skieuse schwytzoise qui parvient toujours à se transcender le jour J. A Méribel, Corinne Suter a remporté sa sixième médaille dans un rendez-vous majeur.
Corinne Suter, cette médaille de bronze possède un goût d’or.
Oui, pour moi c’est incroyable. Il s’est passé beaucoup de choses ces derniers temps. Et aujourd’hui, je voulais simplement bien skier. J’étais un peu nerveuse mais j’ai eu bon sentiment dès que j’ai franchi la ligne d’arrivée. C’est certainement l’une des médailles les plus spéciales pour moi. Après tous ces jours qui étaient tellement difficiles. Je ne savais pas si j’étais capable de skier vite. J’avais beaucoup de doutes.
Et vous partagez ce bonheur avec votre copine Jasmine Flury qui est devenue championne du monde.
Oui, je ne trouve pas les mots pour décrire cela. Elle mérite totalement son titre. On a une relation spéciale, on se connaît depuis si longtemps. C’est ma meilleure amie, elle me connaît pas coeur. Elle me prend comme je suis et inversement. On sait toutes les deux les courses moins bonnes qu’on a connues. Et désormais, on sait tout ce que cela nécessite pour monter sur un podium de Mondiaux. Cette journée restera gravée dans nos cœurs à tout jamais.
Comment avez-vous vécu ces derniers jours? Pensiez-vous encore être en mesure d’aller chercher une médaille?
J’ai toujours gardé cette idée derrière ma tête. Mais après mes entraînements, je n’en étais pas convaincue. Je ne savais pas comment faire pour y parvenir. Mais mon entraineur (ndlr: Roland Platzer) et mon serviceman m’ont aidée et ont cru en moi.
Dans quelle mesure cette confiance a-t-elle été importante pour vous?
Chaque personne a ses propres doutes et c’est alors dur de se retrouver seule. Si tu as deux ou trois personnes à tes côtés avec qui tu peux parler et qui peuvent t’aider, ça te rends plus forte.
Comment expliquez-vous que vous ayez rencontré des difficultés à récupérer de votre chute à Cortina?
J’ai été très chanceuse. Je ne me souviens pas du crash en entier car j’étais ailleurs dans ma tête. Ensuite, je ne savais pas si je pouvais aller aux Championnats du monde, qui arrivaient si vite… je ne savais pas si j’en étais capable. Tout le monde me parlait, et me disait de faire de mon mieux. Mais certains jours ça allaient, et d’autres je ne voulais pas sortir.
Quel est votre secret pour briller lors des grands événements?
C’est très difficile à dire. Je me fais confiance et j’essaie de donner mon maximum.
Johan Tachet/Laurent Morel, Méribel