Les larmes coulent sur les joues rougies par l’émotion de Corinne Suter. En ornant son cou de l’or olympique, la Schwytzoise a réalisé “le plus grand rêve” de sa vie. Au bas de la piste Rock, mais au sommet de l’Olympe, la skieuse “ne sait pas quoi dire” sur ses sentiments, prise par l’émotion.
Corinne Suter est une force de caractère qui parvient à se sublimer lors des grands rendez-vous. “Une bête de course”, comme la qualifie ses entraîneurs. Cinq médailles mondiales et olympiques, dont celles en or de Cortina d’Ampezzo et de Pékin, décorent désormais sa vitrine à trophées. “C’est toujours spécial de courir aux Mondiaux ou aux JO, je suis toujours plus nerveuse que d’habitude.” Pourtant elle parvient à chaque fois se transcender. “Depuis Åre (en 2019), Corinne a trouvé la clé”, explique la championne olympique de super-G Lara Gut-Behrami. “Elle a le bon mix entre agressivité et excellent feeling sur les skis. Elle a toujours été constante et elle travaille dur.”
Elle a visionné des vidéos de Lindsey Vonn avant la course
Pour aller chercher le titre de la discipline reine, la Suissesse n’a pas lésiné sur les détails. De son propre aveu, elle avait un plan pour skier vite. Pour se mettre en mode course et se motiver, elle a visionné des vidéos de son idole Lindsey Vonn avant la descente . “Je regarde parfois ces anciennes courses, comment elle skie, comment elle met de l’agressivité.”
Sur la piste de Yanqing, Corinne Suter a régalé. Fine techniquement, rapide dans les parties de glisse, elle a skié sur son petit nuage. “Je suis super contente de ma course même si à l’arrivée je ne savais pas si c’était bien ou non car j’avais eu l’impression parfois d’avoir du vent de face.” Mais la Schwytzoise avait des bombes aux pieds pour reprendre 34 centièmes à Sofia Goggia sur la partie finale plutôt plane pour un titre mérité.
Après la blessure, la gloire
Mais à l’image de sa compatriote schwytzoise Wendy Holdener, médaillée de bronze du slalom, rien n’a été facile pour Corinne Suter cet hiver. Fin septembre, elle se blesse aux deux tibias sur le glacier de Zermatt. Elle diffère alors son entrée en Coupe du monde pour les épreuves de vitesse de Lake Louise. “J’ai eu des nombreux doutes après ma blessure. Mon corps allait bien, mais mentalement c’était plus difficile. Vous réfléchissez alors beaucoup, vous pensez que cela peut se reproduire et lorsque vous n’êtes plus qu’à 90%, ce n’est plus la même chose.” Sa 2e place lors du super-G de Zauchensee agit comme un déclic. Dans l’enchaînement, Corinne Suter s’impose lors de la descente de Garmisch-Partenkirchen juste avant les Jeux. “Ce résultat m’a ramené de la confiance.”
En retrait sur le super-G vendredi où elle s’est classée seulement 13e, la Suissesse ne s’est pas affolée. “Je me suis simplement dit que j’allais skier comme d’habitude, d’être aussi rapide que possible.” Exercice réussi pour Corinne Suter qui devient la sixième skieuse helvétique dorée en descente, faisant de la Suisse, la nation la plus titrée dans la discipline.
Johan Tachet, Zhangjiakou