Vu que le ski alpin n’apporte toujours pas les résultats escomptés, on se tourne dans ce septième numéro de Servus Österreich vers les autres sports de neige. Et là, l’Autriche fait un tabac! On fait aussi le point des blessés et on rend hommage à une grande dame du ski.

Ça ne tourne peut-être pas rond en ski alpin, mais en snowboard, dans les airs et sur les lattes légères, les Autrichiens cumulent les victoires. Après la Tournée de la Saint-Sylvestre, remportée haut la main par une Eva Pinkelnig en superbe forme cette saison, c’est en combiné nordique que les athlètes en rouge-blanc-rouge se sont distingués le weekend dernier à Otepää (EST). Victoire de Johannes Lamparter dans le mass start et une sensationnelle 3e place pour Thomas Rettenegger, dont le meilleur résultat de Coupe du monde jusque là avait été une 22e place. Puis un 2-3 pour Lamparter et Franz-Josef Rehrl dans l’épreuve Gundersen, ainsi qu’une 3e place pour Lisa Hirner chez les dames et une 3e place en équipe. En tout, six podiums en quatre courses. “Un weekend parfait,” comme le décrit Johannes Lamparter.

Eva Pinkelnig qui n’a manqué le podium qu’une fois en 11 compétitions cette saison, a continué sur sa lancée au Japon où la Coupe du monde de saut à ski fait maintenant escale, avec deux 3e place à Sapporo. Une belle histoire pour cette athlète au grand sourire qui ne s’est mise au saut à ski qu’à l’âge de 24 ans et dont la carrière a déjà connu bien des hauts et des bas. Les hauts: de multiples podiums et deux médailles en équipe aux Championnats du monde. Les bas: deux graves chutes — en 2016, où elle subit une lésion cérébrale traumatique, et en décembre 2020, où elle perd plus d’un litre de sang suite à une rupture de la rate. Mais cette saison, la skieuse de 34 ans dont la bonne humeur est contagieuse s’envole littéralement des tremplins et mène dans le classement général avec une grande marge. “Je suis sur une vague en ce moment où je peux faire presque ce que je veux et ça fonctionne. J’en profite tout simplement!” lance-t-elle à Sapporo.

Triomphe également en snowboard. Devant leurs fans, les Autrichiens décrochent deux victoires et deux 2e place en slalom parallèle à Bad Gastein mardi et mercredi. Daniela Ulbing, médaillée d’argent à Pékin, gagne chez les dames et en équipe avec Andreas Prommegger. Alexander Payer finit 2e chez les hommes. Mais encore plus impressionante est la 2e place chez les dames de Claudia Riegler. À 49 ans et demi, la snowboardeuse a plus du double de l’âge de sa collègue Daniela Ulbing et participait déjà aux Championnats du monde quand cette dernière n’était pas encore née! Mais dans la finale mardi soir, il s’en est fallu de juste 0″25 pour qu’elle remporte une 5e victoire en Coupe du monde, la première remontant à… 1999. “Avec ce genre de résultat, je ne crois pas que je vais m’arrêter à la fin de la saison!” a-t-elle lancé à l’ORF après sa course. On est heureux de l’apprendre!

En vrac…

  • Un peu de plage? Face aux critiques qui assaillent l’équipe féminine autrichienne de ski alpin dû à leur manque de bons résultats, leur collègue Manuel Feller avait un conseil pour le moins différent: “Elles devraient partir en vacances. Juste se casser.” Un peu difficile en plein milieu de saison mais comme le notait le skieur à Servus TV: “Elles savent skier. Il leur manque juste un peu de relâchement.” Propos similaires de Marc Girardelli dans le quotidien Heute: les problèmes des dames n’ont rien à faire avec leur technique, et tout avec leur mental. La solution: “Oublier tout ça, avoir du plaisir, reprendre à zéro.” Pour l’ancien champion Hans Knauss, cela pourrait même les aider à vraiment attaquer aux Championnats du monde. “Elles n’ont plus rien à perdre.”
  • Sans limites: la Streif de Kitzbühel est considerée comme une des pistes les plus difficiles du monde. Cela n’impressionne pas Veronika Aigner plus que ça. La paraskieuse de 19 ans, double médaillée d’or aux Jeux Paralympiques de Pékin dans la catégorie déficients visuels, veut s’essayer à la mythique piste de descente la semaine prochaine avant que les messieurs ne s’élancent dans les courses de la Hahnenkamm, selon la presse autrichienne. Accompagnée comme toujours de sa soeur et guide Elisabeth, Veronika Aigner veut montrer que les gens avec un handicap n’ont pas à s’imposer des limites. Elle compte affronter la Streif mardi ou mercredi, si le temps le permet.
  • La liste des blessés s’allonge en ski alpin: La saison est terminée pour Christian Hirschbühl. Le skieur avait souffert une fracture complexe à la cheville droite à Wengen l’annee dernière et nécessite une nouvelle opération. “C’est décevant, mais je suis heureux qu’il y ait cette possibilite d’ôter les douleurs avec cette opération. Ce sera dur de revenir mais je suis confiant que je serai à nouveau sur les skis la saison prochaine,” a dit le skieur de 32 ans. Chez les dames, Ariane Rädler s’est déchirée un ligament au pouce gauche et s’est blessée au péroné suite à une chute à l’entraînement. Elle devra faire une pause de quatre à cinq semaines.
  • In memoriam: le Circuit blanc a encore perdu une ancienne championne. Waltraud “Traudl” Hecher, une des plus grandes skieuses autrichiennes des années 60, avec 50 victoires internationales à une époque où la Coupe du monde n’existait pas encore, est décédée mardi à l’âge de 79 ans, selon sa famille. À 16 ans, “Traudl” Hecher décroche une première médaille de bronze en descente aux Jeux Olympiques de Squaw Valley, devenant la plus jeune skieuse à faire un podium olympique. Elle remporte une deuxième médaille quatre ans plus tard à Innsbruck et compte parmi ses plus grandes victoires deux descentes de Kitzbühel: les dames ont alors aussi droit aux courses de la Hahnenkamm. Elle prend finalement sa retraite à 24 ans, mais le ski et le succès restent dans la famille: sa fille Elisabeth Goergl devient double championne du monde, ainsi que double médaillée olympique.

Sim Sim Wissgott, Vienne