Sensation d’Arnaud Boisset à Kitzbühel vendredi! La moitié du public était déjà partie se réfugier au chaud lorsque le Valaisan s’est élancé sur la Streif avec le dossard 53. Premiers frissons après les premiers intermédiaires, lors desquels il se montrait des plus rapides. Puis le drapeau jaune l’a stoppé net en milieu de parcours. Remonté en hélicoptère au départ, le skieur de 25 ans s’est à nouveau élancé… pour terminer à une incroyable 9e place, pour sa première descente sur la mythique piste autrichienne. Une histoire comme on en lit dans les contes de fée.
« Premier Kitzbühel et premier top 10 en carrière! C’est magnifique », a résumé le skieur après sa course. Nombreux auraient été ceux qui se seraient laissés déconcentrer par un tel épisode. Pas Arnaud Boisset. « C’était un gros challenge dans la tête, de garder le bon état d’esprit et ne pas perdre trop d’énergie. Mais on peut s’apitoyer sur son sort ou se dire qu’on a une nouvelle chance et profiter. »
Plus rapide qu’Odi sur le haut
Chose folle, à son deuxième passage, le Martignerain allumait du vert aux quatre premiers intermédiaires. Plus rapide que le lauréat du jour Cyprien Sarrazin. Plus rapide que Marco Odermatt, qui a fini 3e et sur qui il accuse uniquement 0″77 de retard. « Aux deux premiers intermédiaires, j’ai clairement senti que j’étais rapide. Par contre, ce n’était plus le cas au troisième, j’ai senti que ça collait sur ce plat à cause de la nouvelle neige. Mais c’était pareil pour tout le monde, je crois… »
Peu de skieurs seraient capables d’accrocher un top 10 sur la mythique Streif au premier essai. Encore moins d’entre eux arriveraient à réaliser pareille performance après un passage dans les airs. Pour revenir au départ, Arnaud Boisset a eu droit à « un petit tour en hélico intempestif », comme il l’a décrit. « En prenant le drapeau jaune, je ne peux pas repartir dernier. Donc l’hélico était assez pressé et j’ai pris quelques G quand il a fait un gros 360 au sommet du départ », a-t-il lancé avec un bon rire. « Mais c’était sympa. »
Fort mentalement
Le secret d’Arnaud Boisset, c’est certainement son calme et son sang-froid. « Je suis assez fort dans la tête parce que je ne suis pas le meilleur techniquement. Et du coup, dans ma carrière, j’ai souvent fait la différence dans la tête, pour performer au bon moment, les jours de course », a expliqué le skieur de 25 ans, qui a aussi eu une pensée pour son père, décédé il y a un an. « Je sais que j’en étonne beaucoup parce que d’autres auraient été surpassés par la frustration. Ce n’était pas mon cas. »
Affublé d’un nouveau casque doré – avec de la vraie poudre d’or! – pour l’occasion, Arnaud Boisset, d’ordinaire très discret, a laissé exploser sa joie dans l’aire d’arrivée à Kitzbühel. Mais il lui faudra encore un peu de temps pour réaliser ce qui lui est arrivé. À peine la ligne d’arrivée franchie, il a été emporté dans un tourbillon d’interviews avec les médias, la remise des prix avec son collègue Marco Odermatt et la photo avec l’équipe de Suisse.
« J’aime les pistes difficiles »
Troisième du classement général de la Coupe d’Europe l’hiver dernier, le Bas-Valaisan aligne les performances de choix depuis ses débuts en Coupe du monde à Val Gardena, en décembre. « Top 20 pour ma première, top 15 pour la première en Suisse (ndlr: à Wengen), top 10 ici pour ma première à Kitz. Que dire de mieux? Ça va très vite, je profite », se réjouit-il. Le skieur cherche encore à améliorer ses dossards en descente, mais ce résultat ne l’étonne guère. Gonflé? Non, réaliste. « Je prouve que je ne suis pas un athlète qui performe sur les pistes faciles, je les aime difficiles. »
Arnaud Boisset est la preuve qu’une course n’est jamais terminée tant que le dernier coureur n’est pas passé. Avec une deuxième descente sur la Streif samedi, il sait qu’il peut encore peaufiner certains détails. « La deuxième partie n’est pas encore tout à fait au point. J’ai encore un peu de potentiel. » La principale question sera plutôt la gestion de la fatigue après cette première journée chargée. « J’espère qu’il va me rester encore un peu d’énergie pour refaire une belle performance ». Cela ne sera pas nécessairement un nouveau top 10. « Si c’est un beau top 20, ça me va aussi. »
Sim Sim Wissgott, Kitzbühel