C’est fait! En balance avec Justin Murisier (lui aussi qualifié), Gilles Roulin et Stefan Rogentin, Alexis Monney s’est qualifié pour la descente des Championnats du monde. Le skieur de Châtel-Saint-Denis, qui a fêté ses 23 ans il y a un mois à peine, a réussi un petit exploit en signant le 3e temps du second entraînement au programme ce vendredi sur l’Éclipse de Courchevel. Seuls le vétéran italien Christof Innerhofer et le tout frais champion du monde de super-G James Crawford ont été plus rapides, respectivement de 0″34 et de 0″03 que le Fribourgeois. Certes, certains favoris à l’image de Marco Odermatt, Aleksander Aamodt Kilde et Vincent Kriechmayr avaient renoncé à prendre le départ pour se reposer, mais ce résultat reste extrêmement solide.
Dans la raquette d’arrivée, Alexis Monney a pu laisser exploser sa joie communicative avec un grand cri. “Lorsque j’ai vu que j’étais 3e, je me suis dit: ‘normalement c’est bon’, a-t-il rigolé. Après j’ai regardé qui étaient les deux autres, car ça aurait pu être cuit.” Il n’en sera rien. Gilles Roulin et Stefan Rogentin ont terminé plus loin et laissent donc la place au deux Romands, qui accompagneront Marco Odermatt et Niels Hintermann. C’est la première fois que deux “Welsches” seront au départ d’une descente mondiale depuis 2009 à Val d’Isère (Didier Cuche et Didier Défago).
“Prendre ma chance”
Excepté probablement deux espoirs finlandais et un Letton, Alexis Monney sera le plus jeune skieur au départ dimanche. “Je serai au départ comme les autres, relève-t-il J’ai ma chance, je vais la prendre en on verra ce que ça donne.” Car s’il a réalisé une belle manche sous le soleil savoyard ce vendredi, le Fribourgeois peut encore améliorer certains passages, notamment sur le haut du parcours. “Au début, je ne suis pas très bien parti, je suis mal sorti du portillon et j’ai un peu loupé la poussée, confirme l’intéressé. Mais depuis le premier saut et jusqu’en bas, j’ai bien skié, j’ai réussi à suivre le plan que j’avais imaginé à la reconnaissance.”
Il faut dire que le prodige semble imperméable à la pression: “J’ai bien dormi et je me suis réveillé de bonne humeur aujourd’hui. J’étais simplement un peu tendu au départ, ce qui est normal, mais autrement, j’ai assez bien vécu cette journée.” Et alors qu’il ambitionnait surtout de disputer ses premiers Mondiaux en 2025, Alexis Monney sera bien au départ dès cette édition. “Je veux en profiter, sourit-il. Le but sera de prendre du plaisir, de skier comme je sais le faire.” Cette qualification, c’est du bonus pour lui et jamais il n’aura pu imaginer un tel scénario il y a quelques mois. “Je pense que j’aurais rigolé au nez de celui qui m’avais dit ça”, a d’ailleurs répondu celui qui compte 16 départs en Coupe du monde, dont 12 cette saison. “Cet hiver, je cherchais surtout à découvrir un maximum de pistes pour acquérir de l’expérience mais là, c’est une occasion supplémentaire de briller pour moi.
Il s’agira donc de reproduire, voire d’améliorer sa performance de ce vendredi en vue du grand jour dimanche. De quoi nourrir de nouvelles ambitions? “Aujourd’hui, il y a beaucoup de favoris qui ne sont pas au départ, relativise-t-il. Mais le ski est là, donc on va voir ce que ça donne. Il faut que je me repose bien, que je garde la forme.” L’athlète de la Veveyse devrait tout de même prendre part au 3e et ultime entraînement samedi à Courchevel. “Mais je vais être un peu plus tranquille, choisir quels passages aller à fond”, tempère-t-il.
Les louanges de Justin Murisier
Car Alexis Monney poursuit son apprentissage, aux côtés notamment de Justin Murisier, lui aussi brillamment qualifié. “On est arrivés en retard à la reconnaissance, rigole le skieur de Châtel-Saint-Denis. Mais on est monté sur le télésiège ensemble et on a discuté pour être sûr que chacun était au clair.” Le Valaisan confirme. “Avec Alexis, on s’entend vraiment bien, confirme-t-il. Nous qualifier tous les deux était le scénario idéal.” Le Bagnard de 31 ans est assez dithyrambique avec son compatriote. “Il est tout jeune, il a vraiment envie d’apprendre, décrypte-t-il. Tu vois qu’il a la tranquillité du descendeur. Et ça, c’est fantastique, même moi je peux un peu apprendre de lui. Le voir 3e lors de cet entraînement, c’est déjà impressionnant. Je lui ai déjà dit qu’il devait rester tranquille car il sera sous peu tout devant.”
Champion du monde juniors à Narvik en 2020, Alexis Monney franchit les paliers à vitesse grand V. “C’est sûr que cette médaille d’or me donne un coup de pouce, avoue-t-il encore. Mentalement, pour le futur, je me dis que si j’ai réussi à le faire une fois, pourquoi pas le réussir à nouveau.” Cela ne devrait pas être pour dimanche, mais avec lui, il ne faut plus jurer de rien.
Laurent Morel/JT, Courchevel