Le poing serré, Justin Murisier vient de terminer 8e du second entraînement de la descente des Championnats du monde de Courchevel. Engagé dans une qualification interne pour les deux places suisses restantes en jeu, le skieur bagnard a pris le meilleur sur Gilles Roulin et Stefan Rogentin. Un sentiment de soulagement et de revanche anime le Valaisan après la déception de sa non-sélection pour le super-G jeudi. Dimanche, sur une piste de l’Éclipse qu’il apprécie, Justin Murisier n’aura rien à perdre.
Justin Murisier, vous avez réalisé un magnifique entraînement et accroché la qualification pour la descente de dimanche. Vous avez dû aller la chercher celle-ci.
Totalement. Je suis plus tendu quand il y a des qualifications internes, car tu dois te battre contre des athlètes de ton équipe et pas uniquement contre toi, contre le chrono. Je n’aime pas cette pression. Je me sens un peu mal pour les autres gars de l’équipe parce que j’étais dans la même position qu’eux pour le super-G. Mais maintenant je l’ai fait, c’est bien.
Qu’est-ce que cela représente d’avoir l’opportunité de participer à la descente des Championnats du monde?
C’est au-dessus des attentes que j’avais au début de l’hiver. Mon objectif était de finir dans les 25 meilleurs descendeurs de la saison pour disputer les finales. A l’époque, je ne pensais pas que Beat (Feuz) allait arrêter et j’imaginais que Mauro (Caviezel) allait revenir. Je me suis dit que c’était irréaliste de disputer une descente aux Mondiaux. Et voilà, j’y suis…
Quand vous voyez que vous êtes 8e à la fin de votre manche d’entraînement, quel est votre sentiment?
Je me suis dit “Yes”, parce que je pensais que cela devait suffire pour être parmi les deux Suisses les plus rapides. Puis, je vois qu’Alexis (Monney) est 3e et là je me dis que peut-être un seul de nous deux passerait le cut. Ensuite, je remarque que Niels (Hintermann) lève les bras en l’air et là je me suis dit que c’était bon. Il m’a donné pas mal de conseils, il m’a encore appelé avant ma manche pour me donner son ressenti et me dire où il y avait des difficultés. Ça m’a aidé.
On imagine que la pression retombe après les derniers jours qui n’ont pas été simples à gérer avec votre non-sélection en super-G?
Oui, c’est vrai, Dans ma tête, je me disais que cela pouvait être mon dernier jour aux Mondiaux. Il fallait être conscient que les autres ce ne sont pas non plus des pinces sur les skis, et ils peuvent aussi être tout devant. C’est un sentiment spécial et je suis content de rallonger mon séjour de deux jours et de démontrer quelque chose lors de la descente.
On sait que vous ne prenez pas le départ de la descente pour être 15e. Quels seront vos attentes dimanche?
J’ai toujours un peu cette frustration de ne pas avoir pu prendre part au super-G, mais il faut que j’essaie de mettre cela de côté. Je ne peux pas y aller avec la rage, car en descente, il faut être calme pour skier avec des appuis légers et longs, et ne pas essayer d’en vouloir trop. Aujourd’hui, c’était un mix des deux. En haut, j’avais un peu trop d’envie et sur le bas c’était mieux. Si je trouve la solution pour le haut, je peux être dangereux car il y a de la marge. Je vais essayer d’améliorer cette partie samedi sur le troisième entraînement. Je vais me focaliser sur cette partie haute, et on verra ensuite si je skis ou non le bas, car il faudra aussi garder les jambes pour ne pas arriver griller à la course. Si je m’améliore d’ici à dimanche, il y a quelque chose de sympa à aller chercher.
Pour la première fois depuis 2009 à Val d’Isère (ndlr: Didier Cuche et Didier Défago étaient engagés), il y aura deux skieurs romands sur une descente mondiale. Cela doit être un plaisir de partager cet honneur avec Alexis Monney?
Vraiment. Je suis un peu méchant pour mes deux collègues suisses-allemands, mais avec Alexis, on s’entend vraiment bien. Nous qualifier tous les deux était le scénario idéal. Il est tout jeune, il a vraiment envie d’apprendre. Tu vois qu’il a la tranquillité du descendeur. Et cela c’est fantastique, même moi je peux un peu apprendre de lui. Le voir troisième sur cet entraînement, c’est déjà impressionnant. Je lui ai déjà dit qu’il devait rester tranquille car il sera sous peu tout devant.
Cette descente sera votre dernière course à ces Championnats du monde, puisque vous ne serez pas aligné en géant. Nous pouvons désormais certifier que vous êtes devenu un vrai spécialiste de vitesse?
Cette année ça s’est un peu gâté en géant, c’est vrai. J’ai eu un début de saison un peu difficile, même s’il reste encore quatre géants, il y a encore moyen de montrer quelque chose. À Alta Badia, je fais quand même deux ou trois manches où je réalise les meilleurs temps du mur et le 2e temps sur le plat… Il faut que j’arrive à mettre en place une manche du début à la fin. Si ça marche en vitesse et que je dois me battre en géant, je vais peut-être gentiment calmer le géant pour me concentrer davantage sur la descente et le super-G afin d’arriver aux courses avec plus d’énergie. Car avec ce programme-là, skier dans trois disciplines, c’est un truc de fou. Mais pour l’instant, on n’en est pas là. Je vais déjà bien finir cette saison et on décidera durant l’été pour ce qui est de l’avenir.
Johan Tachet/LMO, Courchevel