Le Norvégien a fait le point sur sa rééducation, la difficulté de se fixer des objectifs simples et ses chances de revenir en Coupe du monde dès la saison prochaine. Entretien.

Sous un soleil éclatant et dans une atmosphere de fête, entouré de ses collègues, Aleksander Aamodt Kilde était visiblement heureux d’être de retour sur le Cirque blanc lors des finales de Saalbach. Le Norvégien, gravement blessé lors de la descente de Wengen en janvier, est apparu sans béquilles, quoique bougeant encore prudemment, lors de la descente féminine pour soutenir sa compatriote Ragnhild Mowinckel, qui disputait sa dernière course.

Aux côtés de sa compagne Mikaela Shiffrin, exceptionnellement présente aussi en tant que « touriste » seulement, le skieur de 31 ans a profité de la course dans la zone reservée aux athlètes au bas de la piste, le sourire aux lèvres et l’air détendu, échangeant des plaisanteries avec chacun. Un heureux retour sur le circuit, même si son retour en compétition est encore incertain.

De grands pas en avant

Il y a quelques semaines, le champion était encore en chaise roulante, une période qu’il a décrit sur ses réseaux sociaux comme une des plus dures de sa vie. Le travail de rééducation va bien toutefois depuis qu’il est de nouveau sur pied, a-t-il noté à Saalbach. « Ça progresse dans la bonne direction. Cela va être un long processus, mais j’ai fait de grands pas en avant ces dernières semaines et depuis que je ne suis plus en chaise roulante, j’arrive à bouger un peu mieux. C’est excitant et positif. Je dois juste continuer à me battre. »

Le double vice-champion du monde s’est méchamment entaillé le molet droit et disloqué l’épaule gauche après avoir été catapulté dans les filets à Wengen. Alors qu’il s’en est tiré sans fractures, la blessure à la jambe a endommagé les nerfs, compliquant sa réhabilitation, même si son médecin a prédit un rétablissement complet. Deux mois et demi après sa violente chute, « le nerf envoie de nouveau des signaux mais les orteils sont sans vie quand je lève mon pied », a expliqué le Norvégien pour illustrer le travail qui l’attend encore.

Courir en forêt

Le plus difficile pour un athlète habitué à aller décrocher la lune est de devoir soudain viser moins haut. « Je me fixe des objectifs, mais ce ne sont pas des objectifs normaux pour un athlète. Comme aller courir dans la forêt », a-t-il noté en riant. Pour le moment, la course à pied n’est pas au programme. « J’en suis encore très loin, je ne crois pas que ma cheville apprécierait si je faisais ça. Donc en fait, courir tout court, c’est ça l’objectif! » Tout est à prendre un jour à la fois, un pas à la fois, a-t-il encore insisté. « Avoir une vie normale » est déjà un énorme pas en avant.

Objectif: comeback

Un retour en Coupe du monde la saison prochaine est donc loin d’être garanti. « Je l’espère, c’est mon objectif principal. Mais de là à savoir si c’est réaliste, c’est une autre question. » En attendant, suivre les courses de loin l’a aidé à se rappeler de ses priorités. « Je les ai regardées à la télévision. J’ai toujours une passion pour ce sport, et je crois que ça m’aide de regarder des courses, de voir du bon ski et de m’imaginer en train de les battre », rigole-t-il.

Une des raisons aussi pour venir à Saalbach: pour s’imprégner une fois encore de l’atmosphère d’un jour de course, surtout que le vainqueur de Kitzbüehel est basé pas très loin de là à Innsbruck, où il travaille sur sa rééducation. « Mes collègues me manquent, le circuit me manque », a-t-il admis. Lui aussi manque au Cirque blanc.

Sim Sim Wissgott, de retour de Saalbach-Hinterglemm